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La police en état d’alerte avant la Gay Pride de Jérusalem menacée par les homophobes

Lehava appelle à une contre-manifestation contre la "Parade de l'abomination" ; 2 000 policiers, dont certains en civils, sont prévus ; 3 personnes ont été arrêtées en amont

Sécurité renforcée lors de la Gay Pride, à Jérusalem, le 3 juin 2021. (Crédit: Noam Revkin Fenton/Flash90)
Sécurité renforcée lors de la Gay Pride, à Jérusalem, le 3 juin 2021. (Crédit: Noam Revkin Fenton/Flash90)

La police israélienne était en état d’alerte ce jeudi à l’approche de la Gay Pride de Jérusalem prévue dans l’après-midi, en raison des menaces de violence proférées par un groupe d’extrême-droite, dont les membres ont publié des messages menaçants à l’encontre des manifestants pro-LGBTQ dans la capitale.

La Gay Pride doit commencer à 15h, et le défilé partira à 17h. La contre-manifestation aura lieu à 15h30. De nombreuses routes principales de Jérusalem seront fermées à la circulation aux véhicules et aux piétons, a déclaré la police, qui s’est engagée à empêcher toute forme de violence, de troubles publics ou d’infractions contre le défilé.

Le défilé marque le début d’une série d’événements nationaux marquant le mois de la fierté LGBTQ.

Quelque 2 000 policiers – dont certains en civil – devraient être déployés le long de l’itinéraire du défilé et autour de celui-ci, a indiqué la police dans un communiqué lundi. Certains agents devaient être déployés dans les rues adjacentes pour sécuriser la marche et ses environs, où des manifestants anti-LGBTQ de l’organisation extrémiste Lehava devaient organiser une contre-manifestation.

La police a annoncé jeudi matin qu’elle avait déjà arrêté trois personnes pour avoir menacé le défilé. Deux hommes, l’un âgé d’une quarantaine d’années et l’autre d’une soixantaine d’années, ont été arrêtés jeudi en raison de menaces, et un résident de Ramle a été arrêté mercredi pour des propos menaçants similaires.

L’organisation est dirigée par un activiste d’extrême-droite, Bentzi Gopstein, et un très proche allié politique du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir. Gopstein a déjà été candidat sur la liste électorale du parti Otzma Yehudit que Ben Gvir dirige. Lehava a reçu l’autorisation de la police d’organiser la contre-manifestation à Bloomfield Garden, près de l’endroit où se tiendra la Gay Pride au même moment.

Le président de Lehava, Benzi Gopstein, deuxième à partir de la droite, Itamar Ben Gvir, au centre, et d’autres activistes d’extrême-droite protestant contre la Gay Pride de Jérusalem, à Jérusalem, le 21 juillet 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Des menaces contre la communauté LGBTQ ont été publiées dans un groupe Telegram appelé « Les Juifs ne restent pas silencieux », appartenant à Lehava, au cours des derniers jours, selon les informations du groupe de veille des réseaux sociaux FakeReporter rapportées plus tôt cette semaine par la Douzième chaîne.

Un membre du groupe a affiché une banderole pour une contre-manifestation contre le défilé, en ajoutant : « Jeudi meurtrier à Jérusalem ».

D’autres messages disaient : « Que tous les marcheurs meurent sous les tirs des mitrailleuses », « Je ne comprends pas pourquoi on ne brûle pas tous les goyim [non-Juifs] qui viennent souiller la terre », et « Peut-être que la bombe iranienne rétablira l’ordre ici ».

Mercredi, le groupe de veille a déclaré que l’incitation s’était poursuivie au cours de la semaine en raison de l’inaction présumée de la police, d’autres membres ayant publié des messages tels que : « Si quelqu’un qui se définit comme gay s’approche, il ressentira une douleur qu’il n’a jamais connue » et « Cette situation se détériorera jusqu’à ce que nous y mettions un terme ».

Les affiches en faveur de la contre-manifestation font référence à la Gay Pride comme étant la « Parade de l’abomination ».

Mercredi soir, la chaîne publique israélienne Kan a cité un haut fonctionnaire de police anonyme qui s’est dit « préoccupé » par ce qu’il a qualifié d’augmentation des remarques en ligne contre la communauté LGBTQ.

