Israël en guerre - Jour 63

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La refonte judiciaire cause « d’énormes dégâts » – JISS

Un groupe de réflexion conservateur israélien estime que les politiciens doivent "revenir à la raison", alors que l'Iran renforce son influence dans la région

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Des soldats de réserve israéliens et des activistes protestant contre la réforme du système judiciaire prévue par le gouvernement, à Bnei Brak, le 16 mars 2023. (Crédit : Flash90)
Des soldats de réserve israéliens et des activistes protestant contre la réforme du système judiciaire prévue par le gouvernement, à Bnei Brak, le 16 mars 2023. (Crédit : Flash90)

Un groupe de réflexion israélien axé sur la sécurité, considéré comme conservateur, a émis une rare mise en garde dimanche à propos de la controverse entourant les projets de réforme du système judiciaire du gouvernement.

Dans un document de synthèse intitulé « Israël doit se préparer à la guerre – et les politiciens doivent revenir à la raison », le Jerusalem Institute for Strategy and Security (JISS) a déclaré que le projet de réforme avait « causé d’énormes dommages à l’État d’Israël ».

« La lutte contre la réforme du système judiciaire a causé d’énormes dommages à l’État d’Israël. Sur le plan politique, l’image du soutien américain a été sapée (même si, dans la pratique, la coopération en matière de défense se poursuit comme d’habitude) », a déclaré le JISS.

« Sur le plan économique, la cote de crédit du pays a baissé. Le discours public en Israël a atteint de nouveaux sommets d’agressivité et d’aliénation. Et surtout, la cohésion nationale s’est fissurée, principalement en raison de l’utilisation de Tsahal comme outil dans le débat politique. »

« Israël est perçu de l’extérieur comme une société déchirée, qui perd progressivement sa capacité à fonctionner. Les pays amis, parmi lesquels ceux qui ont signé les Accords d’Abraham et soutenu de tout leur poids la présence stratégique d’Israël dans la région, observent avec étonnement un conflit interne qui indique que l’État d’Israël a des problèmes intérieurs susceptibles de démanteler sa capacité militaire », a déclaré l’institut.

Le JISS a déclaré que « l’environnement stratégique d’Israël devient plus problématique et plus dangereux qu’il ne l’a été pendant des dizaines d’années », au vu des « changements de l’équilibre régional et mondial ».

« L’Iran fait preuve d’une plus grande confiance en soi – en raison de la répression efficace des troubles internes et de la connexion stratégique avec la Russie et la Chine – qui se traduit par des accords avec les pays arabes, principalement l’Arabie saoudite. La Syrie, alliée de l’Iran, est de nouveau acceptée par le monde arabe. En outre, Téhéran – qui progresse vers l’accumulation de matières fissiles pour des armes nucléaires – comprend que les États-Unis sont occupés ailleurs (Ukraine et Chine) et qu’ils réduisent leur implication au Moyen-Orient », poursuit le document de synthèse.

« Cette réalité accroît également la liberté d’action de l’Iran et de ses mandataires pour intensifier la confrontation militaire avec Israël. »

« Ces changements créent une réalité différente en matière de sécurité. Nous avons déjà fait l’expérience d’un conflit armé sur plusieurs fronts ces derniers jours, certes à petite échelle », a déclaré le JISS, faisant référence aux récents tirs de roquettes sur Israël en provenance de la Bande de Gaza, du Liban et de la Syrie en l’espace de quelques jours.

Le cratère d’une roquette interceptée, tirée depuis le Liban, qui a atterri sur la ville de Shlomi, dans le nord d’Israël, le 6 avril 2023. (Crédit : AP Photo/Ariel Schalit)

« Les risques de détérioration vers un conflit plus large sont plus importants aujourd’hui qu’auparavant. Israël doit donc se préparer à l’éventualité tangible d’une guerre. Compte tenu des progrès réalisés par l’Iran pour se doter d’un arsenal nucléaire, il est également possible que nous arrivions bientôt à un point où il sera impossible d’éviter d’attaquer l’Iran, même sans l’aide des États-Unis. Un tel événement pourrait se transformer en une guerre sur plusieurs fronts », a déclaré l’institut.

« Il incombe aux dirigeants israéliens des deux bords politiques de mettre de côté leurs différences ou de parvenir rapidement à un compromis qui permettra au pays de se concentrer sur les défis sécuritaires existentiels qui l’attendent », poursuit l’institut.

« L’État d’Israël doit adopter un nouveau paradigme qui donne la priorité aux besoins de sécurité sur les autres besoins légitimes. Tsahal et tous les éléments de l’establishment sécuritaire doivent être retirés du discours politique, et les élus doivent s’assurer qu’ils disposent des ressources nécessaires pour se préparer à une guerre qui pourrait être inévitable », a ajouté le JISS.

« Le proverbe latin Si vis pacem, para bellum (Si tu veux la paix, prépare la guerre) est tout à fait approprié en ce moment », conclut le document.

Le JISS a été fondé en 2017 (initialement sous le nom du Jerusalem Institute for Strategic Studies) et se compose principalement d’universitaires et d’anciens fonctionnaires qui appartenaient à un autre groupe de réflexion de droite – le Centre Begin-Sadat pour les études stratégiques (BESA) de l’université Bar Ilan.

Des dizaines de milliers d’Israéliens manifestant contre les projets du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à réformer le système judiciaire, à Tel Aviv, en Israël, le 15 avril 2023. (Crédit : AP Photo/Oded Balilty)

La coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu, composée de partis de droite, d’extrême-droite et ultra-orthodoxes, a récemment suspendu le processus législatif visant à affaiblir la capacité de la Cour à contrôler le Parlement et à donner au gouvernement le contrôle de la nomination des juges, en raison des manifestations de masse et notamment des avertissements des responsables de la Défense concernant les risques potentiels pour les compétences de Tsahal.

Des pourparlers sont actuellement en cours entre la coalition et l’opposition, afin de parvenir à un compromis sur la réforme judiciaire.

De nombreux réservistes de Tsahal, qui jouent un rôle essentiel dans les activités courantes de l’armée, y compris dans les unités d’élites, ont prévenu qu’ils ne seraient pas en mesure de servir dans un Israël non démocratique, ce que le pays deviendrait, selon eux, dans le cadre des projets de réforme judiciaire du gouvernement.

Des soldats ont exprimé leur inquiétude quant au fait qu’un manque de confiance internationale dans l’indépendance du système judiciaire israélien pourrait les exposer à des poursuites devant des tribunaux internationaux pour des actions qu’ils ont reçu l’ordre d’exécuter pendant leur service.

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