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Le club de strip-tease Pussycat de Tel Aviv devient un centre de valeurs juives

Autrefois lieu présumé de trafic sexuel, le bâtiment, insolite, rond et en miroir, sur la plage, sert désormais de centre pour activistes et aide les femmes en difficulté

L'ancien bâtiment du Pussycat Club à Tel Aviv. (Crédit : Esther Rubyan/Flash90)
L'ancien bâtiment du Pussycat Club à Tel Aviv. (Crédit : Esther Rubyan/Flash90)

TEL AVIV (JTA) – Pendant des années, le bâtiment rond en miroir surplombant la marina de Tel Aviv a incarné la réputation de cette ville en tant que capitale du péché au Moyen Orient.

Situé entre les hôtels Sheraton et Hilton, sur l’un des terrains les plus chers d’Israël, le bâtiment d’Atarim Square abritait le Pussycat, un club de strip-tease chic et apprécié des gens puissants et riches. L’année dernière, le club s’est retrouvé au centre d’un scandale lorsque des enregistrements ont été diffusés montrant que le fils du Premier ministre, Yair Netanyahu, avait visité l’endroit avec son service de sécurité.

Mais le club a fermé ses portes cet été à la suite d’une bataille juridique, ce qui a conduit à sa transformation radicale en un centre d’apprentissage et d’activisme social juif. Le bâtiment, qui était prétendument un lieu de prostitution et de trafic sexuel, servira désormais de centre d’activisme visant, entre autres choses, à autonomiser les femmes issues de milieux en difficulté.

« C’est d’abord et avant tout une grande opportunité pour le tikkun », a déclaré Yakir Segev, un militant social bien connu, utilisant le mot hébreu pour « réparation ».

La semaine dernière, Segev et d’autres militants qui suivaient une formation dans l’ancien club ont préparé du café dans une kitchenette improvisée installée au pied du pôle principal de danse du Pussycat. Ils ont ouvert les rideaux de velours foncé suspendus aux fenêtres du front de mer, dévoilant un système d’escalier caché que les strip-teaseuses avaient l’habitude d’utiliser pour se déplacer inaperçus sur les 800 m2 de l’ancien club. Un autre rideau, masquant une mosaïque d’affiches érotiques, a été laissé en place.

L’activiste social Yakir Segev se trouve devant l’ancien club de strip-tease Pussycat, le 7 octobre 2019. (Cnaan Liphshiz/JTA)

En sous-sol, le club disposait de deux chambres sans fenêtre avec cabines de douche. Selon la police, ces pièces, où résonnaient les bruits de l’activité à l’étage, sont celles où les strip-teaseuses qui travaillaient aussi comme prostituées emmenaient leurs clients.

« Nous ne cachons pas ce qu’était cet endroit », a dit Segev à la Jewish Telegraphic Agency. « Au contraire, nous voulons nous en inspirer et utiliser son symbolisme. Dans un endroit où il y a eu de l’exploitation, il y aura de l’aide et de l’autonomisation pour les femmes. »

Pour certains observateurs, la réorientation de la place Atarim s’inscrit dans le cadre d’un changement plus large à Tel Aviv, qui est en train de perdre sa réputation de paradis hédonique et de devenir plus favorable aux familles et à la tradition juive.

Le bâtiment qui abritait autrefois le Pussycat a été transformé en un centre d’apprentissage juif et d’activisme social. (Cnaan Liphshiz/JTA)

Il y a dix ans, Israël faisait l’objet de critiques internationales en tant que centre de trafic sexuel, dont une grande partie était centrée à Tel Aviv. En 2005, le pays a été ajouté à la liste de surveillance de la traite des personnes du Département d’État américain.

Mais en 2012, Israël a changé la donne. Le Département d’État l’a élevé au rang des pays les mieux classés dans la lutte contre la traite des êtres humains. La police israélienne a nettoyé les rues autour de l’ancienne gare routière centrale, qui était devenue un refuge pour les proxénètes et les prostituées.

