Les transporteurs s’apprêtent à revenir en Israël, mais les prix ne devraient pas baisser
Compte tenu de la forte demande et de la capacité limitée, les experts en voyages ne prévoient pas de baisse des prix pendant les fêtes de Pessah ou la saison estivale
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

L’apaisement progressif des tensions et le cessez-le-feu récemment instauré entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas ont incité un certain nombre de grandes compagnies aériennes étrangères à annoncer la reprise de leurs vols vers Israël dans les semaines ou les mois à venir.
Toutefois, la lenteur de la reprise des services conjuguée à la réduction du trafic ne changera probablement pas grand-chose aux prix exorbitants auxquels les voyageurs israéliens désireux de réserver leurs vacances pour les fêtes de Pessah, en avril, et leurs vacances d’été, en juillet et août, sont confrontés.
« Les services proposés par les compagnies aériennes étrangères vont progressivement se développer et les prix vont progressivement baisser, mais ils ne baisseront pas de manière spectaculaire pour Pessah ou pour la période du mois d’août, lorsque la plupart des Israéliens cherchent à réserver leurs vacances en famille », a déclaré Yaneev Lanis, co-fondateur du site de réservation en ligne Secret Flights, au Times of Israel.
« Voyager pendant la période de Pessah coûte toujours plus cher, et cela sera encore plus le cas cette année, où l’offre sera encore moins importante que d’habitude. »
« Les prix des billets pour Pessah seront plus élevés et je ne m’attends pas à ce qu’ils baissent, car la demande sera très forte et les compagnies aériennes étrangères prévoient de revenir avec une faible capacité, ce qui signifie qu’elles pourront facilement remplir leurs avions et qu’il n’y a aucune raison pour qu’elles réduisent leurs prix », a expliqué Lanis.
Le prix des billets à destination et en provenance d’Israël a parfois (beaucoup) plus que doublé au cours de la guerre qui a éclaté le 7 octobre 2023, à la suite du pogrom perpétré par le Hamas dans le sud du pays. L’excès de demande et la pénurie de liaisons ont résulté de l’annulation et de la reprise répétée par les transporteurs étrangers des vols à destination et en provenance d’Israël, en raison des attaques à la roquette et aux drones en provenance d’Iran, du Liban, de Gaza, du Yémen et de l’Irak. Ces derniers mois, les compagnies aériennes américaines ont complètement cessé de desservir Israël en raison de l’intensification des combats à Gaza et au Liban, et au fur et à mesure que les tensions augmentaient au Moyen-Orient.

La compagnie aérienne israélienne El Al est donc, à ce jour, la seule à proposer des vols directs vers l’Amérique du Nord au départ de Tel Aviv.
« Les prix des billets d’El Al restent très élevés, en particulier à destination des États-Unis, car de nombreux vols sont complets et il n’est même pas possible de réserver un billet, ce qui n’est donc même pas une question de prix », a souligné Lanis.
À la suite d’un cessez-le-feu en trois étapes entre Israël et le Hamas, entré en vigueur il y a une semaine, et d’un cessez-le-feu qui a débuté en novembre avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah au Liban, une série de compagnies aériennes internationales ont annoncé la reprise de leurs vols à destination d’Israël entre février et avril.
« Pour l’instant, l’optimisme règne quant à l’impact du retour des compagnies aériennes étrangères sur le prix des billets », a déclaré Shirley Cohen Orkaby, vice-présidente d’Eshet Tours Group.
« Mais en 2025, les prix des billets seront toujours plus élevés par rapport aux niveaux de prix que nous avons connus avant le 7 octobre 2023, car l’offre de sièges devrait revenir lentement, étant donné que les compagnies aériennes étrangères ne sont pas encore revenues à leur pleine capacité et aux horaires qu’elles appliquaient avant la guerre. »
« La demande sera très forte dans les mois à venir, car durant la guerre, de nombreux Israéliens n’ont pas voyagé en raison de leur devoir de réserve, ou parce que des membres de leur famille participaient à la guerre, ou encore parce qu’ils ont été évacués du sud et du nord », a estimé Cohen Orkaby.
Parmi les transporteurs européens, Air France a repris ses liaisons entre Paris-Charles de Gaulle et Tel Aviv le 25 janvier, à raison de cinq vols hebdomadaires. Le groupe allemand Lufthansa et ses filiales Austrian Airlines, Swiss, Brussels Airlines et Eurowings devraient reprendre leurs vols vers Tel Aviv à un horaire réduit le 1ᵉʳ février, tandis que British Airways a annoncé la reprise de certains vols entre Tel Aviv et Londres à partir du 5 avril.
« Au cours des derniers mois, les Israéliens faisaient du lèche-vitrine pour acheter des billets et maintenant ils se sont mis à acheter », a déclaré Darren Rozowsky, PDG du site de réservation de voyages lastminute.co.il.
« Si au cours du dernier trimestre 2024, les gens réservaient en moyenne 30 jours à l’avance, depuis janvier, la fenêtre est passée à 50 jours. »
« Les gens ont commencé à réserver pour l’été, qui est encore cher, et même les réservations pour les vacances de Souccot [en octobre] ont déjà été effectuées au cours des deux dernières semaines, ce qui est surprenant », a ajouté Rozowsky.
Selon lastminute.co.il, les vols directs pour Londres pendant les vacances de Pessah en avril coûtent en moyenne 1 170 dollars avec la compagnie israélienne El Al et 1 750 dollars avec British Airways. Ils coûtent environ 580 dollars avec El Al et 550 dollars avec British Airways pendant les mois de juillet et août.
Jeudi, Delta Air Lines est devenu le premier transporteur américain à annoncer la reprise de sa liaison Tel Aviv-New York à partir du 1ᵉʳ avril, mettant ainsi fin à sa dernière interruption qui avait débuté à la fin du mois de juillet. De son côté, Air India a annoncé la reprise de ses vols long-courriers à destination de Tel Aviv à partir du 2 mars.

