Le procureur de l’État supervisera l’enquête sur les émeutes meurtrières de Jit
Lors d'une réunion avec de hauts responsables de l'application des lois, Amit Aisman, entre autres, aurait critiqué le manque d'efficacité de la police en Cisjordanie
Le procureur de l’État, Amit Aisman, a annoncé dimanche qu’il allait superviser une enquête sur les émeutes perpétrées jeudi par des résidents d’implantations extrémistes dans le village palestinien de Jit.
Au cours des émeutes, Rasheed Seda, un informaticien de 23 ans, a été tué, des maisons et des véhicules ont été incendiés. Aucun suspect n’a encore été arrêté.
Aisman a convoqué dimanche une réunion de hauts fonctionnaires du bureau de la procureure générale et de représentants de la police israélienne, de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet et de l’armée israélienne afin de discuter de l’enquête sur les émeutes, a indiqué son bureau dans une déclaration à la presse.
Au cours de la réunion, il a été décidé que le bureau du procureur de l’État du district du centre « supervisera étroitement » les dossiers d’enquête ouverts sur ces émeutes, « sous la supervision du procureur de l’État et du procureur adjoint de l’État ».
« À l’issue de la réunion, il a été convenu que toutes les branches de tous les organismes d’application de la loi combineront leurs efforts » afin de poursuivre ceux qui « ont porté atteinte aux personnes et aux biens », a indiqué le bureau du procureur de l’État.
Selon un reportage de la Treizième chaîne, Aisman a déclaré lors de la réunion qu’il était « impensable qu’aucune preuve n’ait été recueillie sur les lieux », tandis qu’un responsable du Shin Bet a déclaré que la police « a mis du temps à arriver, et ce n’est pas la première fois ».
Un haut fonctionnaire du ministère de la Justice a déclaré que « la conduite de la police [de Cisjordanie] au cours de l’année et demie écoulée a été scandaleuse », ajoute le reportage.
Depuis le début de la guerre menée à Gaza, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, de nombreux médias ont fait état de l’incapacité de la police à lutter contre les violences commises par les résidents d’implantations à l’encontre des Palestiniens en Cisjordanie.
Une centaine de résidents d’implantations radicaux auraient perpétré ce carnage dans la nuit de jeudi à vendredi, incendiant au moins quatre maisons et six véhicules dans le village situé juste à l’ouest de Naplouse.
Selon un reportage de la BBC, lorsque des jeunes gens de la ville ont tenté de repousser les émeutiers en leur jetant des pierres, les résidents d’implantations ont ouvert le feu dans leur direction.
Outre l’homme qui a été tué, au moins un autre Palestinien aurait été grièvement blessé lors de l’incident, selon le Croissant-Rouge palestinien.
Les émeutes ont été condamnées par les dirigeants israéliens, toutes tendances politiques confondues, et ont également suscité des réactions internationales, notamment de la part de la Maison Blanche et de plusieurs diplomates européens.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’il considérait l’incident « avec sévérité », bien qu’il ait semblé considérer les actions comme une tentative malavisée de lutter contre le terrorisme, en déclarant : « Ceux qui combattent le terrorisme sont uniquement les forces de Tsahal et de sécurité, et personne d’autre. »
Le président Isaac Herzog a publié une déclaration disant qu’il « condamnait fermement » ces violences, affirmant que ce n’était « pas notre façon de faire et certainement pas celle de la Torah ni du judaïsme » et appelant à une action rapide pour « traduire les contrevenants à la loi en justice ».
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a dénoncé la « poignée d’extrémistes » qui s’est déchaînée à Jit « alors que nos soldats se battent sur différents fronts pour défendre l’État d’Israël ».
Yaïr Golan, chef de l’alliance de gauche Les Démocrates, a blâmé la coalition pour ce qui s’est passé, écrivant sur le réseau social X : « Netanyahu a fait entrer les représentants des émeutiers de Kfar Jit à la Knesset et les a nommés ministres. Il ne s’agit donc pas d’une extrême minorité ou d’un petit problème, mais plutôt d’un groupe violent qui bénéficie d’un énorme soutien de la part du gouvernement. »
Dans une déclaration au Times of Israel jeudi soir, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) américain a déclaré que « les attaques de résidents d’implantations violents contre des civils palestiniens en Cisjordanie sont inacceptables et doivent cesser ».
« Les autorités israéliennes doivent prendre des mesures pour protéger toutes les communautés. Il s’agit notamment d’intervenir pour mettre fin à ces violences et de demander des comptes à tous les auteurs de ces violences », poursuit le communiqué.