Des milliers de personnes participant à la Gay Pride de Jérusalem, le 3 juin 2021. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Mercredi soir, les médias israéliens ont rapporté que certains habitants de Jérusalem avaient reçu sur leur téléphone des SMS semblant avoir été envoyés par un numéro affilié à la municipalité de Jérusalem, les exhortant à protester contre la Gay Pride.

« Jérusalem n’est pas Sodome. Religieux, laïcs, ultra-orthodoxes, tout le monde viendra demain pour protester contre la ‘Parade de l’abomination’ à 15h45 près du Begin Center », peut-on lire dans ces messages, qui précisent également que la contre-manifestation a été approuvée par la police.

La municipalité de Jérusalem a déclaré dans un communiqué que les SMS n’avaient pas été envoyés en son nom et a promis de « lancer un appel officiel au ministère des Communications et au fournisseur de services pour qu’ils enquêtent et éradiquent ce phénomène de désinformation ».

La police a déclaré mercredi qu’elle avait achevé les préparatifs de sécurité pour le défilé et a averti que « toute personne tentant de perturber le déroulement de la Gay Pride sera traitée avec la plus grande sévérité ».

Des personnes, défilant lors de la Gay Pride 2021, devant une photo de Shira Banki, assassinée par un extrémiste ultra-orthodoxe lors du défilé en 2015, à Jérusalem, le 3 juin 2021 . (Crédit: Olivier Fitoussi/Flash90)

Contrairement à son homologue de Tel Aviv, la Gay Pride de Jérusalem fait l’objet de mesures de sécurité et de restrictions importantes, depuis qu’un extrémiste ultra-orthodoxe, Yishaï Schlissel, a poignardé à mort une adolescente de 16 ans, Shira Banki, ors de la Gay Pride de 2015. Schlissel a perpétré l’attaque à l’arme blanche de 2015 quelques semaines seulement après avoir été libéré de la prison où il avait purgé une peine de dix ans pour avoir poignardé et blessé des marcheurs lors de la Gay Pride de 2005. Il purge actuellement une peine de prison à perpétuité.

Ben Gvir avait représenté son frère, Michael, après que ce dernier a été arrêté parce qu’il était soupçonné d’avoir planifié un attentat en 2016.

Jusqu’en 2019, Ben Gvir a participé à des contre-manifestations contre la Gay Pride de Jérusalem.

Le principal organisateur de l’événement, l’Open House for Pride and Tolerance de Jérusalem, a signalé de nombreuses menaces à la police au cours des dernières semaines.

Selon l’Open House, l’une des menaces qu’elle a reçues était libellée comme suit : « J’espère que Yishaï Schlissel sera là pour finir le travail qu’il a commencé… Comment pouvez-vous célébrer cette maladie mentale ? ».

Des menaces similaires avaient été proférées avant le défilé de l’année dernière, et un suspect avait été arrêté avant l’événement. Une dizaine de personnes ont été arrêtées au cours de la journée, soupçonnées de vouloir attaquer les manifestants.

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, au centre, et le chef de la police de Tel Aviv, Amichaï Eshed, lors des funérailles du chef spirituel haredi le rabbin Gershon Edelstein, à Bnei Brak, le 30 mai 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

En début de semaine, l’Open House de Jérusalem a demandé au Premier ministre Benjamin Netanyahu d’écarter Ben Gvir de l’organisation de l’événement, craignant que le député d’extrême-droite qui supervise la police n’interfère « de manière inappropriée » dans la marche.

« Le ministre a participé aux ‘Beast Parades‘ [homophobes], a demandé à plusieurs reprises aux tribunaux d’annuler le défilé, s’est fermement prononcé contre celui-ci et a représenté le membre de la famille du meurtrier Yishaï Schlissel », peut-on lire dans la lettre adressée à Netanyahu.

Ils ont demandé au Premier ministre d’empêcher Ben Gvir de se rendre au centre de commandement de la police pendant le défilé et de superviser personnellement l’événement.

Le ministre d’extrême-droite aurait rejeté la demande, déclarant qu’il procéderait à des évaluations de la situation avant le défilé et qu’il serait présent au centre de commandement de la police lors de l’événement.

« Même si je ne suis pas enthousiaste quant à l’existence du défilé, je ne veux pas qu’un seul cheveu de la tête des marcheurs soit touché, et je ferai tout pour garantir une totale sécurité », aurait assuré Ben Gvir à des associés, selon les Douzième et Treizième chaînes.

Michael Bachner a contribué à cet article.

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