Alors que les compagnies aériennes américaines restent en retrait, que les places se font rares et que les tarifs sont très élevés, la compagnie israélienne Arkia a annoncé au début du mois qu’elle lancerait pour la première fois des vols entre Tel Aviv et New York à partir du 8 février. La nouvelle ligne fonctionnera pendant une période initiale de trois mois.
« Les prix des billets d’El Al resteront élevés tant qu’il n’y aura pas suffisamment d’alternatives disponibles sur le marché », a déclaré Lanis.
« Ce n’est pas seulement une question de concurrence, c’est aussi une question de confiance. »
« Il est difficile de se fier aux compagnies aériennes qui ont annoncé qu’elles reprendraient [leurs liaisons], et qui n’ont [toujours] pas repris, parce que d’ici avril, beaucoup de choses peuvent se produire au Moyen-Orient que nous ne pouvons pas anticiper et qui pourraient facilement annuler ou retarder leur retour. C’est pourquoi il vaut toujours mieux pour certains voyageurs de payer une prime à El Al pour s’assurer qu’ils peuvent voyager quand ils en ont besoin », a-t-il expliqué.

Les vols directs vers New York coûtent en moyenne 1 200 dollars avec Delta et 1 680 dollars avec El Al pendant Pessah, selon lastminute.co.il.
Parmi les transporteurs à bas prix, la compagnie hongroise Wizz Air a repris sa liaison Londres-Tel Aviv en janvier, ainsi que ses vols vers Amman, en Jordanie. La compagnie britannique low-cost easyJet a déclaré qu’elle reprendrait ses vols vers Israël à partir du 1ᵉʳ juin, après avoir récemment suspendu toutes ses liaisons avec Tel Aviv à la suite de la première attaque directe de l’Iran contre Israël en avril dernier.
La compagnie aérienne irlandaise Ryanair prévoit d’assurer un programme complet de vols au départ de Tel Aviv cet été si le Terminal 1 de l’aéroport Ben Gurion, utilisé par les compagnies à bas prix, rouvre comme prévu.
Lanis, Rozowsky et Cohen Orkaby sont tous d’accord pour dire qu’avec la reprise progressive des vols par les compagnies aériennes étrangères et en supposant que le cessez-le-feu à Gaza perdure, des tarifs aériens attractifs seront à la portée de ceux qui peuvent voyager hors saison.
« Les Israéliens pourront trouver des prix intéressants d’ici à Pessah », a déclaré Lanis.
« Une autre fenêtre de réservation très intéressante s’ouvrira entre la fin de Pessah et le début du mois de juillet – lorsque les vacances scolaires commenceront. »