Les députés saluent le départ de Hanin Zoabi
L'élue arabe controversée, qui avait qualifié "d'assassins" les soldats israéliens et appelé à la fin de l'Etat juif, ne se représentera pas après 10 ans à la Knesset
Les parlementaires juifs de l’ensemble du spectre politique ont salué l’annonce d’une députée arabe controversée qui a annoncé qu’elle quitterait la Knesset à l’issue des élections du 9 avril.
La députée Hanin Zoabi, qui avait réclamé la dissolution de l’Etat d’Israël et qui se trouvait, en 2010, à bord de la flottille turque Marmara pour tenter de briser le blocus israélien de Gaza, a indiqué samedi qu’elle ne se représenterait pas à la réélection au nom de son parti arabe nationaliste Balad, qui appartient à la faction de la Liste arabe unie, forte de 13 sièges.
« Après dix années pleines, je remercie tout le monde et j’ai le sentiment que le moment est venu de changer de lieu – mais pas de parcours », a noté Zoabi dans un communiqué, insistant sur le fait qu’elle continuerait à oeuvrer afin de « renforcer le modèle de Balad pour une génération palestinienne plus forte et pour un combat plus déterminé – avec la foi que justice sera faite toujours chevillée au corps ».
« C’est un moment qui me permet de conclure une période d’auto-examen et d’envisager l’avenir. Je ne vais pas me donner une note », a-t-elle dit. « Certains ont apprécié et soutenu mes actions et ce que j’ai représenté, et d’autres, bien plus nombreux, m’ont haïe et ont combattu qui j’étais et mes points de vue ».
Durant toute sa présence à la Knesset, le nombre de ses détracteurs n’a cessé de considérablement augmenter de tous les côtés du spectre politique, dans un parfum constant de controverse.
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« Zoabi aurait dû être expulsée de la Knesset il y a six ans », a estimé le ministre des Sciences Ofir Akunis, issu du parti au pouvoir du Likud dans la journée de samedi.
Akunis avait été membre de la commission électorale centrale en 2013 qui avait voté contre la participation du parti Balad au scrutin qui avait eu lieu cette année-là, une décision rejetée par la Haute-cour de justice.
« La Haute-cour, dans l’une des pires décisions qu’elle ait jamais pu prendre, lui a permis de revenir, contraignant le pays tout entier à la subir encore six années entières à la Knesset », a continué le ministre du Likud.
Le député de Hatnua Yoel Hasson a déclaré samedi que Zoabi avait été « l’une des voix les plus extrêmes à la Knesset, notamment aux yeux du public arabe. Zoabi a fait tout ce qui était en son pouvoir pour détruire la coexistence en Israël et elle a accordé une légitimité dangereuse au terrorisme. C’est une bonne chose qu’elle parte et il serait bien qu’elle se montre plus prudente dans ses actions maintenant qu’elle n’a plus d’immunité parlementaire pour la protéger. Adieu et bon débarras », s’est-il exclamé.
Zoabi était devenue la bête noire de la droite israélienne en raison de ses nombreux propos controversés. Elle avait notamment qualifié « d’assassins » les soldats israéliens, entre autres rhétoriques similaires.
Elle avait participé à une tentative en 2010 menée par un convoi de navires – parmi lesquels le Mavi Marmara – qui avait cherché à rompre le blocus israélien imposé à la bande de Gaza, dirigée par le groupe terroriste palestinien du Hamas, affirmant vouloir prendre part à des initiatives similaires dans l’avenir et disant que les soldats israéliens qui avait bloqué la flottille étaient des « assassins ». Dix activistes étaient morts dans les violences survenues à bord du Marmara dans les affrontements qui les avaient opposés aux soldats israéliens qui étaient montés sur le bateau. L’Etat juif déclare maintenir le blocus pour empêcher le Hamas, un groupe terroriste islamiste qui cherche à détruire Israël, d’importer des armes.
Au mois d’avril 2018, Zoabi a appelé l’Etat d’Israël à être dissout et remplacé soit par deux Etats – l’un laïc, l’autre palestinien – ou par un Etat laïc binational.
Au mois de mai de la même année, la commission d’Ethique de la Knesset l’a sanctionnée pendant une semaine pour avoir accusé les militaires israéliens « d’assassiner » les Palestiniens.
Au mois de juillet 2014, la commission l’avait interdite de Knesset pendant six mois après qu’elle a affirmé que les assassins de trois adolescents israéliens n’étaient pas des terroristes. La Cour suprême avait rejeté son appel à lever la suspension.
