Le Qatar a brièvement expulsé le Hamas lors de l’échec des pourparlers en avril – sources
Les chefs du groupe terroriste ont été transférés en Turquie, mais ont été autorisés à revenir quelques semaines plus tard, alors que les pourparlers s'intensifiaient
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
WASHINGTON – Le Qatar a discrètement demandé aux dirigeants du Hamas de quitter Doha le mois dernier, frustré par la gestion des négociations sur les otages par le groupe terroriste palestinien, ont déclaré deux responsables gouvernementaux au Times of Israel cette semaine.
C’était la première fois depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas que le Qatar prenait une telle mesure, dans le but de faire pression sur le groupe terroriste pour qu’il accepte un compromis dans des négociations qui n’ont toujours pas porté leurs fruits depuis l’accord d’une semaine fin novembre.
La directive qatarie est survenue peu après l’annonce faite le 17 avril par le Premier ministre Mohammed ben Abdulrahman al-Thani, selon laquelle Doha avait décidé de réexaminer son rôle de médiateur, ont indiqué les responsables.
La frustration d’al-Thani a été perçue comme étant principalement dirigée contre Israël, suite aux critiques répétées du Qatar par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres dirigeants israéliens au cours des négociations sur les otages. Jérusalem a particulièrement critiqué ce qu’elle considère comme l’incapacité du Qatar à exercer une pression adéquate sur son client de longue date, le groupe terroriste palestinien du Hamas, au cours des pourparlers.
Mais les fonctionnaires qui ont parlé au Times of Israel sous le couvert de l’anonymat ont révélé que la révision annoncée par le Premier ministre découlait également d’une frustration à l’égard du Hamas, à savoir le refus du groupe terroriste de faire des compromis suffisants lors des cycles successifs de négociations sur les otages.
Après avoir été sommés de quitter le Qatar, les dirigeants du Hamas se sont rendus en Turquie où ils sont restés plusieurs semaines, rencontrant le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a salué leurs efforts dans la lutte contre Israël.
Environ deux semaines plus tard, l’Égypte a lancé sa propre initiative pour négocier un accord sur les otages.
Alors que ces négociations commençaient à s’enliser, le Qatar a informé les dirigeants du Hamas qu’ils pouvaient retourner à Doha, dans l’espoir d’empêcher l’échec des pourparlers.
Cependant, les négociations ont continué à s’effondrer après le retour du Hamas au Qatar.
Quelques semaines auparavant, le Hamas avait déclaré qu’il avait accepté une proposition de trêve élaborée par les médiateurs qataris et égyptiens.
Cette annonce a suscité des célébrations à Gaza, mais les États-Unis ont précisé par la suite que le Hamas avait en fait publié une réponse considérablement modifiée à la proposition élaborée précédemment par les médiateurs et approuvée par Israël. La réponse du Hamas comprenait des exigences que les États-Unis et Israël ont jugées inacceptables.
Les négociations ont ensuite été interrompues et n’ont toujours pas repris, les parties n’étant pas parvenues à combler le fossé qui les séparait sur la question fondamentale des pourparlers : le Hamas cherche à obtenir un accord sur les otages qui mette définitivement fin à la guerre déclenchée par son l’assaut barbare et sadique du 7 octobre, tandis qu’Israël n’est disposé à accepter qu’une trêve temporaire, dans la mesure où il cherche à achever le démantèlement du groupe terroriste.
Les deux responsables ont déclaré que l’échec des négociations s’expliquait en partie par le fait que l’Égypte avait présenté des propositions distinctes à Israël et au Hamas. Celle discutée avec Israël était plus proche de la position de Jérusalem, ce qui lui laissait la possibilité de poursuivre la guerre après la mise en œuvre de la trêve et de l’accord sur les otages. En revanche, celle présentée au Hamas était plus proche de sa demande de rendre la trêve initiale permanente.
Les fonctionnaires ont déclaré que cette stratégie n’avait pas été coordonnée avec les autres médiateurs et qu’elle avait particulièrement irrité le directeur de la CIA, William Burns, qui avait été l’un des principaux intermédiaires.
Malgré ce nouvel échec des négociations, les dirigeants du Hamas sont restés au Qatar, qui continue à les exhorter à revenir à la table des négociations. La directive initiale de Doha leur enjoignant de partir ne semble plus d’actualité, al-Thani ayant déclaré cette semaine que les pourparlers étaient dans l’impasse en raison des opérations militaires d’Israël à Rafah.
Le mois dernier, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré à al-Thani que Doha devrait expulser les dirigeants du Hamas s’ils continuaient à rejeter les propositions relatives à l’accord sur les otages, selon un responsable américain. Le message était encore conditionnel et aucune directive claire de Washington n’a été donnée à Doha pour l’inciter à procéder à une expulsion officielle et publique.
Le Qatar est prêt à prendre une telle mesure si une demande directe lui est faite, a déclaré au début du mois au Times of Israel une source au fait de la question.
Un haut fonctionnaire israélien a déclaré au Times of Israel que le Qatar devrait non seulement menacer d’expulser le Hamas du Qatar, mais aussi geler ses avoirs afin de faire pression sur le groupe terroriste palestinien.
Par ailleurs, le coordinateur de la Maison Blanche pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Brett McGurk, s’est rendu au Qatar en début de semaine, où il a rencontré al-Thani pour tenter de relancer les pourparlers sur les otages, ont indiqué les responsables.
La CIA s’est refusée à tout commentaire.
Les ministères des Affaires étrangères égyptien et qatari, ainsi qu’un porte-parole du Hamas, n’ont pas non plus répondu aux demandes de commentaires.