La trêve entre Israël et le Hezbollah sera différente, cette fois-ci, affirment les États-Unis
Biden et ses collaborateurs ont souligné le renforcement du mécanisme d'application de l'accord, avec une capacité de réaction immédiate aux éventuelles violations, contrairement à ce qui s'était passé après la guerre de 2006 ; ils ont aussi évoqué la normalisation avec l'Arabie saoudite
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le président américain Joe Biden a annoncé mardi que son administration était parvenue à négocier un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. Un accord dont l’objectif est de clore le deuxième front que le groupe terroriste soutenu par l’Iran avait ouvert contre Israël, quelques heures seulement après le pogrom commis par le Hamas dans le sud de l’État juif, le 7 octobre 2023.
« J’applaudis la décision courageuse qui a été prise par les dirigeants du Liban et d’Israël, cette décision de mettre fin à la violence. Cela nous rappelle que la paix est possible », a dit Biden dans un discours rempli d’espoir qu’il a prononcé depuis la roseraie de la Maison Blanche – il y annonçait que l’accord entrerait en vigueur à 4 heures (heure locale) dans la nuit de mardi à mercredi.
L’annonce de la nouvelle, de la part de Biden, a fortement contrasté avec celle du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui s’est efforcé de faire face aux critiques proférées par une grande partie de sa base politique qui se dit mécontente d’un accord qui semble laisser le Hezbollah en mesure de se maintenir après les coups répétés qui ont été portés par Tsahal – des coups qui se sont considérablement intensifiés au cours des deux derniers mois.
« Si le Hezbollah viole l’accord et tente de se réarmer, nous attaquerons », a ainsi déclaré Netanyahu, le ton sévère.
L’accord a été approuvé par une grande majorité des membres du cabinet de sécurité. Le Premier ministre a fait savoir qu’il permettra à Israël de se concentrer davantage sur la menace posée par le nucléaire iranien, qu’il autorisera Tsahal à revitaliser ses forces et qu’il isolera le Hamas. Un isolement qui – c’est en tout cas ce qu’espère Jérusalem – renforcera les chances de conclure un accord qui ouvrira la porte à la remise en liberté des otages encore détenus dans la bande de Gaza.
Mais l’accord ne représente pas, toutefois, la « victoire totale » qui avait été promise à maintes reprises par le Premier ministre – et les critiques, avec parmi eux les maires des villes du nord d’Israël qui ont été les plus touchées par le conflit avec le Hezbollah, ont averti qu’il n’empêcherait pas le groupe terroriste de se réarmer comme il était parvenu à le faire après la Deuxième guerre du Liban, en 2006.
Les combats ont également pris fin grâce à un accord qui a été soutenu par la communauté internationale. La résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies devait imposer le désarmement au Hezbollah et le retrait de ses forces sur la dite « ligne bleue », qui se situe au-delà du fleuve Litani, à presque 30 kilomètres au nord de la frontière israélo-libanaise. Les forces de maintien de la paix de la FINUL avaient été mises en place pour garantir l’application de cette résolution de l’ONU – mais les violations répétées, de la part du Hezbollah, de ses dispositions n’avaient jamais fait l’objet de poursuites.
Le Premier ministre, dans un discours enregistré qui a été diffusé à la nation, a reconnu que l’un des objectifs officiels de la guerre à la frontière nord – qui était de permettre le retour en toute sécurité d’environ 60 000 habitants qui avaient été chassés de leurs habitations par les attaques du Hezbollah – n’avait pas encore été atteint. Il a promis que « la guerre ne sera pas terminée » tant que les déplacés ne pourront pas rentrer chez eux en toute sécurité.
Les détails de l’accord : Pourquoi ce sera différent cette fois-ci
L’administration Biden s’est efforcée d’expliquer dans quelle mesure la situation, aujourd’hui, était différente de celle de 2006, des explications qui ont été présentées dans le discours prononcé par Biden – une allocution qui a été suivie par une réunion d’information qui a été présidée par l’un de ses proches collaborateurs.
