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Les jeunes Juifs de Paris se réfugient dans les jeux de société

Les Moishe House sont devenues une bouée de sauvetage pour les Juifs qui cherchent des occasions pour faire de nouvelles rencontres tout en s'amusant dans un endroit sûr

Noemie Grausz préparant  des jeux de société pour ses invités à la Moishe House de Beaubourg à Paris, le 18 mai 2016  (Crédit photo: Cnaan Liphshiz/JTA)
Noemie Grausz préparant des jeux de société pour ses invités à la Moishe House de Beaubourg à Paris, le 18 mai 2016 (Crédit photo: Cnaan Liphshiz/JTA)

PARIS (JTA) – Lorsque David Harroch est venu en France de son Maroc natal il y a 12 ans, il a trouvé une vie juive dynamique avec une multitude d’activités pour les jeunes adultes comme lui.

Le cercle social était en quelque sorte une corde de sécurité pour Harroch, 30 ans, un cadre financier introverti qui avait quitté sa maison pour étudier en France. Sans amis d’enfance, ni de famille ici, il comptait sur les événements de la communauté pour trouver de la compagnie et des rencontres occasionnellees.

Mais récemment, un changement est intervenu dans la communauté juive parisienne, de nombreux membres de la communauté ont commencé à cesser d’assister aux événements culturels par peur des attaques antisémites en hausse. La France a connu en 2014 un record de 10 ans avec 851 incidents dont plusieurs attentats mortels commis par des islamistes.

Pas plus tard qu’il y 4 ans, « il y avait un événement social pour les jeunes Juifs de Paris un soir sur deux », se souvient Harroch. « Maintenant, pour les gens de mon âge, cette scène a fait un énorme pas en arrière. »

En partie pour résoudre le problème, les dirigeants de la communauté juive française et européenne se préparent à ouvrir un centre communautaire de 11 millions de dollars l’an prochain au centre de Paris l’an prochain.

Mais sur le terrain, des jeunes Juifs comme David ont déjà participé aux efforts visant à rétablir la vie culturelle juive grâce à Moishe House, un projet international proposant un logement subventionné aux jeunes Juifs prêts à transformer leur maison en un centre social pour d’autres Juifs de leur âge.

La Moishe House la plus récente à Paris est un appartement ensoleillé de trois pièces donnant sur un grand boulevard.

L’organisation subventionne la moitié du loyer pour les trois résidents de la maison Beaubourg qui coûterait facilement de 2 600 à 3 500 euros par mois sur le marché. En échange, les locataires, toutes des femmes d’une vingtaine d’années, doivent accueillir au moins six événements chaque mois.

Fondée il y a 10 ans en Californie par David Cygielman et le regretté philanthrope Morris Squire, Moishe House a fait de la France et de la Belgique des zones prioritaires, selon Josh Moritz, le directeur régional des communautés mondiales de Moishe House.

Une troisième Moishe House française devrait ouvrir cette année dans les environs de Paris avec le financement du Jewish Joint Distribution Commitee, de l’UJA-Federation de New York et de partenaires français, dont le Fonds Social Juif Unifié. D’autre sites en France étant envisagés dont Marseille, Lyon et Strasbourg.

L’expansion fait partie d’une croissance plus globale de Moishe House, qui investit des fonds de communautés juives américaines, ainsi que d’organisations comme la Charles and Lynn Schusterman Family Foundation et d’autres pour se transformer en un réseau mondial comprenant 86 maisons dans 20 pays. Mais elle a une importance particulière dans les communautés à risque de France, dit Moritz.

Environ 20 000 Juifs français ont immigré en Israël depuis 2011. Parmi ceux qui restent, la plupart évitent de porter en public des symboles juifs, selon une enquête de l’Union européenne datant de 2012. Un tiers ont trop peur d’assister à des événements de la communauté juive. Le meurtre de quatre Juifs, Yoav Hattab, Yohan Cohen, Francois-Michel Saada, Philippe Braham, dans un supermarché casher l’année dernière n’a fait qu’empirer la situation.

Les quatre victimes de l'Hyper Cacher de gauche à droite : Yoav Hattab, Yohan Cohen, Francois-Michel Saada, Philippe Braham. (Crédit : Autorisation)
Les quatre victimes de l’Hyper Cacher de gauche à droite : Yoav Hattab, Yohan Cohen, Francois-Michel Saada, Philippe Braham. (Crédit : Autorisation)

La première Moishe House de France a ouvert en 2014. Depuis lors, plus de 2 500 jeunes adultes juifs ont assisté à quelque 130 activités de Moishe House organisées par ses membres à Paris.

