L’antisémitisme subi durant son enfance a « donné honte d’être Juif » à Spielberg
Le grand réalisateur américain évoquait sa série documentaire focalisé sur le problème de la haine et a expliqué être toutefois aujourd'hui fier de son identité
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
La réalisateur oscarisé et producteur d’Hollywood Steven Spielberg a déclaré que le harcèlement qu’il avait subi quand il était à l’école lui avait donné honte d’être Juif, même s’il avait toujours été fier de son identité.
Spielberg, qui est actuellement en visite en Inde pour rencontrer l’industrie locale du cinéma, a fait ces remarques lors d’un entretien avec les médias, dont des extraits ont été publiés par India Today dimanche.
Le sujet de l’antisémitisme a fait surface alors que Spielberg parlait de son nouveau documentaire en six épisodes « Pourquoi nous haïssons », diffusé plus tôt ce mois sur Discovery Channel.
« J’ai fait l’expérience de l’antisémitisme comme élève à l’école élémentaire, mais pas pendant toute ma scolarité. À une époque, quelques gamins populaires s’en prenaient à des gamins moins populaires, dans mon cas zéro popularité », s’est souvenu Spielberg, qui venait d’une famille juive orthodoxe.
« Je ne voyais pas cela comme de la haine, mais je le voyais comme de la honte, a déclaré Spielberg. J’avais honte de beaucoup de choses et, avec suffisamment de remarques désobligeantes et d’harcèlement, ils ont réussi à me faire avoir honte d’être Juif. »
« Au fond de moi, j’ai toujours été fier d’être Juif, a-t-il dit. J’étais en bas de l’échelle de jeux de pouvoir des gens et c’était là mon expérience principale d’être haï, quelque chose sur quoi je n’avais aucun contrôle. »
« Je me sentais exclu et, en grandissant, je me suis rendu compte que le harcèlement était un outil efficace pour donner le sentiment aux gens qu’ils ont du pouvoir », a-t-il dit.
En ce qui concerne les actes de génocide, Spielberg, qui a réalisé le film oscarisé « La Liste de Schindler », a déclaré : « Nous sous-estimons les gens qui font le mal et nous ne les voyons pas comme des monstres… jusqu’à ce qu’ils soient impliqués dans le processus d’un génocide. »
« C’est la banalité des gens », a-t-il dit.
« Les génocides ont été industrialisés. Particulièrement pendant la Shoah. Tellement de vies peuvent être prises. C’était une activité de mort. C’était organisé ainsi, comme si vous dirigiez une usine d’acier, un moulin dans le genre. Et c’était perçu par les criminels comme quelque chose de normal. »
Concernant « Pourquoi nous haïssons », qu’il a co-produit avec Alex Gibney, Spielberg a dit qu’il souhaite que la série change la manière dont les gens parlent des différences.
« J’aimais l’idée que chaque épisode se termine avec de l’espoir, a-t-il déclaré. Chaque épisode de la série a des solutions, donc ce ne sont pas seulement des condamnations de ceux qui haïssent, avec eux contre nous. Il y a un juste milieu. »
Spielberg a déclaré qu’il espère que la série lancera des discussions, et permettra de « parler de choses que nous avons en commun et pas seulement des choses qui nous divisent ».
Plus tôt ce mois-ci, Spielberg a parlé de la série sur CBS News, déclarant que c’est « un sujet qui m’a beaucoup touché et une thématique qui est encore plus pertinente aujourd’hui, par rapport à il y a 10 ans ».
La haine, a-t-il dit, au lieu d’être normale est « la constance anormale ».
« Le cerveau humain est un système évolutif. Nous pouvons nous débarrasser de la haine aussi vite que nous l’avons », a déclaré Spielberg.