« Il s’agit d’une cessation permanente des hostilités », a souligné Biden. « Ce qui reste du Hezbollah et des autres organisations terroristes ne sera plus autorisé à menacer la sécurité d’Israël ».
Au cours des 60 prochains jours, l’armée libanaise et les forces de sécurité de l’État se déploieront et elles prendront le contrôle de leur propre territoire dans le sud du Liban, a déclaré Biden, réaffirmant qu’il ne sera pas permis au Hezbollah de reconstruire son infrastructure terroriste. Au cours de cette période de 60 jours, Israël retirera progressivement ses troupes du Liban.
Les troupes israéliennes se maintiendront sur leurs positions au début de la période de 60 jours qui marquera le début du cessez-le-feu, a, pour sa part, déclaré le collaborateur américain aux journalistes. Il a expliqué que le retrait progressif de Tsahal ne commencera que lorsque les soldats de l’armée libanaise commenceront à se déployer dans le Sud-Liban, afin de garantir qu’il n’y aura aucune vacance dans l’intervalle. « Il s’agit d’un processus qui ne peut pas se dérouler du jour au lendemain ou en l’espace de quelques jours », a-t-il noté.
L’officiel américain a précisé que cela ne signifiait pas que le retrait des soldats israéliens ne commencerait que dans 60 jours. « Au contraire, dans 50 à 60 jours, toutes les troupes israéliennes seront parties… Au cours des deux premières semaines, vous allez déjà commencer à constater que certains soldats [de Tsahal] se sont retirés. »
Le responsable américain a dit qu’au cours de cette période de 60 jours, l’armée libanaise serait autorisée à s’assurer que le Hezbollah se déplacera bien au nord du fleuve Litani. Une carte, sur laquelle les parties en lice sont accordées, détaille les lignes exactes sur lesquelles le Hezbollah devra se retirer et les secteurs où l’armée libanaise sera spécifiquement déployée.
Les troupes libanaises seront chargées de patrouiller dans le sud du Liban pour s’assurer que toutes les infrastructures restantes du Hezbollah ont été détruites et qu’elles ne pourront pas être reconstruites, a continué le collaborateur de Biden.
L’accord de cessez-le-feu prévoit également que les États-Unis et la France rejoindront un mécanisme de surveillance existant pour la mise en œuvre de l’accord. Jusqu’à présent appelé le « mécanisme tripartite », composé de représentants d’Israël, du Liban et des forces de la FINUL, ce groupe n’avait pas réussi à garantir jusqu’à présent le respect de la résolution 1701, qui exigeait du Hezbollah qu’il se désarme et qu’il se retire au nord du fleuve Litani.
Le président a déclaré que les États-Unis, de concert avec la France, s’engageaient à veiller à ce que l’accord soit pleinement mis en œuvre. Il a souligné que cela ne nécessiterait pas l’envoi de troupes américaines sur le terrain.
L’accord a pour objectif de permettre à 60 000 civils israéliens et à 30 000 civils libanais environ de rentrer chez eux et de reconstruire leurs communautés, de part et d’autre de la Ligne bleue.
« Si le Hezbollah ou qui que ce soit rompt l’accord et constitue une menace directe pour Israël, ce dernier conserve le droit à l’autodéfense, conformément au droit international et comme toute nation confrontée à un groupe terroriste qui s’est engagé à la détruire », a toutefois fait remarquer Biden de manière cruciale dans son discours.
Le président américain a affirmé que l’accord qui vient d’être conclu renforçait la souveraineté du Liban, ce qui permettra au pays de s’engager sur le chemin d’un « avenir digne d’un passé qui a été important ».
Selon les dispositions de ce nouvel accord, les États-Unis présideront sa mise en œuvre et les mécanismes nécessaires pour le faire appliquer – avec l’aide de la France, a indiqué le haut responsable de l’administration. La commission formée à cet effet, qui sera composée de diplomates et de militaires, sera chargée d’examiner les plaintes déposées par l’une ou par l’autre des parties concernant d’éventuelles violations du cessez-le-feu.