« C’est un cadre intime qui vous permet de connaître vraiment ses gens. Nous n’avons pas beaucoup d’occasions comme cela ici, » dit Harroch lors d’une récente soirée sur le thème des jeux de société dans la nouvelle Moishe House (MoHo) parisienne, que l’organisation a ouverte en mars dans le 3e arrondissement, à proximité de Beaubourg et du Centre Georges Pompidou.

Sans la subvention, « je pourrais pas me permettre de vivre ici », confie la locataire Carole Bouzaglou, 25 ans, spécialiste de vente en ligne. « C’est beaucoup mieux qu’un minuscule appartement d’étudiant. »

Mais gérer simultanément une famille, des amis et une carrière et les obligations d’une Moishe House peut être difficile, dit la locataire Noemie Grausz, interne en médecine pour devenir gynécologue. Arrivant à la maison depuis la salle de gym, elle a accumulé du retard dans la préparation de la soirée de jeux de société, mais a rattrapé le temps perdu en faisant une salade rapide et commandé une pizza.

Montrant avec consternation les ampoules nues, elle dit : « Et puis nous devons encore nous occuper de la décoration intérieure. »

Ses invités venus pour l’événement de jeux de société ne semblent pas derangés par cela. Une foule éclectique d’une quinzaine d’hommes et femmes pour la plupart des jeunes célibataires venus seuls ou en couple semblent ravis. Certains hommes avaient un look adapté à la synagogue avec des vêtements de marque, de l’eau de Cologne et des kippot. D’autres arboraient des barbes de 3 jours et de simples T-shirts.

Noemie bavarde avec les invités pour qu’ils se sentent plus à l’aise – un talent qu’elle a mis au point en travaillant comme médecin. Le premier jeu, a-t-elle expliqué, donne aux joueurs 30 secondes pour trouver le nom d’une célébrité qu’on leur décrit. Elle a remplacé les cartes de célébrités du jeu original avec des notes à la main mettant en vedette des personnalités juives, comme l’ancienne Premier ministre israélienne Golda Meir, le philosophe Bernard-Henri Levy et l’acteur Gad Elmaleh.

D’autres événements de la Moishe House de Beaubourg comprennent des soirées autour de la musique israélienne, des fêtes de Yom HaAtsmaout et même des cours de yoga.

Malgré les menaces terroristes, les 350 000 Juifs de Paris ne manquent pas d’événements communautaires. A moins d’un kilomètre de la Moishe House de Beaubourg, le Centre connunautaire Edmond Fleg propose non seulement des cours de yoga, mais aussi des groupes de méditation et d’étude juive.

Mais les habitués, sont beaucoup plus âgés que le public de Moishe House, selon Louigi Hayat, un comptable de 32 ans. Comme Harroch, Hayat dit qu’il est venu aux activités de Moishe House pour se faire des amis, mais aussi dans l’espoir de trouver une compagne.

« Donc, honnêtement, ce n’est pas une option très intéressante pour moi », dit-il du Centre Fleg.

Malgré leurs ordres du jour sentimentaux, Harroch et Hayat ont ignoré le groupe de jolies jeunes femmes célibataires présentes lors de la soirée des jeux de société. Ils se sont engagés plutôt dans une bataille féroce de jeu de Stratego entre hommes délestant le jeu des célébrités.

Comme la plupart des autres personnes présentes, Hayat et Harroch ont appris l’existence de la Moishe House de Beaubourg par le bouche-à-oreille ou sur Facebook. Ils ont dû passer un court entretion avec les organisateurs pour obtenir l’adresse, qui n’est pas publiée en ligne pour des raisons de sécurité. Il n’y a pas de pancartes Moishe House sur le bâtiment ou sur la porte de l’appartement. L’emplacement de l’appartement sur l’intercom porte le nom du locataire précédent.

Malgré ces précautions, l’absence de soldats et de policiers devant la Moishe House, qui gardent les autres institutions juives à travers la France, incite quelques participants à se rappeler avec nostalgie des jours meilleurs.

« La façon dont cette institution juive s’est mise en place signifie que venir ici vous donne un sentiment de normalité », explique Gabriel Saban, un compositeur âgé de 30 ans. « Vous sonnez à la porte et entrez, comme nous le faisions quand nous étions enfants. »

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