Libération de quelques déserteurs érythréens emprisonnés
Seuls 12 demandeurs d'asile sur 180 ont été libérés suite au jugement du tribunal, les autorités choisissant une interprétation étroite des ordres donnés par Dina Zilber
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Les autorités israéliennes n’ont libéré que 12 déserteurs de l’armée érythréenne sur 280 qui étaient retenus dans une structure de détention du sud du désert du Negev – malgré un jugement du tribunal rendu le mois dernier qui avait déterminé que la désertion pouvait qualifier les migrants érythréens à l’octroi du statut légal de réfugié, a fait savoir Haaretz lundi.
Au mois de mars, la cour d’appel de Jérusalem avait statué qu’un plaignant devant la Haute cour qui avait déserté l’armée érythréenne et qui avait été emprisonné là-bas pour cette raison pouvait prétendre à obtenir l’asile au sein de l’Etat juif, ayant prouvé une « crainte bien fondée de persécutions à suivre ».
Suite au jugement, la procureure-générale adjointe Dina Zilber avait donné pour instruction à l’Autorité de la population et de l’immigration de libérer les Erythréens se trouvant dans une situation similaire du centre de détention de Saharonim.
L’Autorité, qui doit décider de l’interprétation de l’ordre dans ces circonstances, a choisi une interprétation étroite du jugement et décidé de ne libérer que les prisonniers dont le situation est identique à celle du plaignant – en cela qu’ils ont non seulement déserté l’armée érythréenne mais qu’ils ont également été incarcérés pour cette raison.
La Hotline pour les réfugiés et les migrants a indiqué que « nous implorons l’Etat qu’il élargisse cette décision aux centaines d’autres détenus à Saharonim et aux milliers de personnes dont les requêtes ont été rejetées en raison de l’avis gouvernemental qui affirme qu’une désertion du service militaire ne justifie pas une demande d’asile ».

Le ministère de la Justice devrait pour sa part faire appel de la décision du tribunal de Jérusalem, craignant qu’elle ne force l’Etat à reprendre en considération de nombreuses demandes d’asile qui ont été rejetées.
Au mois de janvier, le cabinet a approuvé un plan, assorti d’un budget, visant à expulser les migrants soudanais et érythréens.
Avant cela, l’Autorité de la population et de l’immigration avait notifié aux migrants qu’à partir du 1er janvier, ils devaient retourner dans leur pays d’origine ou vers une nation-tiers (qui serait le Rwanda ou l’Ouganda), ou être envoyés en prison jusqu’à leur expulsion. Selon le plan gouvernemental, les migrants qui ont choisi de quitter le territoire israélien au 31 mars recevront la somme de 3 500 dollars ainsi qu’un voyage en avion gratuit et autres incitations.
La Cour suprême a gelé les expulsions à la mi-mars en réponse à une requête, ordonnant à l’Etat de clarifier sa politique.
Le gouvernement a réclamé plus de temps et le tribunal a accepté de fixer la date-limite, précédemment prévue le 26 mars au 9 avril.
Le 28 mars, le directeur de l’Autorité de la population Shlomo Mor-Yosef a évoqué l’idée de n’expulser que les demandeurs d’asile masculins, célibataires et en âge de travailler, et de permettre aux femmes, enfants et aux hommes mariés de bénéficier d’un statut permanent leur permettant de rester dans le pays.
Melanie Lidman a contribué à cet article.