L’intégration des orthodoxes dans la vie active ralentit, pas les prestations
L'Institut israélien de la démocratie indique que les hommes haredi qui n'ont pas été scolarisés ont de faibles revenus, ce qui ne les incite pas à trouver un emploi
Selon une étude, l’intégration des ultra-orthodoxes dans la population active a ralenti chez les hommes au cours des années où les subventions gouvernementales ont augmenté.
Selon le rapport publié mardi par le groupe de réflexion de l’Institut israélien de la démocratie (IID), alors que l’intégration des Haredi dans le courant dominant israélien s’est poursuivie à un rythme soutenu suite à certaines mesures, l’emploi chez les hommes ultra-orthodoxes, qui était en hausse au cours de la dernière décennie, a stagné après la formation du gouvernement de 2015, qui avait rétabli certaines des subventions coupées pour les étudiants de yeshiva Haredi qui ne travaillent pas.
Les hommes Haredi avaient un taux d’emploi de 52 % en 2015, et un taux légèrement inférieur de 51 % en 2018. Les hommes juifs israéliens non haredi ont un taux d’emploi bien plus élevé, évalué à 87 %.
Les femmes haredi, quant à elles, ont poursuivi la tendance à l’augmentation de la participation à la population active au cours de ces années, passant de 71 % d’emploi à 76 % entre 2015 et 2018 – presque au taux de 83 % des femmes juives non haredi.
« Nous sommes témoins de l’intégration continue des membres de la société ultra-orthodoxe dans le courant dominant israélien, comme en témoignent la participation des femmes à la population active et la hausse des niveaux de revenus, ainsi qu’un certain degré d’adoption d’un mode de vie de la classe moyenne », ont déclaré les chercheurs de l’IID Gilad Malach et Lee Cahaner dans un communiqué.
Pourtant, « dans le même temps, l’intégration des hommes ultra-orthodoxes dans les cadres de l’enseignement supérieur et dans la population active s’est considérablement ralentie. Cela est apparemment dû à l’absence des incitations économiques qui avaient auparavant stimulé le mouvement dans cette direction et au rétablissement des allocations gouvernementales qui découragent l’obtention d’un enseignement supérieur ou l’entrée dans la vie active », écrivent-ils.
Les données ont clairement indiqué que les incitations économiques pourraient être le moteur du ralentissement de l’intégration des Haredi dans la population active.
Les hommes haredi gagnent 68 % du salaire des autres hommes juifs pour une heure de travail, en grande partie parce qu’ils n’ont pas le niveau d’éducation requis pour trouver du travail dans l’ingénierie et d’autres emplois bien rémunérés. Seulement 9 % des étudiants universitaires ultra-orthodoxes s’orientent vers des domaines d’ingénierie, contre 21 % des autres étudiants juifs.
Cela aide à expliquer pourquoi les allocations gouvernementales pour les études en yeshiva sont si intéressantes, puisque les hommes Haredi qui n’ont pas les compétences de base requises dans une main-d’œuvre moderne ne peuvent pas gagner autant que leurs homologues non Haredi sur le marché du travail.
Ainsi, alors que le nombre d’hommes Haredi mariés engagés dans des études religieuses à plein temps dans un « kollel », ou séminaire pour hommes mariés, a diminué régulièrement jusqu’en 2015 – passant de 70 798 en 2012 à 66 228 en 2014, il a commencé à augmenter d’année en année depuis 2015, pour atteindre 85 965 en 2018.
L’étude a également noté de multiples mesures qui indiquent que l’intégration des Haredi dans la vie moderne se poursuit à un rythme soutenu.
Le revenu des ménages haredi a augmenté de 10 % en 2017, soit deux fois plus vite que les 5 % des autres ménages juifs. Cette hausse a contribué à réduire l’écart encore significatif de 7 000 shekels par mois entre les deux catégories, le revenu mensuel des ménages Haredi atteignant 15 015 shekels (3 753 euros) de revenu avant impôt cette année-là, comparativement à 22 190 shekels (5 547 euros) pour les ménages juifs non Haredi.
De même, près de la moitié, ou 49 %, des adultes Haredi déclarent aujourd’hui qu’ils utilisent l’Internet, autrefois tabou dans une grande partie de la communauté. Cet usage a connu un pic spectaculaire par rapport à seulement 28 % en 2008.
Le taux de Haredim israéliens qui voyagent à l’étranger est également passé de 12 % en 2013-14 à 17 % l’année dernière, ce qui est encore loin du taux de 52 % chez les autres Israéliens juifs.