Elle veillera également à ce que l’armée libanaise soit correctement entraînée et équipée pour garantir l’application du cessez-le-feu, a précisé l’officiel américain. Si les troupes de combat américaines ne seront pas présentes sur le terrain, « les forces armées libanaises bénéficieront d’un soutien militaire de la part des États-Unis » a ajouté le responsable.
Un comité distinct – le Comité militaire technique (CMT) – qui sera composé d’autres pays fournira un soutien financier, des équipements et une formation aux forces armées libanaises, a-t-il précisé.
Contrairement à l’accord de cessez-le-feu qui avait été conclu en 2006 entre Israël et le Hezbollah, lorsque la communauté internationale avait « abandonné les lieux » après sa ratification, « nous restons déterminés à être sur le terrain, jour après jour, pour observer ce qui se passe », a affirmé le responsable américain.
La communauté internationale est bien décidée à « tirer les leçons des erreurs du passé, lorsque le Hezbollah était la seule organisation » impliquée dans la reconstruction du Liban », a affirmé l’officiel.
« Il est dans notre intérêt de soutenir la croissance économique au Liban », a-t-il ajouté.
Il a aussi souligné que le Hezbollah était « extrêmement faible en ce moment, tant sur le plan militaire que politique » et il a estimé que le gouvernement libanais avait ainsi l’occasion de rétablir sa souveraineté, notamment en nommant un président – une nomination que le Hezbollah bloque depuis des années.
L’accord annoncé aujourd’hui « n’offre pas à Israël une garantie de sécurité temporaire, mais il offre plutôt un cessez-le-feu durable auquel le pays peut faire confiance », a poursuivi le responsable.
Interrogé à plusieurs reprises sur le mécanisme d’application du cessez-le-feu – des informations ont laissé entendre que les États-Unis ont donné à Israël des garanties qui permettront à l’État juif de lancer des attaques immédiates au Liban en cas de violations présumées de l’accord de la part du Hezbollah – le collaborateur de Biden a refusé tout commentaire.
Il a préféré mettre l’accent sur la commission chargée de la mise en œuvre de l’accord, désormais placée sous l’autorité des États-Unis – disant qu’elle ne se contentera pas d’être « une simple boîte aux lettres », comme cela avait pu être le cas dans les années qui avaient suivi la Deuxième guerre du Liban. Il s’agira plutôt d’un « service de messagerie en direct, qui veillera à ce que chaque fois qu’une violation sera constatée – en particulier une violation grave – elle sera immédiatement prise en charge. »
Les pertes du Hezbollah
De son côté, dans son discours, Biden a rappelé que le Hezbollah avait été à l’origine du conflit contre Israël, lançant ses premières attaques quelques heures seulement après le pogrom commis par le Hamas, le 7 octobre.
« Ce n’est pas Israël qui a lancé cette guerre. Le peuple libanais n’a pas non plus cherché cette guerre », a souligné Biden qui a rappelé que les attaques transfrontalières du Hezbollah avaient obligé 60 000 Israéliens à fuir leurs habitations dans le nord de l’État juif, et que les frappes de Tsahal avaient entraîné le déplacement de 30 000 civils libanais.
Il est entré dans le détail des initiatives prises par les États-Unis en faveur de la sécurité d’Israël – une sécurité largement mise à mal par l’Iran et par ses proxies au cours des quatorze derniers mois – avant d’évoquer l’ampleur des pertes subies par le Hezbollah suite à sa décision de rejoindre le conflit contre Israël : son secrétaire-général de longue date, Hassan Nasrallah, a été tué ainsi qu’un grand nombre d’autres dirigeants du groupe, et des infrastructures militaires majeures ont été détruites.
