Les menaces des Houthis sur la navigation en mer Rouge devraient continuer – experts
Les frappes américano-britanniques ont peu de chances de mettre fin aux menaces posées par les rebelles yéménites, le groupe soutenu par l'Iran ayant survécu à plusieurs années de bombardements par les Etats du Golfe
Les frappes américano-britanniques sur les Houthis ont peu de chances de mettre fin aux menaces posées par les rebelles yéménites en mer Rouge, estiment des experts, le groupe soutenu par l’Iran ayant survécu à plusieurs années de bombardements par les Etats du Golfe.
Plus de 30 sites militaires tenus par les Houthis ont été ciblés par plus de 150 frappes menées par les Etats-Unis et le Royaume-Uni au cours de la nuit de jeudi à vendredi. Et vendredi soir, Washington a annoncé avoir mené une nouvelle frappe au Yémen.
Leur but : détruire les infrastructures de drones, de missiles, et de radar que les rebelles ont utilisées de manière répétée ces dernières semaines pour cibler des navires marchands, dans l’un des couloirs de navigation les plus essentiels au commerce international.
Les Houthis affirment viser des navires liés à Israël en solidarité avec la population de la bande de Gaza, où Israël mène une guerre contre le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage plus de 240 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Le général américain Douglas Sims a indiqué vendredi que les rebelles soutenus par Téhéran avaient déjà tiré un missile antinavire « en riposte » aux frappes américano-britanniques, et que les Etats-Unis s’attendaient à des « tentatives de représailles » de la part des rebelles, qui ont adopté une « rhétorique assez virulente ».
Jon Alterman, directeur du programme Moyen-Orient au cercle de réflexion Center for Strategic and International Studies à Washington, affirme que les frappes des Etats-Unis et du Royaume-Uni vont faire « diminuer » la menace des Houthis sur la navigation commerciale, mais « sans y mettre un terme ».
« Le défi consiste à faire que les Houthis en viennent à se dire que davantage de frappes (de leur part) iraient à l’encontre de leurs intérêts », affirme-t-il.
« Il est loin d’être évident qu’ils en soient arrivés à ce constat », note-t-il cependant.
« Pas un geste symbolique »
Si les attaques venaient à se poursuivre, les Etats-Unis pourraient continuer de frapper les Houthis, mais également cibler des sites où se trouvent des formateurs et experts iraniens, avance Jon Alterman.
Mark Schwartz, général américain à la retraite et chercheur au cercle de réflexion RAND, s’attend également à ce que les attaques des Houthis sur les navires en mer Rouge continuent, mais peut-être davantage sur les navires commerciaux que militaires.
Si l’opération américano-britannique a touché pour le moment des infrastructures militaires, de nouvelles frappes pourraient viser les hauts responsables militaires Houthis, selon l’expert. Mais les rebelles yémenites opèrent en cellules, et « se cachent au sein de la population » civile, explique Mark Schwartz, ce qui complique la possibilité d’atteindre ces hautes instances.
Illustration de la difficulté d’une campagne contre les Houthis, des milliers de frappes saoudiennes ont déjà ciblé les rebelles yéménites depuis 2015, mais Riyad cherche désormais à aboutir à un cessez-le-feu avec le groupe, qui contrôle toujours de vastes pans du Yémen.
Selon Elliott Abrams, chercheur sur le Moyen-Orient au cercle de réflexion Council on Foreign Relations, les frappes américano-britanniques n’étaient « pas un geste symbolique ».
« Il est probable que les Houthis frapperont à nouveau, mais à une fréquence et une intensité moins élevées », explique-t-il, ajoutant que « l’Iran leur dira de se calmer ».
Le président Joe Biden a déjà prévenu qu’il « répondrait » si les Houthis poursuivaient leur « comportement inacceptable », et le chef du Pentagone Lloyd Austin a déclaré que les rebelles subiraient de « nouvelles conséquences » s’ils ne mettaient pas fin à leurs « attaques illicites ».