Israël en guerre - Jour 560

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La mort du juge révèle des tensions internes en Jordanie

Certains considèrent la mort de Raed Zeiter davantage comme un problème palestinien plutôt que jordanien

Un étoile de David peinte sur le sol d'une cour de justice à Amman, lieu de travail du juge Raed Zeiter (Crédit : Michal Shmulovich)
Un étoile de David peinte sur le sol d'une cour de justice à Amman, lieu de travail du juge Raed Zeiter (Crédit : Michal Shmulovich)

La colère monte dans la capitale jordanienne, après qu’un soldat israélien a tué un juge d’origine palestinienne au poste de frontière du Roi Hussein/Allenby lundi soir.

Cette réaction n’est pas surprenante, car une vaste majorité des résidents de la ville sont d’origine palestinienne et fermement opposés à Israël.

Le juge, Raed Zeiter, a été décrit par l’avocat Rafat Tarawneh comme « un homme très calme et patient qui perd difficilement son sang-froid. »

Tarawneh et d’autres avocats raillaient souvent le caractère méticuleux de Zeiter. Ils disaient qu’il lui fallait deux fois plus de temps pour clore une affaire que ses collègues.

Tarawneh souligne que, pour la plupart des Jordaniens, Israël est « néfaste, » et le meurtre de Zeiter est une nouvelle preuve – encore « un mauvais acte » perpétré par Israël.

Zeiter, âgé de 38 ans, était juge au tribunal d’instance d’Amman.

Il voyageait de la capitale jordanienne vers sa ville d’origine en Cisjordanie, Naplouse. Il a été tué par balle sur sa route, par un soldat israélien, suite à une échauffourée.

Pour la plupart des Jordaniens, Israël est « néfaste, » et le meurtre de Zeiter est une nouvelle preuve – encore « un mauvais acte » perpétré par Israël.

Les autorités israéliennes affirment que Zeiter s’est jeté sur le soldat, essayant d’attraper son arme et de l’étrangler.

Mais les médias palestiniens citent des témoins qui affirment que le soldat aurait provoqué et attaqué le juge, et non l’inverse.

Le Premier ministre jordanien, Abdallah Nsour, a déclaré le lendemain qu’il tenait le gouvernement israélien pour responsable du meurtre.

Pour la plupart des Jordaniens, Israël est « néfaste, » et le meurtre de Zeiter est une nouvelle preuve – encore « un mauvais acte » perpétré par Israël.

S’exprimant au tribunal mercredi, Tarawneh a affirmé éprouver une grande tristesse pour la perte du juge, avec qui il n’était pas toujours d’accord, mais qu’il respectait néanmoins.

Selon Tarawneh, l’incident est un « accident malheureux » qui ternira l’image d’Israël auprès des Jordaniens, alors que les relations entre les deux pays allaient de l’avant, du moins au niveau militaire et officiel. Ce développement est, selon lui, « regrettable. »

« Je pense que cela [la fusillade] aurait pu être un malentendu, » a affirmé Tarawneh. L’avocat a indiqué que la lenteur des mouvements de Zeiter pouvait parfois prêter à confusion, que certaines personnes pouvaient l’interpréter comme de la paresse ou de l’inattention.

Il a ajouté que le comportement de Zeiter, comme l’illustre son voyage secret à Naplouse, où il devait apporter de l’argent à son fils hospitalisé, était inexplicable.

« Il [Zeiter] se rendait à Naplouse – mais ce que je ne comprends pas est : pourquoi n’a-t-il dit à personne qu’il y allait ? C’est un juge qui traite environ 50 affaires par jour, et il n’a pas dit à son patron qu’il s’absentait ? Ce n’est pas clair, » a souligné Taralawneh.