Jusqu’à son assassinat, Hassan Nasrallah avait soutenu une politique de rejet de tout cessez-le-feu au Liban avant la finalisation d’un accord qui mettrait un terme à la guerre opposant Israël au Hamas dans la bande de Gaza. Au mois de septembre, les opérations de Tsahal contre le Hezbollah s’étaient intensifiées de façon massive et le groupe terroriste avait finalement accepté d’entamer des discussions sur un cessez-le-feu – avec la conclusion d’un accord qui a officiellement rompu le lien unissant ses combats à la guerre en cours au sein de l’enclave côtière.
Tout en reconnaissant les gains militaires obtenus par Israël, Biden a insisté sur le fait que « une sécurité durable pour les Israéliens et pour les Libanais ne pourra pas être obtenue uniquement sur le champ de bataille ».
À Gaza
Biden a déclaré mardi que les Palestiniens de Gaza méritaient de connaître une fin de la guerre similaire à celle dont bénéficieront bientôt les habitants de la Ligne bleue.
« Les habitants de Gaza ont vécu l’enfer, leur monde a été complètement détruit, un nombre beaucoup trop important de civils à Gaza ont connu des souffrances intenses », a indiqué Biden.
S’il a laissé poindre une critique d’Israël dans ces propos, le président a toutefois explicitement blâmé le Hamas pour son refus de négocier de bonne foi depuis maintenant de longs mois.
« Le Hamas doit maintenant faire un choix. La seule issue est de libérer les otages, y compris les citoyens américains », a dit Biden, qui a ajouté que l’accord soutenu par les États-Unis permettrait un afflux des aides humanitaires à Gaza et qu’il aboutirait à « la fin de la guerre sans le Hamas au pouvoir ».
Le président américain a ajouté que les États-Unis, l’Égypte, le Qatar – et maintenant la Turquie – allaient de nouveau exercer des pressions en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza.
Le responsable américain, de son côté, a précisé que l’administration Biden ne considérait pas la Turquie comme un nouveau pays médiateur entre Israël et le Hamas.
« Ce que le président a voulu dire, c’est que certaines personnes et certains partis passent désormais beaucoup de temps en Turquie et que la Turquie a donc été ajoutée. Mais nous ne disons pas que le pays est dorénavant un intermédiaire, un négociateur. Ce que nous voulons dire, c’est que nous ne négligerons aucune piste pour parvenir à un accord », a affirmé l’officiel.
Les États-Unis avaient révélé, au début du mois de novembre, qu’ils avaient demandé au Qatar d’expulser les chefs du Hamas du pays, fin octobre, en raison du refus obstiné opposé par le groupe terroriste à la perspective de s’engager pleinement dans des négociations sur la question des otages. Les dirigeants du Hamas étaient alors partis vers la Turquie. Si les États-Unis ont mis en garde Ankara contre tout accueil à long-terme des responsables de l’organisation, ils n’ont pas demandé l’extradition de Khaled Meshaal, qui fait l’objet d’une mise en examen aux États-Unis.
La semaine dernière, des responsables arabes qui se sont exprimés auprès du Times of Israel ont douté du bien-fondé de la décision prise par le Qatar d’expulser les dirigeants du Hamas, si les négociations sont simplement amenées à se poursuivre à Ankara sous une forme qui restera largement similaire.
Le responsable américain a maintenu que la prise de conscience, par le Hamas, que « le Hezbollah a décidé de l’abandonner et de dissocier les deux conflits », dans la journée de mardi, a constitué « un puissant changement de réalité sur le terrain, et nous devons voir si cela sera suffisant » pour faire avancer dorénavant les négociations portant sur les captifs.
Le 7 octobre 2023, le Hamas et d’autres groupes terroristes avaient massacré plus de 1 200 personnes, des civils en majorité, dans le sud d’Israël. Ils avaient également kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza. 97 d’entre elles se trouvent encore en captivité dans la bande. Toutes ne sont plus en vie.
