Le Hamas nie être impliqué dans l’attaque du Sinaï
Après la mort de 30 soldats la semaine dernière, le Caire va raser 680 maisons à la frontière pour isoler Gaza
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes

Les responsables du Hamas ont rejeté les accusations de l’Egypte au sujet de la participation palestinienne à l’attaque terroriste de la semaine dernière dans le nord du Sinaï, affirmant que les tunnels utilisés à des fins de contrebande allant de Gaza à la péninsule du Sinaï ont été complètement détruits il y a deux ans.
« Gaza n’a rien à voir avec ce qui se passe à l’intérieur de l’Egypte », affirme le porte-parole du ministère de l’Intérieur du Hamas, Lyad Al-Bozum, dans un communiqué posté samedi sur le site Internet du ministère. « Les tunnels entre Gaza et l’Egypte n’existent plus et sont dans le passé depuis que l’armée égyptienne les ont fermés il y a plus de deux ans ».
Le ministre–adjoint de l’Intérieur égyptien, Samih Bashadi, a précisé au quotidien saoudien A-Sharq Al-Awsat que l’attaque-suicide contre son armée à un point de contrôle près de la ville d’El-Arish qui a tué 30 soldats vendredi dernier, a été menée grâce à l’aide d’agents palestiniens.
Bashadi donnait des précisions sur les déclarations faites par le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi qui a parlé de « mains étrangères » impliquées dans l’attaque.
Mais l’armée égyptienne ne semble pas convaincue lundi par les affirmations de Bozum, à savoir que « la frontière avec l’Egypte est contrôlée et sécurisée, et fait l’objet d’une surveillance accrue de la part des agences de sécurité palestiniennes ».
Selon le quotidien londonien Al-Hayat, l’armée a entamé une procédure de « redistribution démographique temporaire » de la population qui vit le long du côté égyptien de la frontière. Elle compte relocaliser 680 familles pour créer une zone tampon d’une distance comprise entre 1,5 km et 3 km.
Une source sécuritaire anonyme a indiqué au quotidien que les maisons situées le long de la frontière abritaient des puits d’accès aux tunnels difficiles à repérer tant que l’on ne détruit pas les maisons.
Les hélicoptères de l’armée égyptienne ont mené des attaques aériennes contre des cibles à El-Arish et Sheikh Zweid dans le nord du Sinaï dimanche, indique le quotidien Al-Masry Al-Youm. Vingt-trois membres d’Ansar Bayt Al-Maqdis, une organisation affiliée à Al-Qaeda, ont été tués, dont deux personnes qui avaient participé aux attaques de vendredi, affirme le quotidien.
L’Egypte a commencé à détruire les tunnels de contrebande gazouis en 2009, mais a redoublé d’efforts en août 2012 après une attaque terroriste qui a tué 16 agents de la police des frontières près de la frontière israélienne.
Pendant le mandat du président destitué Mohammed Morsi, l’armée avait commencé à noyer les tunnels avec des eaux d’égout en 2013.
En insistant sur le fait qu’il n’y a actuellement aucun tunnel sous la frontière, le responsable du Hamas, Ahmad Youssef, précise à l’agence de presse Maan lundi que la décision égyptienne de créer une zone tampon « n’affectera pas la bande Gaza ». Il ajoute que le Hamas est prêt à déployer ses forces le long de la frontière pour augmenter le sentiment de sécurité des Egyptiens.
Mais le chef des relations extérieures du Hamas, Osama Hamdan, a expliqué à la chaîne qatarie Al-Jazeera dimanche que cette nouvelle zone tampon équivaut à de l’ « incitation contre le peuple palestinien » et « renforcera le siège imposé sur Gaza pendant des années ». Hamdan affirme que ce sont « des mains israéliennes » qui sont impliquées dans l’attaque du Sinaï.
L’Egypte, pour sa part, a fermé jusqu’à nouvel ordre samedi le passage de Rafah.
Le ministre de l’Intérieur du Hamas a arrêté d’ajouter des noms à la liste des personnes qui souhaitent entrer sur le sol égyptien.