L’équipe de défense civile d’Ein HaShlosha s’est avérée « inefficace » le 7 octobre – enquête
Un seul terroriste, entré dans la maison d'un civil armé, a été tué ; Tsahal n'est intervenu que plusieurs heures après la fin des massacres et des pillages perpétrés par le Hamas

Le matin du 7 octobre 2023, lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas dans le sud d’Israël, plusieurs dizaines de terroristes ont pénétré dans le kibboutz Ein HaShlosha, situé à la frontière avec la bande de Gaza. Ils ont assassiné trois civils et tué le responsable de la sécurité de la communauté.
La plupart des membres de la brigade de défense sous-équipée de ce kibboutz ne sont pas intervenus lorsque les terroristes ont massacré et pillé la communauté. L’armée israélienne est arrivée bien trop tard.
Mercredi, Tsahal a présenté les conclusions de son enquête sur l’attaque d’Ein HaShlosha, dans le cadre d’une enquête approfondie portant sur une quarantaine de combats et de massacres survenus lors de l’assaut sanglant du Hamas du 7 octobre, au cours duquel quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
À l’instar d’autres enquêtes, celle-ci a conclu que l’armée avait « failli à sa mission de protection » des habitants d’Ein HaShlosha, principalement parce qu’elle n’avait jamais été préparée à un événement de cette ampleur : l’attaque d’un kibboutz par des terroristes, ainsi qu’une attaque généralisée menée simultanément contre de nombreuses villes et bases militaires par des milliers de terroristes. Tsahal n’avait en outre reçu aucune information préalable et ses troupes n’étaient donc pas préparées à l’assaut du Hamas.
L’enquête sur les événements survenus à Ein HaShlosha, menée par le colonel Ziv Nimni, officier supérieur du Corps du Génie Militaire, a porté sur tous les aspects des combats dans le kibboutz et ses environs.
Nimni et son équipe ont passé des centaines d’heures à enquêter sur les massacres perpétrés à Ein HaShlosha, où vivaient 296 civils le 7 octobre.

L’armée a indiqué que les enquêteurs s’étaient rendus sur les lieux et avaient examiné toutes les sources d’information possibles, y compris les images filmées par les terroristes à l’aide de caméras embarquées, les SMS des habitants, les vidéos de surveillance, les communications radio de l’armée et les témoignages des survivants.
L’enquête sur les évènements survenus à Ein HaShlosha visait à tirer des conclusions opérationnelles spécifiques pour les besoins de Tsahal. Elle n’a pas examiné la perception plus large de Gaza et du Hamas qui était celle des militaires au cours des dernières années, une perception qui a fait l’objet d’enquêtes distinctes et plus importantes sur les services de renseignement et de défense de l’armée israélienne.
Ce jour-là, trois civils, Silvia Mirensky, Noa Glazberg et Marcelle Taljah ont été assassinés par des terroristes. Rami Negbi, chef de l’équipe de sécurité du kibboutz Ein Hashlosha, a été tué en combattant les terroristes.
L’enquête a révélé que les combats menés par les troupes de Tsahal à l’extérieur du kibboutz ont permis de réduire le nombre de terroristes qui ont atteint la communauté par rapport à ce que le Hamas avait prévu.
Seule la première vague de quinze terroristes, tous membres de l’unité dite « Nukhba » (« élite » en arabe) du Hamas à moto, a réussi à s’infiltrer dans Ein HaShlosha. La deuxième vague, de plusieurs dizaines d’autres terroristes à bord de camionnettes, n’a jamais atteint le kibboutz.
Cependant, lors de la troisième vague d’infiltrés, ce sont quelque vingt-cinq terroristes palestiniens non affiliés qui ont pénétré dans le kibboutz, pillant et incendiant des maisons, entraînant la mort de Silvia Mirensky, 80 ans.
Aucun otage n’a été enlevé à Ein HaShlosha.
L’enquête a également révélé que l’armée n’avait pas évacué correctement les civils de cette communauté, notamment des travailleurs thaïlandais qui avaient d’abord été laissés sur place. Les corps des trois habitants assassinés n’ont été récupérés que le lendemain, selon les conclusions de l’enquête.

Selon l’enquête, l’équipe de défense d’Ein HaShlosha s’est révélée « inefficace » pour arrêter les terroristes avec les armes à leur disposition.
Sur les quatorze membres de l’équipe de sécurité locale, seuls quatre étaient équipés d’armes d’assaut. Tsahal avait exigé que toutes les villes proches de la bande de Gaza lui restitue ses fusils d’assaut à la suite d’une série de cambriolages au cours desquels des armes avaient été volées.
L’armée avait subordonné leur restitution à la condition que chaque membre d’équipe puisse stocker son arme de manière sécurisée à domicile ou dans une armurerie municipale. Ein HaShlosha ne disposait pas d’armurerie opérationnelle.
L’équipe avait suivi une brève formation avec Tsahal en mars 2023, puis en juin 2023, Yamam, l’unité d’élite antiterroriste de la police, avait organisé un exercice à Ein HaShlosha avec l’équipe de défense civile, simulant une invasion du kibboutz.