Ryad en ligne de mire
Le cessez-le-feu au Liban permet à l’administration Biden de se rapprocher de sa vision d’un Moyen-Orient plus intégré – avec la création d’un État palestinien démilitarisé aux côtés d’Israël, a noté le président.
À cette fin, Biden a déclaré que les États-Unis restaient prêts à négocier un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite – un accord qui comprendrait « une voie crédible vers l’établissement d’un État palestinien ».
Israël, sous la direction de Netanyahu, a rejeté à plusieurs reprises le cadre proposé par la solution à deux États et deux députés américains avaient déclaré au Times of Israel, il y a plusieurs mois, que la possibilité de conclure un accord de normalisation entre Ryad et Jérusalem, avant la fin du mandat de Biden, s’était refermée.
Néanmoins, le président a déclaré que « je crois que cet ordre du jour reste possible. Pendant le temps qu’il me reste à passer à mes fonctions, je travaillerai sans relâche dans le but de promouvoir et de concrétiser cette vision ».
Il a reconnu qu’un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite obligerait Israël à faire des « choix difficiles ».
« Aujourd’hui, Israël doit faire preuve d’audace pour transformer les gains tactiques remportés contre l’Iran et contre ses proxies en stratégie cohérente qui sera susceptible de garantir la sécurité à long-terme d’Israël et qui fera avancer la paix et la prospérité dans la région », a dit Biden, s’adressant apparemment à Netanyahu. Pendant des mois, le Premier ministre israélien a refusé de planifier la prise en charge de Gaza dans l’après-guerre tout en rejetant l’éventuelle implication, dans la bande, d’une Autorité palestinienne potentiellement réformée – une solution qui permettrait de débloquer le soutien indispensable qui pourrait être apporté par les voisins arabes d’Israël dans la reconstruction et dans la gestion de l’enclave, au lendemain du conflit.
Interrogé sur l’optimisme dont a fait preuve Joe Biden concernant la possibilité d’un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, suite à l’annonce du cessez-le-feu, le haut-responsable de l’administration a déclaré aux journalistes que les discussions que les officiels américains avaient eues au cours des dernières 24 heures les avaient convaincus qu’il existait « une fenêtre d’opportunité ici – si nous sommes en mesure d’obtenir des changements à Gaza ».
« Les astres sont alignés au niveau politique et au niveau géopolitique et et nous allons voir ce que nous pourrons faire au cours des 50 prochains jours environ », a expliqué le collaborateur de Biden, qui a insisté sur le fait que Washington restait lucide et que la prochaine administration serait informée de toutes les initiatives qui pourraient être entreprises.
Un journaliste lui a ensuite demandé pourquoi la Maison Blanche faisait part d’un tel optimisme sur d’éventuelles percées dans le dossier de la normalisation, compte-tenu des déclarations répétées qui ont pu être faites par les membres du cabinet israélien – qui ont fait savoir, à de multiples reprises, qu’ils n’accepteraient jamais la création d’un État palestinien. Or, Ryad exige des démarches faites dans ce sens pour conclure un accord avec Israël.
Se référant à toute une carrière passée dans des négociations à fort enjeu, le responsable a répondu qu’il avait très souvent entendu des dirigeants entrer dans ce genre de pourparlers en utilisant des mots tels que « jamais » ou « toujours ».
« On nous dit : ‘Nous ne ferons jamais ceci’ et ‘Nous insisterons toujours sur ça’, mais cela ne tient pas nécessairement la route dans le temps car ce genre de positionnement ne permet pas de parvenir à un accord – et je ne me laisse donc pas trop emporter lorsque j’entends ce genre de déclarations », a-t-il souligné.
Remettre les pendules à l’heure
Un autre responsable américain qui s’est exprimé auprès du Times of Israel a farouchement démenti l’affirmation qui avait été faite par Netanyahu, dans la journée, lorsqu’il avait déclaré que Washington avait retardé des livraisons d’armes à Israël.
