L’équipe de campagne de Sanders au secours de Corbyn au Royaume-Uni
Les bénévoles utilisent leur savoir-faire pour donner des instructions aux militants. Objectif : Rassembler les soutiens autour du candidat du Labour à quelques jours du scrutin
Les membres de l’équipe de campagne de l’ancien candidat américain à la présidentielle Bernie Sanders se trouvent actuellement au Royaume-Uni pour aider le leader du parti travailliste Jeremy Corbyn à tenter de devenir le prochain Premier ministre, a rapporté mardi le Guardian.
Momentum, décrit comme « un groupe de pression de gauche », organise des sessions de formation à l’intention des militants du Labour pour leur apprendre à mener une campagne efficace. Certains des instructeurs appartenaient à l’équipe de Sanders en 2016.
Même s’il n’a finalement pas emporté l’adhésion des Démocrates, perdant face à son adversaire Hillary Clinton qui bénéficiait du soutien des comités d’état de son parti, Sanders, l’outsider, a gagné les votes dans des états clés comme l’Indiana, le New Hampshire et le Michigan durant les primaires. Corbyn est à la traîne dans les sondages, derrière la Première ministre Theresa May à la tête du parti conservateur.
Erika Uyterhoeven, une trentenaire originaire de Boston, fait partie de l’équipe qui partage son savoir-faire avec l’équipe de campagne de Corbyn.
Résumant l’approche de Sanders, elle a déclaré : « La droite peut investir de l’argent dans les élections – nous investissons dans les gens ».
Uyterhoeven a expliqué qu’elle a été attirée par Corbyn en raison de sa sincérité – un trait, affirme-t-elle, qu’il partage avec Sanders.
« Il y a une chose avec Bernie – qui, je pense s’applique aussi à Corbyn – c’est qu’il a une certaine intégrité « , a-t-elle dit.
« Il y a un slogan ‘vous ne pouvez pas acheter Bernie’. Il n’a jamais été influencé par l’argent ou par les politiques », a-t-elle ajouté. « Corbyn c’est pareil, il ne fait pas ça pour sa gloire ou pour son ego ou pour de l’argent – il est là pour les gens. C’est un truc nouveau en politique et je pense que c’est pour ça que tant de gens se sont impliqués ».
Corbyn, qui est devenu le chef du Labour en 2015, est un politicien d’extrême-gauche.
Le président de l’organisation du Conseil des Représentants des Juifs Britanniques a indiqué pour sa part que « la majorité des membres de la communauté juive ne peuvent pas lui faire confiance » en raison de son soutien au Hezbollah et au Hamas, et de ce qui a été perçu comme une incapacité chez lui à mettre un terme à la rhétorique antisémite de certains de ses partisans.
Lundi, Corbyn et May ont adopté deux approches différentes des négociations du Brexit lors d’une émission télévisée en amont des élections législatives du 8 juin.
Dix jours avant le scrutin, les deux adversaires ont dû répondre séparément à diverses questions émanant du public avant d’être interrogés par le journaliste politique vétéran Jeremy Paxman.
May a refusé un débat en face à face avec Corbyn, dont le parti d’opposition a, ces derniers jours, réduit l’écart dans les sondages d’opinion, même si les conservateurs au pouvoir conservent l’avantage.
Tandis que Corbyn a insisté sur le fait qu’il « s’assurerait qu’il y a un accord » avec l’Union européenne avant que le Royaume-Uni ne quitte le bloc, May a expliqué qu’elle « était prête à partir ».
« Pas d’accord est préférable à un mauvais accord », a répété la Première ministre âgée de 60 ans lors de la diffusion de l’émission “Battle for Number 10” organisée par Sky News et Channel 4.
« Nous devons être préparés à partir », a insisté la Premier ministre, notant que certains en Europe « évoquent la possibilité de nous sanctionner ».
Corbyn, son rival de 68 ans, a déclaré que la « réalité » des résultats du référendum sur le Brexit l’année dernière devait être respectée et il a insisté sur le fait que « nous nous assurerons qu’il y a un accord ».
« Nous ne commencerons pas les négociations en faisant une diplomatie de mégaphone, en menaçant l’Europe d’une sorte de paradis fiscal sur les rives de l’Europe », a-t-il déclaré, ce qui est apparu comme une pique face aux efforts de May de gérer le Brexit.
Les deux candidats soutenaient officiellement le maintien du pays dans l’UE avant le référendum qui a eu lieu au mois de juin dernier au cours duquel 52 % des électeurs britanniques ont voté en faveur d’un départ du bloc européen.
Les négociations formelles sur le départ du Royaume-Uni devraient commencer le 19 juin, soit 11 jours après les élections législatives.
May a déclenché l’Article 50 – procédure formelle du début du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne – à la fin du mois de mars, ouvrant un calendrier de négociations qui durera deux ans.
La sécurité a figuré également en bonne place lundi, suite à l’attentat-suicide à la bombe commis à Manchester qui a fait 22 morts et qui a suspendu brièvement la campagne politique des deux candidats.
May qui, par moments, a été chahutée par le public pendant l’émission télévisée, a été interrogée par un policier en service sur les coupes « dévastatrices » effectuées dans les effectifs de police au cours de son mandat de six ans au ministère de l’Intérieur.
Elle a répondu que le gouvernement avait dû s’assurer que le Royaume-Uni « vivait à la hauteur de ses moyens » au vu de « la situation économique dont nous avions hérité ».
Elle a ajouté que les budgets seraient protégés pour la lutte contre le terrorisme et l’ensemble du maintien de l’ordre.
Corbyn, pour sa part, a été interrogé sur sa relation controversée avec l’IRA, l’armée républicaine irlandaise, la dissuasion nucléaire et sur son éventuelle abolition de la monarchie, au vu de ses positionnements républicains.
« Ce n’est à l’ordre du jour de personne, ce n’est certainement pas sur le mien et, vous savez quoi, j’ai eu une conversation très agréable avec la reine », a-t-il dit.
Nigel Farage, ancien leader du parti de l’Indépendance du Royaume-Uni et l’un des partisans les plus fervents du Brexit, a déclaré dans un tweet surprise que Corbyn s’était montré dans l’émission « totalement sincère », même si les deux hommes sont en désaccord.
« Affirmer que ‘Pas d’accord vaut mieux qu’un mauvais accord’ à quatre reprises fera gagner l’élection à May. Mais elle est une girouette qui ne croit pas en grand-chose », a estimé Farage.