Le Caire serait mécontent de la présence de Haniyeh aux obsèques de Soleimani
L'Egypte aurait autorisé le chef du Hamas à quitter Gaza à la condition qu'il ne se rende pas en Iran ; sa présence en République islamique pourrait causer une "crise majeure"
L’Egypte est mécontente du chef du Hamas Ismail Haniyeh pour sa participation aux funérailles du général iranien Qassem Soleimani, a rapporté le site d’information en langue arabe Dar al-Hayat, citant des « sources égyptiennes de confiance ».
Haniyeh a assisté au cortège funèbre depuis Téhéran pour Soleimani, qui a été tué vendredi à Bagdad par un drone américain, et a prononcé un discours dans lequel il a appelé le général iranien « le martyr de Jérusalem ».
Soleimani était commandant de la Force Al-Qods du Corps des Gardiens de la Révolution islamique, chargée des campagnes militaires de Téhéran et des expéditions à l’étranger.
Le chef du Hamas, qui réside dans la bande de Gaza, a été autorisé par les autorités égyptiennes, qui contrôlent avec Israël les points de passage de la bande de Gaza, à quitter l’enclave côtière et l’Égypte à condition qu’il ne se rende pas en Iran, ont indiqué les sources égyptiennes à Dar al-Hayat.
Début décembre, lors de son vol vers la Turquie, Haniyeh a entamé son premier voyage en dehors de Gaza et de l’Égypte depuis qu’il est devenu le chef du groupe terroriste en 2017. Il s’est rendu jusqu’à présent en Turquie, au Qatar et en Iran, où il a rencontré de nombreux hauts responsables de ces pays.
Le chef du Hamas a également ignoré les messages du Caire ainsi que d’autres pays à majorité arabe sunnite sur « la nécessité » de sa non-participation aux funérailles de Soleimani dans la capitale iranienne, ont également indiqué les sources égyptiennes.
Un responsable du Hamas à Gaza n’a pas répondu à une demande de commentaires.
En plus de prendre la parole aux funérailles, Haniyeh a rencontré à Téhéran le nouveau commandant de la Force Al-Qods, Esmail Ghaani.
Une photographie publiée lundi par la chaîne de télévision libanaise pro-Hezbollah al-Mayadeen montrait Haniyeh, Ghaani, le chef adjoint du Hamas Saleh al-Arouri et d’autres membres du bureau politique du groupe terroriste réunis.
Haniyeh s’est également rendu au domicile de Soleimani lundi et a exprimé ses condoléances à sa famille, selon le site web du Hamas. Une photo affichée sur les réseaux sociaux montre le chef du Hamas auprès de la famille de Soleimani, en compagnie du leader du Jihad islamique, Ziad al-Nakhalah.
L’Iran est largement considéré comme un soutien important aux ailes militaires du Hamas et du Jihad islamique, tant en termes d’armes que d’entraînement.
Le Hamas a récemment fait des efforts importants pour améliorer ses liens avec l’Égypte, le seul pays partageant une frontière avec Gaza en dehors d’Israël.
L’Égypte entretient des liens étroits avec plusieurs pays du Golfe, qui considèrent l’Iran comme un ennemi de premier plan.
Le groupe terroriste contrôle l’enclave côtière depuis 2007, date à laquelle il a expulsé du territoire l’Autorité palestinienne dominée par le Fatah.
Depuis plus d’un an, l’Égypte a également joué un rôle clef dans la négociation de divers accords officieux de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
Ces accords ont largement consisté pour Israël à lever les restrictions sur la circulation des biens et des personnes entrant et sortant de Gaza, en échange du maintien par le Hamas d’un calme relatif dans la région frontalière entre l’enclave côtière et l’État juif.
L’Egypte estime que la visite de Haniyeh en Iran lui causera des ennuis avec les Emirats arabes unis, qui ont demandé au Caire de conditionner les voyages du chef du Hamas au-delà de l’Egypte à ce qu’il ne se rende pas en République islamique, selon le rapport de mardi.
Le voyage du chef du Hamas à Téhéran va provoquer « une crise majeure » entre l’Egypte et le Hamas, ont prédit les sources égyptiennes.
Haniyeh n’a pas dit quand ni s’il prévoit de retourner à Gaza.