« Ce n’est pas un secret : il y a eu des retards importants dans les approvisionnements en armes et en munitions. Un retard qui va bientôt être rattrapé », avait dit Netanyahu, sans mentionner toutefois explicitement l’administration Biden.
« À l’exception de l’envoi de bombes de 900 kilos, il n’y a pas de retard ou d’arrêt de livraison concernant quoi que ce soit pour des raisons politiques. Il n’y en a tout simplement pas », a insisté le responsable américain.
Ces derniers jours, les médias israéliens avaient cité les propos tenus par des collaborateurs du Premier ministre qui, sous couvert d’anonymat, avaient dit que l’administration Biden s’était engagée à débloquer les livraisons d’armes en suspens en échange de l’acceptation, de la part d’Israël, d’un cessez-le-feu au Liban. D’autres proches de Netanyahu ont aussi récemment souligné que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche mettrait également fin au retard présumé des livraisons en armements.
L’administration Biden insiste sur le fait qu’elle n’a gelé qu’une seule livraison – des bombes à forte charge – depuis le mois de mai, par crainte qu’Israël ne les utilise dans des zones densément peuplées, entraînant la mort d’un grand nombre de civils.
L’officiel américain a aussi précisé que les informations laissant entendre que l’État juif recevrait des armes supplémentaires de la part des États-Unis suite à son acceptation du cessez-le-feu au Liban étaient fausses. Il a aussi précisé que, contrairement à ce qu’avait fait savoir le bureau de Netanyahu, les États-Unis n’avaient jamais menacé de faire avancer une résolution devant le Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un cessez-le-feu immédiat si Israël devait rejeter l’accord conclu sous l’égide des États-Unis.
« Un tel sujet n’a tout simplement jamais été abordé », a dit le responsable de la Maison-Blanche.
Interrogé sur les informations qui ont affirmé que la Russie veillerait, parmi d’autres acteurs, à ce que l’Iran ne puisse pas réapprovisionner en armements le Hezbollah par l’intermédiaire de la Syrie – comme la république islamique le faisait dans le passé – il a refusé de donner des détails, se contentant de dire que « il est indubitable que ce sur quoi nous devons tous nous concentrer, c’est sur la nécessité de nous assurer que l’Iran ne continuera pas à utiliser la Syrie comme une autoroute pour ses armements à destination du Liban ».
Un coup de pouce à Trump ?
Quelques jours avant les élections présidentielles américaines, Netanyahu avait demandé à l’envoyé spécial de la Maison Blanche pour le Liban, Amos Hochstein, de venir le rencontrer à Jérusalem. Le Premier ministre avait alors averti le conseiller de Biden qu’il y avait une fenêtre d’opportunité pour la conclusion d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, a fait savoir l’officiel américain.
Le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer, un confident de Netanyahu, avait, semble-t-il, confié à des collaborateurs de Trump qu’Israël voulait obtenir un cessez-le-feu avec le Hezbollah comme « cadeau » au président élu avant sa prise de fonction, le 20 janvier. Les responsables israéliens ont depuis démenti cette information.
Lors de leur rencontre au début du mois, Amos Hochstein avait indiqué au Premier ministre israélien que si les deux parties étaient sérieuses, il était prêt à lancer un nouveau cycle de négociations intensives au cours des semaines suivantes. Une proposition qui avait été acceptée, a noté le responsable américain.
Lorsqu’il y avait eu des avancées dans les pourparlers, Hochstein avait informé les membres de l’équipe de transition du président Trump qui étaient chargés des questions de sécurité nationale des principes généraux de l’accord, leur disant qu’il y avait de plus en plus de chances qu’un cessez-le-feu soit conclu, a déclaré l’officiel.
Hochstein s’est par ailleurs entretenu au téléphone avec les collaborateurs de Trump au cours des dernières 24 heures et il y a deux jours, au moment où l’accord était en cours de finalisation et l’équipe du président élu a semblé apporter son soutien à cette initiative, a-t-il ajouté.