Cela fait longtemps que les députés de la droite réclament son interdiction permanente du Parlement en raison de ses déclarations incendiaires sur le traitement par Israël des Palestiniens.
L’un de ses critiques les plus fervents, le député Avigdor Liberman, a qualifié de manière répétée la population arabe israélienne de « cinquième colonne » et prône de donner les villes arabes israéliennes à un futur État palestinien.
« C’est une bonne chose qu’une éminente représentante de la cinquième colonne quitte la Knesset », a estimé Liberman dans un tweet publié samedi. « Je lui souhaite tous les succès possibles à Gaza ou à Beyrouth ».
Au mois d’octobre dernier, Liberman, qui était alors ministre de la Défense, avait subi une réprimande à la Knesset pour avoir qualifié Zoabi de « terroriste » dans un tweet paru le 4 juin 2018 qui entrait dans le cadre de sa campagne visant à la faire bannir de la Knesset.
Zoabi s’était plainte à la commission éthique concernant cette publication, accusant Liberman d’incitations criminelles à l’encontre des parlementaires arabes. Dans sa réponse lapidaire devant la commission, Liberman avait répété son accusation, disant qu’il irait « droit au but : C’est une terroriste ».
La députée Meirav Ben-Ari du parti centriste Koulanou a pour sa part accusé Zoabi d’avoir oeuvré « constamment à diviser la société israélienne et à créer des incitations. Dans presque tous les débats, indépendamment de la commission, même dans la commission de l’Education à laquelle nous appartenions toutes les deux, elle déclamait le même narratif palestinien – peu importe quel était le sujet du débat en cours ».
L’absence de Zoabi « ne sera pas seulement ressentie au sein de la 21e Knesset. Au contraire ! La communauté arabe mérite un meilleur leadership qui saura s’inquiéter enfin des intérêts les plus vitaux de la communauté », a-t-elle continué.
Le chef de la Liste arabe unie, le député Ayman Odeh, a expliqué que s’il s’est « souvent querellé avec Hanin », il l’a toutefois soutenue lorsqu’elle s’est trouvée « en conflit avec la droite et agressée par les médias ».
« Hanin est toujours restée dans l’oeil du cyclone sur la question ‘d’Israël, Etat pour tous les citoyens’ contre ‘Israël, Etat juif’, sur le droit de résister à l’occupation et sur le droit naturel des indigènes à s’opposer à la mentalité colonialiste », a dit Odeh.
Balad, acronyme d’Assemblée démocratique nationale, détient trois des 13 sièges de la Liste arabe unie.
Avant les élections de 2015, Balad est devenu membre de l’alliance de la Liste arabe unie après que l’augmentation du seuil électoral à 3,25 % des votes a menacé d’exclusion de la Knesset un certain nombre de petits partis arabes.
Cette annonce faite par Zoabi est survenue une semaine après que le chef du parti Balad, le député Jamal Zahalka, a fait savoir qu’il ne se représenterait pas devant les électeurs.
« Après 16 années en tant que membre de la Knesset, je suis fier de dire que nous avons apporté le changement », a-t-il dit dans un communiqué.
Même après son départ de la Knesset, Zahalka a néanmoins expliqué qu’il resterait chef de Balad et qu’il continuerait à oeuvrer « en faveur de la justice, de l’égalité, de l’éradication de la haine et du racisme ainsi qu’en faveur de la fin de l’occupation ».
Zahalka avait été élu pour la première fois à la Knesset en 2003 et il était ultérieurement devenu le chef de Balad après la fuite d’Israël de son leader d’alors, Azmi Bishara, accusé d’avoir transmis des renseignements au groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.
Au mois de décembre, divers médias avaient fait savoir que Zahalka et Zoabi pourraient être empêchés de se présenter en raison de règles internes du parti limitant le nombre de mandats pour les membres – à moins que la commission centrale du parti ne donne son approbation à un nouveau mandat par un vote.
Au mois de janvier, la police a recommandé que des inculpations pour fraude et autres charges liées à la corruption soient prononcées à l’encontre de trois parlementaires issus du parti Balad — Zoabi, Zahalka, et Juma Azbarga.
Une enquête s’était penchée sur les dons reçus par le parti lors des élections de 2013 et les dépenses de la formation au cours du scrutin de 2015. Le Procureur de l’Etat doit encore se prononcer sur ce dossier.
Un autre ancien parlementaire de Balad, Basel Ghattas, est actuellement derrière les barreaux pour avoir fait entrer illégalement des téléphones cellulaires à destination de prisonniers sécuritaires palestiniens alors qu’il siégeait à la Knesset.
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