Lapid exhorte Gantz à quitter la coalition, se dit prêt à se joindre à Edelstein
Netanyahu n'est pas apte à diriger le pays", affirme le leader de l'opposition, prêt à servir dans un "gouvernement de remplacement" sous un autre leader du Likud

Le chef de l’opposition Yair Lapid a appelé les ministres du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, Gadi Eisenkot et Gideon Saar, à quitter la coalition lundi, se déclarant prêt à rejoindre un nouveau gouvernement sous un autre leadership que celui du premier ministre Benjamin Netanyahu.
L’ancien parti d’opposition de Gantz a rejoint le gouvernement à la suite des massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre « parce qu’il pensait que c’était dans l’intérêt du pays. C’était peut-être vrai il y a trois mois. Ce n’est certainement plus le cas aujourd’hui », a affirmé Lapid lors de la réunion hebdomadaire des factions de son parti Yesh Atid à la Knesset.
« Ce n’est pas un gouvernement d’unité. Ce n’est pas un gouvernement d’urgence. Ils ne sont pas en train de sauver l’État d’Israël, ils sont en train de sauver Netanyahu « , a-t-il déclaré, arguant que le Premier ministre n’était « pas qualifié pour diriger le pays ».
« L’État d’Israël a besoin d’un autre gouvernement et d’un autre Premier ministre. Yesh Atid apportera 24 voix à tout mouvement visant à changer le gouvernement, que ce soit par le biais d’élections ou dans le cadre d’un gouvernement de remplacement. Il peut être dirigé par Benny [Gantz], Gadi [Eisenkot] ou Yuli Edelstein. »
Edelstein, un député chevronné du Likud, est actuellement le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense et a déjà occupé le poste de président de la Knesset ainsi que plusieurs fonctions ministérielles. Il a, par le passé, rivalisé avec Netanyahu pour la direction du parti.
Les propos de Lapid font suite à la décision de Gantz, Eisenkot et Chili Tropper – tous membres de la faction centriste HaMahane HaMamlahti – de ne pas assister à la réunion du cabinet de dimanche car, selon un porte-parole de Gantz, il était peu probable qu’une véritable discussion soit engagée sur les questions liées à la guerre.
S’adressant à la radio de l’armée, Tropper a expliqué son absence par la réunion houleuse du cabinet de sécurité de jeudi dernier, au cours de laquelle les ministres de droite ont attaqué à plusieurs reprises le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, au sujet du projet de l’armée d’enquêter sur ses propres erreurs qui ont précédé l’attaque dévastatrice du Hamas, le 7 octobre dernier.
« Depuis des semaines, la machine à poison de Netanyahu et de ses assistants s’attaque au chef d’état-major, à l’armée, aux commandants et aux soldats », a affirmé Lapid lundi. « Chaque réunion du cabinet se transforme en une attaque venimeuse contre l’armée » et « de par leur présence, ils donnent une légitimité [à ses actions] en siégeant sous les ordres de Netanyahu. »

Répondant à la question d’un journaliste sur le projet du député Oded Forer (Yisrael Beytenu) d’expulser le député Ofer Cassif (Hadash-Taal) de la Knesset pour avoir accusé Israël d’avoir commis un génocide à Gaza, Lapid a indiqué qu’il soutenait cette mesure.
Bien que la question n’ait pas été discutée par son parti, Lapid a répondu qu’il « supposait » qu’ils soutiendraient une telle mesure – ajoutant qu’il était « honteux » que le ministre du Patrimoine, d’extrême droite, Amichai Eliyahu, qui a suggéré qu’Israël largue une bombe nucléaire sur Gaza, ne puisse pas être également expulsé.
En plus d’avoir signé une pétition en faveur d’une motion sud-africaine accusant Israël de génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ), Cassif a critiqué ce qu’il a qualifié de « gouvernement dont les membres et sa coalition appellent au nettoyage ethnique et même à un véritable génocide ».
Selon la loi fondamentale : La Knesset, 90 membres de la Knesset peuvent voter l’expulsion d’un collègue qui a exprimé son soutien « à une lutte armée » contre l’État d’Israël. Une fois 70 signatures recueillies, la question est renvoyée à la commission de la Chambre de la Knesset et, si elle y est approuvée, elle est soumise au vote du plénum. Ces 70 signatures ont été recueillies avec succès lundi.
S’exprimant sur la chaîne de la Knesset lundi soir, Cassif a fait valoir que la pétition qu’il avait signée n’accusait pas Israël de génocide, mais qu’il avait simplement insisté sur le fait qu’il était « légitime de déterminer si un tel crime avait été commis ou non ».

Abordant la question lors de la réunion de faction de son propre parti, le président de Hadash-Taal, Ahmad Tibi, a accusé le gouvernement de « légitimer » le génocide contre les Gazaouis, décrétant que « c’est ainsi que les nazis parlaient des juifs. »
« Le ministre des Finances a dit qu’il y avait deux millions de nazis à Gaza », a dit Tibi, dans une allusion aux récents propos du ministre des Finances, Bezalel Smotrich. « C’est ainsi que l’on légitime un génocide. »
« Et si ça ressemble à un nazi, si ça parle comme un nazi, c’est que c’est un néo-nazi. Même si le ministre en question est Juif », a-t-il déclaré.
« Les poursuites à La Haye sont basées sur les paroles de Smotrich, de Ben Gvir et d’Eliyahu, et non pas sur celles de Cassif. Ceux qui parlent ainsi veulent que la guerre continue et ne veulent pas ramener les otages ».
Smotrich et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir ont tous deux appelé à l’émigration « volontaire » des Palestiniens, suscitant des condamnations de la part des États-Unis, de l’Union européenne, de la France, de l’Allemagne et d’autres pays.

S’adressant à la presse avant la réunion hebdomadaire de son parti HaTzionout HaDatit, Smotrich s’est défendu contre les critiques concernant son appel à l’émigration des Gazaouis, affirmant « qu’il ne s’agit pas d’expulser les résidents par la coercition ou la force. »
De nombreux Palestiniens veulent partir à l’étranger en raison de la situation humanitaire dans l’enclave côtière, a-t-il déclaré, ajoutant que « si j’ai raison et que beaucoup veulent partir, cela se produira ».
Smotrich a également contesté le choix du premier ministre Netanyahu de nommer Aharon Barak, président de la Cour suprême à la retraite, comme représentant d’Israël au sein du panel de 15 juges de la CIJ de La Haye, déclarant que cette décision avait été prise « sans nous consulter ».
Outre le panel permanent de la CIJ, les deux parties à une affaire peuvent désigner elles-mêmes un juge pour participer aux délibérations. Les décisions sont prises à la majorité simple des juges présidents.
Smotrich a qualifié d' »erreur » le fait de « remettre les clés à Aharon Barak », qui a mené ce que beaucoup considèrent comme une « révolution constitutionnelle » lorsqu’il était à la tête de la plus haute juridiction du pays, tout en décrivant le juriste à la retraite comme un « homme respectable ».