« En fin de compte, je pense que les résultats d’une enquête [israélienne et jordanienne] aideront les gens à comprendre ce qui s’est passé et à nous calmer, parce que cela ne peut pas être toute l’histoire… Je suis passé par ce poste de frontière de nombreuses fois et les Israéliens y sont généralement très professionnels. Je ne comprends pas comment quelqu’un pourrait y être abattu, sans raison. »

Des Palestiniens portent le corps de Raed Zeiter, 38 ans, lors de ses funérailles dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie, le 11 mars 2014  (Crédit : AFP PHOTO / AHMAD GHARABLI)
Des Palestiniens portent le corps de Raed Zeiter, 38 ans, lors de ses funérailles dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie, le 11 mars 2014 (Crédit : AFP PHOTO / AHMAD GHARABLI)

Hassan Ghaith, un ingénieur jordanien originaire de Hébron, voit les choses différemment. Le fait que la fusillade soit un accident ou non lui importe peu.

« Oui, nous sommes en colère. Bien sûr que nous sommes en colère, il est mort ! Nous voulons que justice soit faite au soldat qui l’a tué [Zeiter]. Nous voulons qu’il soit puni, comme l’a été Ahmad Daqamseh pour avoir tué ces filles [israéliennes], » a-t-il déclaré jeudi après les manifestations au tribunal.

« Mais nous savons qu’il n’en sera rien… Le parlement ne peut rien faire, et ce roi [Abdullah II] est faible, et il fera tout ce qu’Israël voudra, » a-t-il indiqué.

Pour Ghaith et d’autres, le sentiment de manque de justice par rapport au meurtre contribue au sentiment de frustration ressenti par Amman.

Les Palestiniens se sentent impuissants, selon Ghaith. La fusillade rappelle que, en Jordanie, les Palestiniens occupent une position délicate au sein de la société. Il en font partie intégrante, mais sont tout de même des étrangers.

Il y a seulement quelques décennies, les Palestiniens étaient exclus des hauts postes au gouvernement et de la société civile.

Sami al-Jbhour est un avocat à Amman, originaire d’une tribu bédouine du sud de la Jordanie. Il affirme que l’incident rappelle que la Jordanie est un pays « qui a toujours ouvert ses portes à beaucoup d’étrangers. »

Pour Jbhour, les étrangers ne sont pas seulement les Palestiniens, qui constituent 60 % de la population du pays.

Ce sont aussi les Irakiens et les Syriens, arrivés en masse au pays dans les années récentes. Ils avivent les tensions que ressentent les Jordaniens qui ont peur de devenir des étrangers dans leur propre pays.

« Cet incident est très triste, personne aime quand quelqu’un meurt. Mais il ne s’agit pas d’une situation politique, ou d’un événement qui mettrait fin aux relations avec Israël, » a exprimé Jbhour de son bureau situé à l’est d’Amman.

Selon lui, malgré la maladresse des manifestations au parlement, le roi est seul à détenir le pouvoir des relations diplomatiques.

Jbhour a souligné que « pour les vrais Jordaniens, Israël n’est qu’un autre pays. » Il explique que des relations normales avec Jérusalem sont importantes pour le peuple, surtout dans les domaines de la technologie et de la coopération pour l’eau.

Il décrit la fusillade comme un problème israélo-palestinien, plus qu’un problème israélo-jordanien.

« Si les Palestiniens s’installent ici et se construisent une vie ici, pourquoi se considèrent-ils palestiniens ? Ils sont jordaniens »

Sami al-Jbhour

« Si les Palestiniens s’installent ici et se construisent une vie ici, pourquoi se considèrent-ils palestiniens ? Ils sont jordaniens, », conclut-il.

Pour Tarawneh, qui appartient à une importante tribu jordanienne, le fait que Zeiter soit d’origine palestinienne complique l’affaire.

A l’enterrement de Zeiter, deux drapeaux ont été hissés, un palestinien, un jordanien. Selon Tarawneh, cet acte symbolise le léger doute qu’ont certains Jordaniens sur la loyauté des Palestiniens envers la Jordanie.

Zeiter, par exemple, détenait un passeport jordanien, mais sa vraie identité reste pourtant à déterminer.

Que ce soit parce que les Jordaniens ont peur d’être dépassés en nombre, ou parce que le Moyen Orient a une culture de division des groupes ethniques, la fusillade révèle la précarité de la situation des Palestiniens en Jordanie.

Bien sûr qu’ils sont jordaniens, mais en fin de compte, ils sont souvent considérés comme des visiteurs dans la maison de quelqu’un d’autre.

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