Les proches de Netanyahu fustigent Edelstein qui autorise le vote sur l’immunité
Pour les proches du Premier ministre, le président de la Knesset est "tombé dans le piège de la gauche" en approuvant une commission pour la demande d'immunité du Premier ministre
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Benjamin Netanyahu aurait été furieux dimanche de l’annonce faite par le président de la Knesset, Yuli Edelstein, qu’un vote aura lieu la semaine prochaine sur la formation de la commission qui examinera la demande d’immunité parlementaire du Premier ministre.
« Il est triste de voir comment Edelstein est tombé dans le piège tendu par la gauche. De ses propres mains, il permet à la Knesset de devenir un cirque politique pendant les élections en prêtant main forte aux ruses de la gauche, qui essaie d’utiliser la Knesset pour neutraliser Netanyahu », lit-on dans un communiqué attribué aux proches du Premier ministre.
Le fils de Netanyahu, Yair, s’en est également pris à Yuli Edelstein en tweetant, avant de supprimer : « Le père de sa femme est Leonid Nevzlin, un oligarque recherché pour meurtre en Russie, et le propriétaire du journal Haaretz« . Ce dernier a été déclaré coupable, par contumace, de plusieurs chefs d’accusation de complot en vue de commettre un meurtre et condamné à la prison à vie. En 2014, la Cour permanente d’arbitrage s’est prononcée en faveur de Leonid Nevzlin, un critique du président russe Vladimir Poutine, accusant Moscou de mener « une campagne impitoyable pour le détruire et exproprier ses biens ».
Le parti d’opposition Kakhol lavan a salué la décision d’Edelstein et a critiqué le Premier ministre pour avoir cherché à faire pression sur le président de la Knesset.
« M. Netanyahu exerce toutes les pressions possibles pour empêcher la délibération sur la demande d’immunité, mais malgré les tentatives de report, les débats sur l’immunité commenceront la semaine prochaine, [ils] seront menés de manière équitable et concrète et se termineront avant les élections », a fait savoir le parti dans un communiqué.
« Netanyahu a demandé un débat sur l’immunité – Netanyahu aura [un débat]. Nous allons empêcher une coalition extrémiste sur l’immunité de continuer à faire pression sur Israël uniquement pour les intérêts personnels de Netanyahu », a tweeté le chef de Kakhol lavan, Benny Gantz.
Dans un communiqué diffusé plus tôt dimanche, Edelstein a expliqué sa décision. « Même si je ne suis pas d’accord avec la position du conseiller juridique de la Knesset, je crois que, pour maintenir la confiance de toutes les formations dans l’institution envers le président de la Knesset, il est important de l’accepter », a-t-il commenté.
Il faisait ici référence à l’avis juridique émis la semaine dernière par le conseiller juridique du Parlement, Eyal Yinon, selon lequel une commission – requise pour débattre de la demande de Netanyahu – pouvait être convoquée même si la Knesset est en suspens avant l’élection du 2 mars.
Tout en donnant le feu vert à la formation du plénum, le président de la Knesset n’a pas caché son indignation face à la question, qualifiant le vote sur la demande d’immunité de Netanyahu « [d’]invalide » et « constituant un outrage à la législature ».
Il a déclaré que le vote n’aura pas lieu cette semaine, car Jérusalem accueille des dirigeants du monde entier pour commémorer le 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz. Le vote aura lieu au plus tôt mardi prochain, lundi étant la Journée internationale de commémoration des victimes de la Shoah.
On s’attend fortement à ce que la commission parlementaire rejette la demande d’immunité de Netanyahu contre les poursuites dans les trois affaires pénales pesant sur lui.
Edelstein a fait l’objet de pressions de la part des rivaux politiques de Netanyahu pour qu’il se prononce pour la formation de la commission parlementaire, après l’avis favorable du conseiller juridique de la Knesset.
Le président de la Knesset, qui a déclaré qu’il n’était pas d’accord avec cet avis juridique mais qu’il s’y conformerait, a subi également des pressions de la part de Netanyahu et de ses alliés pour empêcher la manœuvre.
Les députés du Likud affirment qu’Eyal Yinon n’aurait pas dû être autorisé à rendre une décision en raison d’un « grave conflit d’intérêts » découlant du fait que sa femme, Amit Merari, fait partie de l’équipe de procureurs ayant travaillé sur les affaires pénales du Premier ministre.
Tout en reconnaissant le conflit d’intérêts, l’intéressé a assuré jeudi, en réponse à une requête de la Haute Cour de justice déposée par le député Likud Miki Zohar, que son opinion sur la formation d’une commission – une question de procédure – n’avait aucun rapport avec les affaires actuelles contre Netanyahu ou la procédure d’immunité attendue à la Knesset.
Vendredi, le député Kakhol lavan Avi Nissenkorn a demandé au juriste d’intervenir au sujet de l’échec d’Edelstein à donner suite à une demande de députés de revoir la requête d’immunité de Netanyahu.
Prenant note de l’avis juridique du conseiller Yinon, M. Nissenkorn a déclaré qu’Edelstein n’avait pas réussi à convoquer le plénum, malgré les appels d’une majorité de parlementaires en ce sens.
Kakhol lavan aurait menacé de l’évincer s’il n’y procédait pas d’ici le début de la semaine prochaine.
Les membres de la commission des Arrangements de la Knesset avaient voté lundi dernier à 16 voix contre 5 en faveur de la création et de la dotation en personnel de cette commission clé. Mais un vote doit également avoir lieu lors de la plénière de la Knesset ouverte à l’ensemble des 120 députés, dont une majorité, incluant de manière cruciale le parti de droite Yisrael Beytenu, a déjà déclaré qu’elle soutenait la création de cette commission.
Eyal Yinon a statué la semaine dernière qu’Edelstein n’avait pas le droit d’empêcher la constitution d’une commission, qui n’est généralement pas convoquée dans un gouvernement de transition.
Une fois formée, celle-ci débattra probablement et s’exprimera éventuellement sur la demande d’immunité de Netanyahu dans les semaines à venir, peut-être même dans les jours qui viennent, bien avant les élections.
Le Premier ministre et ses partisans ont fait valoir que la commission ne devrait pas être formée parce que le gouvernement israélien n’est que transitoire et parce que celle-ci ne dispose pas du temps nécessaire, avant les élections, de bien étudier les demandes d’immunité.
La requête de Netanyahu, et les efforts qu’il a déployés par la suite pour empêcher cette commission, ont été largement perçus comme une tentative de gagner du temps avant le scrutin de mars, parce que le procureur général Avichai Mandelblit ne peut pas ouvrir de procès contre lui avant qu’elle ne soit examinée et soumise à un vote.
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