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La réponse américaine à l’antisémitisme est réactive mais non coordonnée – rapport

Un ancien haut-responsable de l'administration Obama appelle Biden à coordonner une approche impliquant tout le gouvernement avant la confirmation de Deborah Lipstadt

Le vice-président Joe Biden s'exprime pendant une cérémonie marquant le lancement de la fête de Hanoukka, près de la Maison Blanche, le 16 décembre 2014. (Crédit :  AP Photo/Cliff Owen)
Le vice-président Joe Biden s'exprime pendant une cérémonie marquant le lancement de la fête de Hanoukka, près de la Maison Blanche, le 16 décembre 2014. (Crédit : AP Photo/Cliff Owen)

Les efforts livrés par les États-Unis dans la lutte contre l’antisémitisme sont entravés par le manque de coordination politique – et cela concerne de nombreuses agences du gouvernement, selon un rapport rendu public mardi.

« Les États-Unis n’ont pas d’approche unifiée, réunissant tout le gouvernement, dans le combat contre l’antisémitisme mais ils disposent plutôt de tout un assemblage de réponses – des politiques et des cadres législatifs qui se focalisent très largement sur la réponse à apporter à la violence et au vandalisme, à la lutte contre le harcèlement, à la lutte contre l’antisémitisme dans le monde », déclare Scott Lasensky, auteur du rapport réalisé par l’Institut d’études de sécurité nationale (INSS) qui est intitulé : « Washington et la nouvelle bataille contre l’antisémitisme : l’exécutif, le congrès et le rôle des autorités nationales ».

Diffusé dans le cadre d’une série de rapports établis par l’INSS consacrés à l’antisémitisme qui sévit aux États-Unis, le document a été rendu public quelques heures avant l’audience de confirmation de Deborah Lipstadt au poste d’envoyée spéciale du département d’État pour la lutte contre l’antisémitisme, une audience qui a été organisée par la Commission des relations étrangères au sénat.

La réponse apportée par les autorités fédérales américaines « reste réactive dans la grande majorité des cas », écrit Lasensky, ex-haut-conseiller politique de l’administration Obama sur les questions d’Israël, du Moyen-Orient et des affaires juives.

Même si le maintien de l’ordre est décentralisé dans le pays, note le rapport, « une politique nationale cohérente est déterminante pour former le discours public, pour collecter des renseignements et émettre des mises en garde anticipées, pour sécuriser les financements et établir des pratiques meilleures en matière de sécurité, en matière de contrôle et de signalement. »

L’historienne et auteure américaine Deborah Lipstadt pose pour un photographe au festival du film de Rome, le 17 octobre 2016. (Crédit : Gregorio Borgia/AP)

Le président peut tenir un rôle excessivement important, dit-il, en particulier en s’adressant à la nation et en coordonnant les initiatives à travers toutes les agences du gouvernement.

Ce rapport, préparé par un ancien responsable de l’administration d’Obama, critique les actions prises par l’administration Trump sur la question de l’antisémitisme. Si l’ex-président avait signé des ordonnances s’attaquant à la haine anti-juive sur le territoire, il est considéré dans le document comme l’un des « pourvoyeurs » majeurs « d’idées nocives » qui auront alimenté l’antisémitisme.

Lasensky affirme également que Trump et les républicains ont préféré se concentrer sur l’antisémitisme global plutôt que sur la haine anti-juive de droite ou sur l’antisémitisme, par exemple, qui s’est développé sur les campus des universités du pays. L’administration a également tenté de créer une équivalence entre anti-sionisme, BDS et antisémitisme – un point de vue partagé par de nombreux Juifs et Israéliens.

Dans ce cadre, la plus grande réalisation de Trump aura été la signature, en 2019, d’une « ordonnance exécutive dans la lutte contre l’antisémitisme » qui a eu pour objectif de combattre la haine anti-juive sur les campus des universités, ce qui a donné aux autorités fédérales la capacité de se battre contre « des formes interdites de discrimination, qui plongent leur racines dans l’antisémitisme aussi vigoureusement que toutes les autres formes de discrimination » dans toutes les institutions fédérales.

De leur côté, les démocrates doivent eux aussi faire face à leur propre caucus – la Brigade, un groupe virulent formé de six membres progressistes de la formation qui siègent à la chambre des représentants et dont les critiques d’Israël ont débordé sur la haine anti-juive, note le rapport.

Le président Donald Trump montre le décret exécutif qu’il a signé pour combattre l’antisémitisme aux États-Unis lors d’une réception de Hanoukka dans la salle Est de la Maison Blanche, le 11 décembre 2019, à Washington. (Crédit : AP Photo/Manuel Balce Ceneta)

Le président américain Joe Biden est arrivé à la Maison Blanche en soutenant « une approche exhaustive dans la lutte contre l’antisémitisme, qui prenne au sérieux à la fois les violences qui l’accompagnent et les mensonges haineux et dangereux qui lui sont sous-jacents », écrit l’auteur.

Le rapport note une opportunité offerte à Biden d’adopter un positionnement pro-actif sur l’antisémitisme. Il appelle à la mise en place d’un mécanisme inter-agences, placé sous l’autorité de la Maison Blanche, qui sera chargé de coordonner les instances nationales. Il encourage aussi Biden à mettre en œuvre son intention déclarée en 2021 de s’exprimer à l’occasion d’une allocution politique détaillée devant un groupe de législateurs bipartisan – un discours qui pourrait être prononcé dans le cadre de celui consacré à l’État de l’union.

Une femme se recueille devant un mémorial de fortune à l’extérieur de la synagogue Tree of Life à Pittsburgh, en hommage aux 11 personnes tuées lors des offices religieux, le 31 octobre 2018. (Gene J. Puskar/ AP)

Lasensky prône également une amélioration de la coordination en termes de renseignement entre le département de l’Intérieur, les polices locales et les organisations communautaires juives.

Il souligne aussi un manque de directives fédérales dans l’enseignement de la Shoah et de l’antisémitisme.

Le Congrès peut aussi faire beaucoup, selon le rapport. Des groupes de travail bipartisans peuvent être élargis, tout comme les audiences publiques et les législations. En même temps, les membres se doivent d’éviter des manœuvres procédurales dont l’objectif serait de donner l’impression que l’autre parti ne semble guère s’inquiéter de l’antisémitisme.

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