L’armée de l’air suspend des réservistes de haut rang opposés à la refonte
Ces suspensions surviennent un jour après que la marine a gelé le service d'un réserviste qui avait juré d'interrompre son service volontaire en opposition à la refonte judiciaire
L’armée de l’air israélienne a suspendu plusieurs réservistes de haut rang, selon un reportage diffusé vendredi, un jour après que la marine a suspendu un réserviste de haut rang qui avait juré d’arrêter le service volontaire pour protester contre la refonte judiciaire du gouvernement.
Le chef de l’armée de l’air, le général de division Tomer Bar, a accepté de suspendre le service de plusieurs généraux de brigade, a rapporté la chaîne publique Kan, suivant apparemment l’exemple de la marine, qui a suspendu le contre-amiral (res.) Ofer Doron jeudi.
Les commandants de l’armée de l’air et de la marine peuvent soit remettre en service les réservistes de haut rang plus tard, soit opter pour leur remplacement, a rapporté Kan.
Le reportage ne cite pas les noms des réservistes de l’armée de l’air qui ont été suspendus et ne précise pas leur nombre.
Le vice-adjoint David Saar Salama, chef de la marine, a suspendu Doron jeudi, après que celui-ci et un autre réserviste de haut rang, le contre-adjoint Eyal Segev, ont annoncé qu’ils mettaient fin à leur service de réserve volontaire, déclarant qu’ils refusaient de servir dans « une dictature ».
Le statut de Segev doit être examiné, a déclaré Tsahal dans un communiqué. Doron et Segev sont tous deux à la tête de quartiers généraux opérationnels et sont les adjoints de Salama en cas d’urgence.
Les deux hommes ont rejoint une longue liste de réservistes de la marine et d’autres officiers qui ont annoncé ces dernières semaines qu’ils cesseraient de se présenter au service de réserve volontaire, suscitant des craintes au sein de l’armée quant à l’altération de son état de préparation opérationnelle.
Tous deux ont dépassé l’âge du service de réserve obligatoire et sont dispensés de se présenter au service volontaire. Ils ont tous deux été promus au grade de contre-amiral il y a plusieurs années.
La décision de Salama a été approuvée par le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, a indiqué l’armée.
Vendredi, les organisateurs d’une pétition de vétérans des unités spéciales de renseignement ont également lancé un appel au Premier ministre Benjamin Netanyahu et au ministre de la Défense Yoav Gallant, leur demandant de « mettre fin à la refonte judiciaire, de parvenir à un accord et d’arrêter l’incitation à la haine du gouvernement contre Tsahal ».
Les militants ont déclaré que 1 340 vétérans des services de renseignement avaient signé la pétition, avertissant qu’Israël se trouvait dans une « situation d’urgence sans précédent et qu’il plongeait dans l’abîme », a rapporté Ynet.
Plus de 10 000 réservistes qui se présentent au travail sur une base volontaire ont déclaré ces dernières semaines qu’ils ne le feraient plus en signe de protestation contre la refonte judiciaire, accusant les plans du gouvernement d’affaiblir le système judiciaire et de faire d’Israël un pays non-démocratique. Aucun chiffre officiel n’a été communiqué sur le nombre de réservistes qui ne se sont pas présentés à leur poste jusqu’à présent.
Contrairement à la plupart des réservistes qui sont appelés à servir sur ordre officiel plusieurs jours par an, les pilotes et les autres forces spéciales sont censés s’entraîner et effectuer des missions plus fréquemment et sur la base du volontariat, en raison de la nature de leur poste. Nombre d’entre eux poursuivent volontairement leur service de réserve au-delà de l’âge d’exemption de 45 ans pour les officiers et de 49 ans pour certains autres postes.
Ces dernières semaines, Halevi, le chef de l’armée de l’air, et le général de division Tomer Bar, entre autres ont averti que les manifestations de réservistes avaient un impact de plus en plus négatif sur l’état de préparation de l’armée, s’attirant les reproches du Premier ministre Benjamin Netanyahu, d’autres législateurs et des partisans du gouvernement religieux d’extrême-droite.
La coalition de Netanyahu a rejeté les protestations des réservistes, les considérant comme une forme dangereuse et sans précédent de chantage politique de la part de l’armée. Certains législateurs de la coalition ont suggéré que la manifestation équivalait à une tentative de coup d’État militaire.
Les responsables de la sécurité se sont inquiétés lundi du fait qu’en autorisant des attaques publiques répétées contre les hauts gradés de l’armée, Netanyahu tentait de leur faire porter la responsabilité des dégâts causés à l’état de préparation de l’armée.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.