Le Washington Post admet que sa Une sur l’attaque à Majdal Shams manquait de « contexte adéquat »
L'éditeur a publié une note reconnaissant les critiques formulées de sa couverture juxtaposant l'image de membres d'une famille druze en deuil et le titre sur les frappes israéliennes au Liban
Le Washington Post a présenté mardi ses excuses pour la Une qu’il avait fait paraître la veille, qui juxtaposait une image de membres d’une famille pleurant un enfant tué dans une attaque à la roquette du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah sur le plateau du Golan, avec un titre indiquant « Israël frappe des cibles au Liban ».
Le sous-titre de l’article accompagnant l’image ne mentionnait pas non plus la frappe du Hezbollah qui a tué douze enfants jouant sur un terrain de football et une aire de jeux dans la ville druze de Majdal Shams.
Dans une note de la rédaction publiée dans l’édition imprimée de mardi, le journal a admis que « le titre et le sous-titre qui accompagnaient une photo et un article de la Une du 29 juillet sur les frappes israéliennes contre des cibles du Hezbollah au Liban ne fournissaient pas un contexte adéquat ».
La note ajoute que « [les] titres auraient dû indiquer que les frappes israéliennes étaient une réponse à un tir de roquette en provenance du Liban qui a tué douze enfants et sur adolescents le plateau du Golan en territoire israélien. La photo représente le deuil de l’une de ces victimes, comme l’indique la légende ».
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La Une initiale avait suscité l’indignation de nombreuses personnalités et groupes pro-Israël en ligne, l’American Jewish Committee (AJC) écrivant sur le réseau social X : « Ce n’est pas du journalisme. C’est une dangereuse distorsion de la réalité. »
Sur son compte officiel X, l’ambassade d’Israël aux États-Unis a écrit : « Même avec une photo des funérailles d’un enfant israélien tué par le Hezbollah, le @washingtonpost a choisi de présenter Israël comme l’agresseur dans son titre. Un journalisme honteux. »
Ce n’est pas la première fois que le journal est critiqué pour sa couverture de la guerre israélienne en cours menée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza.
Au début du mois, il avait été critiqué après avoir reproché aux parents de l’otage israélo-américain Omer Neutra de ne pas avoir mentionné « l’assaut d’Israël sur Gaza » lorsqu’ils s’étaient adressés à la Convention nationale républicaine et avaient appelé à sa libération.
Le journal a également qualifié de « disparu » Omer, capturé par des terroristes du Hamas le 7 octobre.
« Omer Neutra est porté disparu depuis l’attaque [le pogrom] du 7 octobre contre Israël », a indiqué le journal sur X avec un lien vers son article sur les parents d’Omer , Ronen et Orna, qui se sont adressés à la Convention nationale républicaine à Milwaukee mercredi, entraînant la foule à scander « Ramenez-les à la maison ».
« Lorsque ses parents s’expriment publiquement, ils ne parlent pas de l’assaut d’Israël sur Gaza qui a tué plus de 38 000 Palestiniens, selon les responsables locaux. Des experts ont mis en garde contre une famine imminente », peut-on lire dans le message.
L’article a immédiatement suscité un tollé, et le journal l’a remplacé par la suite, mais l’article a conservé la formulation originale, notant que les Neutra « ne parlent pas de la férocité de la contre-attaque d’Israël, qui a tué plus de 38 000 Palestiniens et fait près de 90 000 blessés, selon le ministère de la Santé de Gaza ».
Le Washington Post, qui appartient au fondateur d’Amazon Jeff Bezos, a également été accusé au début de l’année d’utiliser une expression antisémite pour critiquer les partisans d’Israël.
En mai, le maire adjoint de New York, Fabian Levy, s’était déclaré « choqué » lorsque le journal lui avait demandé de commenter son article selon lequel des milliardaires juifs avaient influencé la décision du maire Eric Adams d’envoyer la police de New York (NYPD) disperser un campement anti-Israël à l’Université de Columbia.
« Insinuer que des donateurs juifs ont secrètement comploté pour influencer les opérations gouvernementales est un cliché antisémite trop familier que le Washington Post aurait dû avoir honte d’interroger, sans parler de le publier en réalité », a écrit Levy.
En novembre, le journal avait ajouté une note de rédaction détaillée à un article qu’il avait publié sur les difficultés rencontrées par les nouveau-nés à Gaza. La note soulignait que l’article original « caractérisait mal certains aspects des règles israéliennes relatives aux autorisations » accordées aux femmes enceintes pour accoucher en Israël, et « affirmait à tort que toutes les mères palestiniennes ayant reçu l’autorisation de quitter Gaza pour des raisons humanitaires devaient retourner dans la bande de Gaza pour présenter une nouvelle demande ».
La note de l’éditeur souligne également que le journal « a négligé de demander des commentaires aux responsables israéliens pour cet article, une omission qui n’a pas respecté les normes d’équité du Post ».