Israël en guerre - Jour 366

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Le risque de mortalité a augmenté en trois semaines et demi en Israël

Le nombre de lits ou de respirateurs n'est pas en cause ; il n'y a simplement pas assez de personnels qualifiées si le nombre de patients continue à augmenter, disent des experts

Des médecins tentent de sauver une personne atteinte de pneumonie suite au virus de la COVID-19. (Crédit : iStock)
Des médecins tentent de sauver une personne atteinte de pneumonie suite au virus de la COVID-19. (Crédit : iStock)

La qualité et le niveau des soins vont chuter dans les hôpitaux israéliens et les probabilités de mourir des suites de la COVID-19 vont augmenter d’ici seulement trois semaines à moins que le pays n’assiste à un ralentissement des taux d’infection, a établi une équipe de recherche de l’université Hébraïque.

Au-delà des prédictions pessimistes sur les soins apportés aux patients, les analystes ont estimé qu’il était possible que le pays enregistre cent décès supplémentaires des suites de la maladie avant la fin du mois de juillet.

Nadav Katz, de l’Institut de Physiques Racah, au sein de l’université Hébraïque de Jérusalem, a indiqué que si le taux de propagation actuel devait se maintenir, il y aurait, d’ici 24 jours, plus de 1 000 malades dans un état modéré à grave, ce qui est « à peu près la capacité de notre système de soins ».

Il a déclaré au Times of Israël que son équipe utilisait des modèles statistiques et qu’elle avait établi qu’une fois passé le cap des 1 000 patients atteints par une forme grave ou modérée du coronavirus – un chiffre qui n’est pas si éloigné aujourd’hui – les hôpitaux trouveront encore des lits mais « les flux deviendront insupportables » et « la qualité des traitements et le niveau des soins vont se détériorer, et le niveau de mortalité va empirer ».

Il a ajouté que « quand un système médical dépasse ses capacités, les standards de soin baissent et le résultat est une survie moindre des patients gravement malades ».

Des membres de l’équipe médicale Ziv examinent un faux patient du coronavirus lors d’un exercice de simulation de traitement dans une unité de soin intensif au centre médical Ziv à Tzfat le 9 juillet 2020. (Photo par David Cohen/Flash90 )

« Les équipements et les infrastructures ne sont pas mises en cause, c’est plutôt le manque de personnels qualifiés », a-t-il continué. « Il ne s’agit pas d’acheter un plus grand nombre de respirateurs mais plutôt d’avoir une équipe qui sache les utiliser ».

Katz fait partie d’une équipe de statisticiens spécialistes de l’université Hébraïque, aux côtés du docteur du centre médical Hadassah Ronit Calderon-Margalit; de l’épidémiologiste Ran Nir-Paz, expert des maladies infectieuses et de plusieurs autres personnes.

Cette équipe est représentée au sein de la commission de conseil du ministère de la Santé.

Le Prof. Nadav Katz du Centre scientifique d’information quantique de l’Université Hébraïque. (Autorisation : Yitz Woolf pour l’Université Hébraïque)

Katz a précisé que le nombre combiné de malades modérés et graves était actuellement multiplié par deux tous les douze jours. Il s’élève actuellement à 274. Si le coronavirus continue à se propager à ce rythme – passant d’ici 24 jours à plus de mille nouveaux cas – il faudra tirer la sonnette d’alarme, a-t-il affirmé.

« Quand on atteindra la moitié des capacités hospitalières, cela commencera à être déjà trop tard », a estimé Katz. « Il ne sera pas possible d’appuyer sur un bouton pour renverser le cours des choses ».

Le docteur Zeev Feldman fait une déclaration aux médias, au centre médical Sheba près de Tel-Aviv, le 15 septembre 2016. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

L’évaluation par Katz des capacités des services de santé et sa crainte face à une éventuelle détérioration de la qualité des soins sont partagés par des professionnels, dans les hôpitaux.

« Avant le coronavirus, on avait 758 lits de soins intensifs au sein d’Israël et on en a ajouté quelques-uns de plus. Nos capacités s’élèvent probablement à mille aujourd’hui », explique Zeev Feldman, vice-président de l’Association médicale israélienne et neuro-chirurgien en pédiatrie au centre médical Sheba de Ramat Gan.

Feldman dit ne pas vouloir recourir à des « prophéties apocalyptiques », et il pense qu’il y a des chances que les restrictions adoptées au début du mois entraîneront des résultats, puisqu’elles se sont d’ores et déjà révélées efficaces pour ralentir la propagation de l’épidémie. Il contrôle néanmoins minutieusement le nombre de cas graves qui, selon lui, sont un meilleur indicateur de la situation que ne l’est le décompte par Katz des malades graves ou modérés.

Le nombre de cas graves s’élève actuellement à 172, ce qui représente des chiffres qui ont été multipliés par deux en l’espace de dix jours. Feldman explique que si ce nombre grimpe à 300, les patients « sont susceptibles d’obtenir des soins moins bons » et, s’il atteint les 500 – ce qu’il considère comme la capacité nationale disponible dans les hôpitaux – les malades, « bien sûr », bénéficieront d’une qualité de soins encore inférieure.

« Ils seront soignés par des personnels moins qualifiés », commente-t-il.

Photo d’illustration – Une équipe de soignants portant des respirateurs et une combinaison de protection s’apprêtent à entrer dans la chambre d’un malade de la COVID-19 dans une unité de soins intensifs du Harborview Medical Center, à Seattle (Crédit : . AP Photo/Elaine Thompson, File)

« Les soins intenses à apporter à un patient du coronavirus nécessitent bien plus que l’intubation et la mise sous respirateur », continue Katz, et les personnels correctement formés sont insuffisants.

Pour l’équipe de Katz, le moment de vérité surviendra ce week-end, quand ce sera possible d’évaluer si les nouvelles restrictions adoptées au début du mois ont eu un impact positif. La logique est que les patients ont tendance à finir dans les hôpitaux deux semaines environ après avoir été contaminés et que si les limitations imposées le 2 juillet sont parvenues à réduire le nombre de contaminations, cet effet se fera ressentir dans les unités au cours des prochains jours.

Il note que s’il n’y a pas d’améliorations, le gouvernement devra émettre plus de restrictions et le public s’impliquer davantage, par ses comportements, dans le ralentissement de la propagation de l’épidémie.

« Ce n’est pas une tragédie grecque, l’avenir n’est pas encore écrit », affirme-t-il. « Nous avons le pouvoir de changer les choses et d’échapper à tout ça ».

Les conclusions de Katz contrastent profondément avec les évaluations pleines d’optimisme qui avaient été faites par un éminent médecin de Jérusalem, jeudi dernier.

« Je ne pense pas que nous serons pris de court et surchargés cette fois. Nous sommes encore loin d’avoir atteint nos capacités maximales », avait déclaré le professeur Jonathan Halevy, président du centre médical Shaare Zedek, à Jérusalem, qui est également membre d’une commission publique d’information au ministère de la Santé. « J’ai confiance en ce qui concerne les prochains mois. Et je suis également optimiste pour l’hiver », avait-il continué.

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