Une barre de pole dance dans l’ancien club Pussycat. (Cnaan Liphshiz/JTA)

En 2017, sous la pression de groupes de défense des droits des femmes et de résidents religieux, la police israélienne a recommandé de poursuivre en justice les propriétaires du Pussycat en les accusant d’y organiser des activités de prostitution, bien que les propriétaires aient niés ce fait. En fin de compte, les procureurs ont décidé de ne pas les inculper, invoquant un manque de preuves.

Mais la municipalité a retiré la licence du club, le laissant exposé à des poursuites en justice. Enfin, le club a dû fermer ses portes le mois dernier parce que la société immobilière qui a acheté Atarim Square a refusé de renouveler son bail.

« Le Pussycat était un vestige des années 1990 », a raconté à JTA Igal Zeevi, un guide touristique spécialiste de Tel Aviv. « À l’époque, on trouvait des bordels et des clubs de strip-tease à chaque coin de rue du centre de Tel Aviv. Ce genre de chose n’existe plus. »

Segev et un groupe de bénévoles ont demandé aux propriétaires du bâtiment de le mettre à la disposition de plusieurs organisations à but non lucratif, dont l’organisation de défense des droits Israelis et Ruach Hadashah de Segev, « nouvel esprit » en hébreu. M. Segev a indiqué que l’espace sera utilisé pour étudier des textes juifs, organiser des activités et des conférences et assurer la formation des groupes à risque, y compris les femmes.

De jeunes Israéliens sont formés par des bénévoles à l’ancien club Pussycat, le 7 octobre 2019. (Cnaan Liphshiz/JTA)

À Tisha BeAv, le jour de deuil pour la destruction des deux Temples de Jérusalem, Segev et d’autres activistes ont lu un parchemin de la Torah au club, conduisant à des articles erronés selon lesquels le club allait devenir une synagogue.

Le centre, qui a ouvert ses portes en septembre, restera opérationnel pendant au moins cinq ans, pendant que les propriétaires décident de l’aménagement de la propriété.

L’un des projets mis en œuvre dans ce centre consiste à apprendre aux jeunes femmes issues de milieux défavorisés à créer des sites Web. Les bénévoles aident ensuite les diplômées du programme à trouver des stages.

« Les femmes que nous formons viennent d’environnements qui ne les soutiennent pas », a déclaré la chef de projet qui, citant des problèmes de sécurité, s’est identifiée uniquement comme Gal. « On ne leur demande pas ce qu’elles ont fait, seulement ce qu’elles veulent faire dans l’avenir. »

Tout le monde n’est pas content

Une des danseuses qui travaillait au Pussycat n’est pas satisfaite de ce changement, qui lui a coûté son gagne-pain et celui de ses collègues.

Une chambre utilisée pour la prostitution au club Pussycat à Tel Aviv, selon la police. (Cnaan Liphshiz/JTA)

« Je trouve cela inacceptable », a déclaré la danseuse, qui s’est identifiée comme étant Kelly. « Ils ont fermé parce qu’ils voulaient construire un hôtel. »

Elle a affirmé que la création d’un centre communautaire dans cet endroit ressemblait à « un effort délibéré pour nous vexer ou pour nous donner une leçon ».

Au Pussycat, dit Kelly, les danseuses étaient protégées et gagnaient bien leur vie.

« Où pensez-vous que nous irons pour gagner autant d’argent ? » a-t-elle demandé. « Nous irons ailleurs, dans un endroit peut-être moins sûr. »

Segev s’est dit favorable à la protection de toutes les femmes, y compris celles qui travaillent dans l’industrie du sexe.

« Mais pas sur la plage de Tel Aviv, où les gens viennent en famille », ajoute-t-il. « Les clients de clubs comme le Pussycat sont invités à les chercher à la périphérie. Mais dans le centre de Tel Aviv, cela ressemble à une provocation. »

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