L’Australie interdit le salut nazi et l’exhibition de symboles terroristes
Les contrevenants sont passibles d'une peine de douze mois de prison ; le Hamas et l'État islamique font partie des groupes dont les symboles sont interdits face à la hausse des actes antisémites
La loi interdisant le salut nazi ou l’exhibition ou la vente de symboles associés à des groupes terroristes est entrée en vigueur lundi en Australie, alors que le gouvernement tente de répondre à une recrudescence des incidents antisémites dans un contexte de guerre opposant Israël aux terroristes palestiniens du Hamas à Gaza.
Dorénavant, faire le salut nazi ou exhiber en public une croix gammée ou les deux runes S qui forment l’emblème du groupe paramilitaire Schutzstaffel (SS) deviendront passibles d’une peine maximale de douze mois de prison.
Le vente et la commercialisation de ces symboles sont également interdites.
Le procureur-général Mark Dreyfus a indiqué dans un communiqué que la législation transmettait ainsi un message clair : celui que l’Australie ne tolérerait en aucun cas la glorification de la Shoah ou des actes terroristes.
« C’est la première loi de ce genre et elle garantira que personne, en Australie, ne pourra d’une manière ou d’une autre glorifier ou tirer des profits des actes ou des symboles qui célèbrent les nazis et leur idéologie diabolique », a-t-il commenté.
Dvir Abramovich, directeur du mouvement de défense des droits civils Anti-Defamation Commission, a salué cette nouvelle interdiction, évoquant une journée « historique ».
« C’est ‘Plus jamais ça’ qui vient officiellement et triomphalement de faire son entrée dans la loi », a dit Abramovich, qui avait dirigé la campagne en faveur de cette interdiction.
« Cette loi porte un coup dur à ceux qui, animés d’un antisémitisme vicieux, ont fait une arme de ce geste diabolique et de ce symbole en l’utilisant comme cri de ralliement dans le but de terroriser la communauté », a déclaré Abramovich en évoquant le salut nazi. « Cette loi vient aussi mettre un point final à l’obsession retorse et à la vente perverse d’objets souillés par le sang, d’outils démoniaques du Troisième reich. Elle dit qu’aucun profit ne pourra être réalisé au détriment de la moralité et elle déclare que l’extermination, la déshumanisation de millions de personnes n’a pas de prix et qu’elle ne peut pas être offerte contre de l’argent, même contre l’enchère la plus élevée ».
Présentée au mois de juin et adoptée au mois de septembre, la législation a pris une nouvelle signification dans un contexte de recrudescence de l’antisémitisme et de l’islamophobie dans le sillage de l’attaque meurtrière commise par le Hamas, le 7 octobre, qui a fait 1 200 morts – en particulier des civils – sur le sol israélien. 240 personnes avaient aussi été enlevées et prises en otage dans la bande de Gaza.
En guise de réponse, Israël a lancé une campagne militaire à Gaza qui vise à détruire le Hamas, mettre fin à 16 ans de pouvoir et à libérer les otages.
Des images – qui n’ont pas été vérifiées – montrant un petit groupe d’hommes qui se tenaient aux abords de l’emblématique opéra de Sydney en scandant « Gazez les Juifs » au cours d’un mouvement de protestation pro-palestinien, au mois d’octobre, avaient entraîné l’indignation à l’international et une enquête de la police.
In case anyone forgot, the day after the #October7Massacre, before a single bomb was dropped on #Gaza, thousands of people rallied outside the Sydney Opera House calling for the gassing of #Jews.
This has NEVER been about land. #NeverAgainIsNow#AntizionismIsAntisemitism pic.twitter.com/4kPt4L2QeD
— The Persian Jewess (@persianjewess) December 31, 2023
Par ailleurs, la police avait arrêté trois hommes au mois d’octobre qui avaient fait le salut nazi aux abords du musée juif d’Australie. Il y a eu plus d’incidents antisémites au mois d’octobre et au mois de novembre 2023 qu’au cours de la totalité des douze mois précédents, selon l’Executive Council of Australian Jewry.
La nouvelle législation interdit également l’exhibition ou la vente de symboles associés à des organisations terroristes interdites comme l’État islamique, le Hamas ou le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Des exemptions sont en place pour des usages artistiques, éducatifs ou universitaires de tous ces symboles.