Les proches d’Israéliens détenus ou tués à Gaza réclament l’aide de l’ONU et du CICR
C'est la première fois que les quatre familles se rendent ensemble à Genève pour demander l'aide de la communauté internationale et rencontrer Volker Türk et Gilles Carbonnier
Les familles de deux Israéliens détenus à Gaza depuis 2014/2015, et celles de deux soldats également israéliens tués dans l’enclave palestinienne, sont pour la première fois venus ensemble mercredi à Genève réclamer l’aide de l’ONU et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Les dépouilles des deux soldats israéliens, Oron Shaul et Hadar Goldin, tués durant la guerre de 2014 à Gaza, sont aux mains du groupe terroriste palestinien du Hamas, qui contrôle l’enclave.
Il détient également deux civils israéliens entrés respectivement en 2014 et 2015 de leur propre gré dans l’enclave palestinienne – Avraham Mengistu, un juif d’origine éthiopienne et Hisham Al-Sayed, un bédouin musulman – présentés comme mentalement instables par les autorités israéliennes et présumés vivants.
C’est la première fois que les quatre familles se rendent ensemble à Genève pour demander l’aide de la communauté internationale et rencontrer le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Volker Türk et le vice-président du CICR, Gilles Carbonnier.
« J’ai zéro information sur mon fils », dont le corps se trouve à Gaza depuis neuf ans, a déclaré à l’AFP Leah Goldin, la mère d’un des soldats tués, qui garde espoir de récupérer la dépouille de son fils.
« Je viens ici, à Genève, où toutes les questions relatives aux droits de l’Homme sont discutées. Il est temps d’agir », a-t-elle dit.
Le sort des soldats disparus est un sujet particulièrement sensible en Israël, pays où la très grande majorité des jeunes juifs sont soumis au service militaire obligatoire, mais différentes tentatives de libération, en échange de prisonniers palestiniens, ont échoué ces dernières années.
Mais pour Ofek Shaul, une seule chose compte après toutes ces années d’attente. « Je veux mon frère. Peu m’importe de savoir comment », a-t-il dit à l’AFP.
Leah Goldin, dont le fils a été tué le 1er août 2014 quelques heures seulement après l’entrée en vigueur d’une trêve, affirme elle que la communauté internationale doit « inverser l’équation » et suggère que l’aide envoyée à l’enclave palestinienne, contrôlée par le groupe terroriste palestinien du Hamas, soit conditionnée au renvoi de la dépouille.
« Je ne dis pas qu’il faut arrêter toute aide humanitaire, mais il faut l’utiliser comme un moyen de pression », a-t-elle précisé.
Interrogé sur la rencontre par l’AFP, le CICR a souligné la confidentialité des échanges mais a affirmé que les familles de personnes disparues, « qu’elles soient israéliennes ou palestiniennes, (…) ont le droit de connaître le sort de leurs proches ».
« Les dépouilles des personnes tuées pendant le conflit doivent être identifiées, traitées avec dignité et rendues à leurs familles », a indiqué le CICR, assurant « qu’il s’efforce de clarifier le sort des personnes disparues de toutes les parties au conflit ».
La famille de Mengistu, qui lui a disparu le 7 septembre 2014, se sent désemparée. En janvier, le Hamas a publié une vidéo non datée de son fils, mais sa mère, Agarnesh Mengistu, a indiqué à l’AFP ne pas être sûre qu’il s’agisse de lui.
« Le plus difficile est de comprendre pourquoi le Hamas ne fait preuve d’aucune pitié pour mon fils », a-t-elle dit, éplorée, via une traductrice. Mais bien qu’il s’agisse de son troisième voyage à Genève, elle garde espoir.
C’est en revanche la première fois que les parents de Hisham al-Sayed venaient à Genève demander l’aide de la communauté internationale, après avoir essayé d’organiser des négociations à travers les communautés bédouines.
Mais ces efforts n’ont pas abouti, a expliqué son père Shaaban al-Sayed à l’AFP, et « nous sommes venus ici en dernier recours, dans l’espoir que l’ONU nous aidera à le ramener chez nous après huit ans ».
Depuis 2008, le Hamas et Israël se sont affrontés dans plusieurs guerres. En décembre dernier, le Hamas a menacé de clore « à jamais » le dossier de ces quatre Israéliens si aucun échange de prisonniers n’intervenait rapidement avec l’État hébreu.