Le chef du Pentagone en Irak pour renforcer la lutte antijihadistes
Les préparatifs pour la reconquête de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, sont au cœur de cette visite non annoncée
Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter est arrivé lundi à Bagdad pour préparer un renforcement de l’aide militaire américaine aux troupes irakiennes engagées contre le groupe Etat islamique (EI).
Les préparatifs pour la reconquête de Mossoul, la deuxième ville d’Irak, sont au cœur de cette visite non annoncée au cours de laquelle Carter doit s’entretenir avec le Premier ministre irakien Haider al-Abadi et le ministre irakien de la Défense Khaled al-Obaidi.
« Le combat pour Mossoul sera crucial […] et nous allons devoir être plus agressifs » pour aider les forces irakiennes, a prévenu un responsable américain de la Défense.
Washington, qui dirige une coalition internationale frappant les jihadistes de l’EI en Irak et en Syrie, a pour l’instant déployé officiellement 3 870 soldats en Irak. Ces militaires ne participent pas directement aux combats mais entraînent et conseillent les forces irakiennes.
Avant de décider d’un engagement accru américain, qui comportera des « risques », le président américain Barack Obama veut être parfaitement en accord avec le Premier ministre irakien, a expliqué le responsable américain.
Du fait de l’opposition de certaines milices chiites, le renforcement éventuel de la présence militaire étrangère en Irak est en effet un sujet sensible pour Abadi, qui doit en outre faire face à une crise politique interne.
Son projet de remplacer le gouvernement actuel, composé de politiciens, par un cabinet de technocrates, dont la mission serait de mener des réformes anticorruption adoptées l’an dernier, se heurte en effet à la résistance des partis politiques au Parlement.
L’ONU et les Etats-Unis ont exprimé leur inquiétude de voir ces querelles politiques prendre le pas sur la lutte contre l’EI, qui contrôle des territoires à l’ouest et au nord de Bagdad.
Abadi doit « régler des défis sécuritaires, économiques et politiques extrêmement complexes », avait d’ailleurs relevé John Kerry, le chef de la diplomatie américaine, lors d’une récente visite à Bagdad.
Aide des pays arabes
Pour soutenir les forces irakiennes à reprendre Mossoul et sa région dans le nord du pays, le Pentagone examine l’envoi de moyens logistiques et d’éléments du Génie pour aider au franchissement des rivières.
Il envisage aussi des moyens de combat direct comme une intervention d’hélicoptères d’attaque américains Apache, déjà proposés pour l’offensive contre Ramadi mais non utilisés par les Irakiens, ou de canons américains, comme ceux de 155 mm qui ont commencé à tirer sur l’EI pour appuyer l’armée irakiennes près de Makhmur.
« Pour aider au succès d’une grande bataille, vous pouvez avoir besoin de plus que de troupes du Génie » construisant les ponts, a expliqué le responsable américain.
Mais l’augmentation du contingent américain restera faible et son rôle continuera d’être avant tout d’aider les troupes irakiennes, et non de mener les combats, a précisé cette source.
Plus d’un an et demi après les premières frappes contre l’EI, l’administration américaine est de plus en plus optimiste sur le succès de la campagne antijihadistes.
« Aujourd’hui, sur le terrain, en Syrie et en Irak, l’EI est sur la défensive et nous sommes à l’offensive », a récemment déclaré Obama.
Après Bagdad, Carter sera à Abou Dhabi mardi puis Ryad mercredi et jeudi pour évoquer notamment la reconstruction économique et politique de l’Irak avec les dirigeants des pays du Golfe.
Les Etats-Unis vont les exhorter à utiliser leur influence sur les sunnites d’Irak pour appuyer les efforts du Premier ministre Abadi pour construire un Irak multiconfessionnel, expliquent les responsables américains.
Et ils demanderont aussi aux pays du Golfe de contribuer à financer la reconstruction de l’Irak, dont l’économie est fortement affectée par la baisse des prix du pétrole.
Carter participera avec Obama jeudi à Ryad à un sommet des dirigeants du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et le Qatar).