L’enseignement de la Shoah à l’école élémentaire, selon un professeur
Pour un enfant de CM2, parler des chambres à gaz pourrait s’avérer être une expérience traumatisante. Mais l'important, selon L. Klein, est de "nommer le but ultime des bourreaux"
La date-anniversaire de la libération d’Auschwitz, le 27 janvier, a été déclarée en 2002 Journée de commémoration des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité par les ministres de l’éducation des Etats membres du Conseil de l’Europe.
« Le ministère de l’éducation nationale recommande de célébrer cette journée par un travail réalisé en classe, » rappelle Le Monde.
C’est dans les colonnes du même quotidien que Laurent Klein, professeur des écoles, raconte les hésitations et les doutes qu’il a ressentis lorsqu’il a envisagé d’enseigner l’histoire de la Shoah à ses élèves de CM2.
« C’est une chose d’enseigner les conquêtes, la Résistance et la collaboration », explique-t-il. « C’en est une autre de parler de la négation du caractère humain d’une population, de l’assassinat de masse, de l’exclusion et de la mise à mort d’enfants ».
A l’enseignant se pose alors une foule de questions : comment transmettre sans traumatiser les enfants ? Comment ne pas se laisser submerger par l’émotion à l’évocation de la fin tragique dans des chambres à gaz ?
Mais Laurent Klein explique : « Si le but ultime recherché par les bourreaux est compris et nommé, il n’est pas nécessaire d’en dire davantage sur l’extermination : ce sujet sera étudié au collège et au lycée. Des outils pédagogiques adaptés à l’âge et à la sensibilité d’élèves de CM2 existent ».
Ils permettent « en s’appuyant sur les témoignages de ceux qui étaient des enfants de leur âge » aux enfants de CM2 « de comprendre les processus d’exclusion, de ressentir l’amertume du rejet et la chaleur du secours et de découvrir – par l’exemple des Justes – le sens profond de l’engagement pour autrui ».