Mais en fin de compte, les membres armés de l’équipe de sécurité locale, à l’exception de leur chef, Negbi, n’ont pour ainsi dire pas réussi à repousser les terroristes.
Deux membres de l’équipe se sont réfugiés dans une synagogue pendant l’assaut, tandis que les autres sont restés confinés dans leurs habitations.
Un seul terroriste a été tué dans le kibboutz au cours de l’attaque, à l’intérieur du domicile d’un agent de sécurité local qui était armé d’un pistolet.
Selon l’enquête, des dizaines de terroristes ont été éliminés par les soldats israéliens et par des frappes aériennes à l’extérieur d’Ein HaShlosha.
Chronologie de l’attaque
À 5 h 27, les troupes stationnées à la frontière près d’Ein HaShlosha ont pris leurs positions. Les soldats n’avaient toutefois pas été informés d’une instruction de la division de Gaza leur demandant de ne pas s’approcher de la frontière pour effectuer leurs patrouilles matinales. Cette instruction faisait suite à des signes inhabituels observés par Tsahal pendant la nuit et à la crainte que le Hamas ne prépare des tirs de missiles antichars à la frontière.
À 6 h 29, le Hamas a lancé une première salve de plus de 1 000 roquettes sur Israël, visant principalement des bases militaires israéliennes, tandis que des terroristes franchissaient la barrière de sécurité frontalière de Gaza. Aucune roquette n’a frappé Ein HaShlosha.
À 6 h 44, Negbi a alerté la brigade de défense de la communauté que quelque chose d’inhabituel était en train de se passer.

À 6 h 46, un convoi de terroristes du Hamas à moto a rencontré un groupe de soldats positionnés entre Ein HaShlosha et la barrière de sécurité. Les soldats ont ouvert le feu, tout comme l’équipage d’un char venu d’un poste voisin. Le char a également réussi à écraser certains des terroristes, mais la plupart d’entre eux ont continué à avancer vers le kibboutz.
À 6 h 58, les premiers terroristes ont franchi la clôture sécurisant Ein HaShlosha.
À 7 h 03, Negbi a convoqué l’équipe de défense civile au secrétariat du kibboutz, bien qu’il ait été le seul à s’y rendre.
À 7 h 04, des terroristes ont ouvert le feu sur des maisons dans le quartier nord du kibboutz.

À 7 h 09, les terroristes ont repéré Noa Glazberg dans sa maison et ont ouvert le feu. Elle a tenté de s’enfuir par une fenêtre avant d’être assassinée.
À 7 h 11, Negbi a échangé des coups de feu avec un groupe de terroristes à l’extérieur du secrétariat. Les terroristes ont tiré à l’aide de RPG (lance-roquettes individuels) sur Negbi tout en ouvrant le feu, le blessant mortellement. Avant de succomber à ses blessures, il a réussi à signaler qu’il avait été touché.
Au même moment, le chef adjoint de l’équipe de sécurité est sorti de chez lui après avoir entendu des coups de feu. Il a aperçu un groupe de huit terroristes et a décidé de regagner son domicile, laissant accidentellement tomber son téléphone portable en chemin.
À 7 h 15, Marcelle Taljah, qui était en visite dans le kibboutz, est sortie de la maison où elle séjournait pour aller voir sa fille et ses petits-enfants. Une fois sortie, les terroristes l’ont repérée et l’ont abattue.

Les soldats israéliens n’avaient toujours pas atteint la communauté, car les principaux axes routiers de la région avaient été bloqués par les terroristes et le commandement et le contrôle de la division de Gaza s’étaient complètement effondrés.
Entre 8 h et 8 h 30, quelque vingt-cinq terroristes non affiliés, dont certains étaient armés, ont infiltré le kibboutz à partir de trois endroits différents.
Les terroristes se sont introduits dans les maisons et ont volé des objets de valeur tout en menaçant les habitants, mais personne n’a été blessé.
À 9 h 00, des terroristes se sont introduits dans la maison de Silvia Mirensky et y ont mis le feu. Elle a péri dans l’incendie aux alentours de 9 h 39.

À 10 h 10, un terroriste armé a fait irruption au domicile d’un agent de sécurité local qui l’a abattu.
À 11 h 00, des terroristes ont envahi le domicile de Jacqueline Glicksman, 81 ans, qui a réussi à s’enfuir par une fenêtre alors qu’ils mettaient le feu à sa maison. Elle a trouvé le téléphone du chef adjoint de la brigade de défense civile en s’enfuyant et le lui a rapporté chez lui.
À 11 h 40, l’armée de l’air israélienne a mené plusieurs frappes à l’extérieur du kibboutz et près de son périmètre de sécurité.
À 13 h 20, deux civils armés, amis de l’un des résidents, sont arrivés à Ein HaShlosha.
À 13 h 37, deux autres civils armés, Betzalel et Yedidya Taljah, sont arrivés dans le kibboutz depuis la Cisjordanie pour porter secours à leurs proches. Au cours de leurs recherches, ils ont découvert le corps de leur mère, Marcelle, qui avait été assassinée peu après 7 h 15.
À 14 h 05, les civils armés ont rejoint les forces de sécurité locales pour participer aux recherches.
À 14 h 10, un groupe d’une vingtaine d’agents de la police des frontières et huit policiers supplémentaires sont entrés dans Ein HaShlosha et se sont joints aux opérations de recherche.
À 14 h 45, l’un des terroristes a été capturé vivant.

Ce n’est qu’à 15 h 15 que les premières troupes de l’armée israélienne sont arrivées. Aucun combat n’a eu lieu, car tous les terroristes armés avaient déjà quitté les lieux.
À 18 h 00, le 8 octobre, tous les habitants du kibboutz avaient été évacués.
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