Manifestations dans toute l’Espagne pour réclamer le boycott d’Israël
Les syndicats espagnols ont revendiqué plus de 100 actions à travers le pays pour dénoncer le "génocide et l'occupation en Palestine" ; à Madrid, des centaines de personnes se sont rassemblées
Des centaines de personnes ont manifesté vendredi 27 septembre devant le ministère des Affaires étrangères à Madrid pour demander au gouvernement espagnol de mettre fin aux traités commerciaux avec Israël.
Les syndicats Confédération générale du travail (CGT) et Solidaridad Obrera, d’extrême-gauche, étaient à l’initiative de cette journée de protestation et de « grève générale ». Plus de 200 autres organisations syndicales, étudiantes et communautaires se sont jointes à l’appel d’une grève pour protester « contre le génocide et l’occupation en Palestine ».
Lors de la manifestation, de nombreux slogans ont été scandés, dont « Du fleuve à la mer, la Palestine vaincra », « Israël assassine, l’Europe
parraine », ou encore « Boycott Israël ».
Selon le site d’information Aurora, le secrétaire général de Solidaridad Obrera, José Luis Carretero, a déclaré à cette occasion : « Nous demandons à l’exécutif espagnol de mettre fin à tout accord commercial avec Israël parce que cet argent, ces revenus obtenus grâce à ce commerce, sont utilisés pour commettre le génocide à Gaza. Et deuxièmement, nous vous demandons également de rompre les relations avec l’État d’Israël ».
De son côté, Carmen Arnáiz, secrétaire de l’Action sociale de la CGT, a dénoncé « l’hypocrisie » du gouvernement espagnol qui « reconnait l’État palestinien pour le spectacle, mais continue de commercer avec Israël et de détourner le regard ».
Solidaridad Obrera a massivement partagé sur ses réseaux sociaux des images de la manifestation de Madrid, mais aussi d’autres actions menées partout à travers le pays, notamment à Bilbao, Grenade et Grand Vía.
????????????????27S: Vídeos e imágenes de la masiva participación en la jornada de lucha en solidaridad con Palestina. (Crónica visual de la jornada en Madrid, videos piquetes, concentración y manifestación)#FreePalestine#27SHuelgaPorPalestina
????Kaosenlared???? https://t.co/l97FiZcne5 pic.twitter.com/A1Y2cM6Y8r— Solidaridad Obrera (@SoliObrera) September 29, 2024
Les syndicats espagnols ont déjà prévu d’organiser de grandes manifestations pro-palestiniennes les 6 et 7 octobre prochains, qui marqueront pourtant le premier anniversaire du pogrom perpétré par le groupe terroriste Hamas.
Le 7 octobre, quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut des communautés du sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Géographiquement proche du Maghreb, l’Espagne s’est tournée vers les pays arabes durant la dictature de Franco (1939-1975) afin de contourner son isolement en Occident – une diplomatie dite de « substitution » longtemps cultivée par Madrid, rappelle Juan Tovar, professeur à l’université de Burgos.
Ce n’est qu’en 1986, en outre, que le pays a établi des relations officielles avec Israël. La conséquence de tensions nées de l’opposition de l’Etat hébreu à l’entrée dans l’ONU de l’Espagne au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en raison de sa proximité avec l’Allemagne nazie, rappelle Isaías Barreñada, professeur à l’Université Complutense de Madrid.
Madrid est ensuite allé jusqu’à jouer les médiateurs, accueillant ainsi en 1991 une Conférence de paix, avec pour la première fois l’ensemble des parties arabes en conflit direct avec l’État hébreu : Palestiniens, Syriens, Jordaniens et Libanais.
Deux ans après cette conférence, les accords d’Oslo, à travers lesquels Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) se reconnaissaient mutuellement, étaient signés à Washington.
Mais globalement, l’Espagne reste perçue par de nombreux acteurs comme pro-arabe.
Depuis le 7 octobre, des manifestations pro-palestiniennes ont régulièrement lieu dans les grandes villes espagnoles.
Le 28 mai dernier, l’Espagne, aux côtés de l’Irlande et de la Norvège, avait reconnu la Palestine comme un État, s’attirant les foudres d’Israël, dont le ministre des Affaires étrangères, Israel Katz, avait alors accusé le Premier ministre Pedro Sanchez, de se rendre « complice des appels au génocide du peuple juif ».
Plusieurs ministres espagnols ont d’ailleurs fait polémique en parlant ouvertement de « génocide » à Gaza. C’est le cas de la ministre de la Défense, Margarita Robles, du ministre des Droits sociaux Pablo Bustinduy, et de la vice-Première ministre Yolanda Diaz.
En mai dernier, la Fédération des communautés juives dénonçait une « montée de l’antisémitisme » en Espagne, et plus particulièrement dans les slogans utilisés lors des manifestations comme celle de vendredi.