Mur Occidental: des membres du conseil d’administration de l’Agence juive veulent agir
Le chef de la fédération du New Jersey, un leader réformé et d'autres demandent une collaboration de l'instance avec le gouvernement israélien pour améliorer la sécurité au Kotel
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Des membres du Conseil d’administration de l’Agence juive ont demandé à l’organisation de s’attaquer à la situation et aux problèmes rencontrés au mur Occidental, lundi, dans un contexte de colère entraînée après l’intrusion violente de fanatiques religieux dans des cérémonies de bar et de bat mitzvah qui avaient été organisées dans la section égalitaire du lieu saint, le mois dernier.
« Plusieurs d’entre nous avons clairement établi que nous espérons l’ouverture d’un dialogue approfondi et immédiat avec le gouvernement d’Israël et avec les autorités chargées de la sécurité en Israël sur la question de la sécurité des Juifs qui viennent prier dans ce lieu, le lieu le plus saint du judaïsme. C’est absolument nécessaire pour la sécurité des Juifs. Et c’est non-négociable » a déclaré Dov Ben-Shimon, directeur-général de la Fédération juive du Greater MetroWest New Jersey, au Times of Israel.
« Nous voulons travailler avec nos partenaires du gouvernement israélien et avec les forces de sécurité israéliennes pour nous assurer que tous les Juifs et toutes les Juives se sentiront en sécurité quand ils – ou elles – viendront prier sur le site le plus saint du judaïsme », a-t-il ajouté.
Le 30 juin, des dizaines d’extrémistes ultra-orthodoxes qui ont pénétré dans la section égalitaire du mur Occidental, qui est aussi connue sous le nom d’Arche de Robinson ou d’Ezrat Yisrael, afin de perturber plusieurs cérémonies de bar et de bat mitzvah qui y avaient été organisées par des familles américaines. Des agents de police étaient bien présents sur le site mais ils se sont largement abstenus d’intervenir auprès des manifestants, qui se sont montrés violents par moments.
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Cet incident, qui a été établi et étayé, n’a entraîné que peu de vagues au sein de l’État juif – mais il a suscité l’indignation et la colère des groupes juifs du monde entier et des groupes juifs américains, et notamment de l’Agence juive. L’envoyée spéciale américaine à la lutte contre l’antisémitisme Deborah Lipstadt elle-même a mêlé sa voix à la controverse, indiquant, pour sa part, que les actes de ces extrémistes auraient été qualifiés d’antisémites dans n’importe quel autre pays.
Suite à l’incident, certains ont demandé des initiatives modestes pour prévenir de nouvelles manifestations de ce type à l’avenir tandis que d’autres ont réclamé la mise en vigueur du dit « compromis du mur Occidental », un accord gelé depuis longtemps qui avait été négocié en grande partie par l’Agence juive et par son dirigeant de l’époque, Natan Sharansky, qui prévoyait d’accorder aux courants non-orthodoxes du judaïsme une place et des responsabilités officielles dans l’administration du lieu saint.
« J’ai une grande confiance dans les nouveaux dirigeants de l’Agence juive et je nourris de fortes attentes à leur égard. Nous sommes pleinement conscients du travail acharné et des efforts livrés par les responsables de l’Agence dans le passé, des efforts qu’ils souhaitent encore livrer à l’avenir pour approfondir l’engagement de l’Agence juive à l’égard d’un dialogue respectueux, pacifique, en particulier concernant le Kotel », a dit Ben-Shimon, utilisant le terme en hébreu désignant le mur Occidental.
Ben-Shimon a été rejoint dans sa demande par un certain nombre d’autres membres du Conseil d’administration de l’Agence juive et notamment par le rabbin Rick Jacobs, le chef de l’organisation Union for Reform Judaism. Yizhar Hess, vice-président de la World Zionist Organization, a apporté son soutien à cette initiative, mais il a souligné que c’était Ben-Shimon qui en était à l’origine.
« J’ai évoqué les expériences de ce jeune garçon et de cette jeune fille qui ont travaillé pendant des mois pour leur bar ou bat mitzvah qui devait se dérouler au mur Occidental et qui ont vécu ce coup qui leur a été porté, ce traumatisme. Quel sera leur sentiment à l’égard de l’État d’Israël quand ils grandiront ? »
Ces propos de Ben-Shimon ont été tenus lors d’une session spéciale du Conseil d’administration de l’Agence juive, qui rassemble 120 membres venus du monde entier mais tout particulièrement des États-Unis et d’Israël.
La session, lundi après-midi, devait initialement porter sur un certain nombre de questions, mais elle s’est finalement focalisée sur le problème du mur Occidental dans le sillage de l’incident du 30 juin.
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Ben-Shimon a déclaré qu’il avait pris la décision de s’exprimer sur la nécessité d’agir de manière plus forte sur la question du mur Occidental parce que son organisation « a été l’une de celles qui a été à l’origine de projets pluralistes au sein de l’État d’Israël, et notamment concernant la section égalitaire du mur Occidental ».
Même si Ben-Shimon est membre du conseil d’administration en raison de sa position au sein de la fédération, il n’est pas un responsable de l’Agence juive et il a expliqué qu’il ne pourrait donc pas discuter des projets – s’il y en avait – que son groupe pourrait présenter au gouvernement israélien pour améliorer la situation.
« L’autorisation m’a été donnée de prendre la parole lors de cette session et j’ai pris la parole avec passion, mais je ne peux pas représenter la commission. Je ne pense pas qu’il serait approprié de ma part de vous dire quelles sont les prochaines initiatives à prendre », a-t-il ajouté.
De leur côté, les responsables de l’Agence juive ont indiqué avoir prévu de discuter du problème avec le gouvernement israélien. Le Premier ministre Yair Lapid a dénoncé les agissements des extrémistes et déclaré que « si nous devons le faire, nous nous entretiendrons avec le commissaire de police ».
Toutefois, dans la mesure où Lapid n’est que Premier ministre de transition dans une période pré-électorale, sa capacité à agir de manière déterminante sur une question aussi sensible que celle du mur Occidental est limitée – mais pas nécessairement non-existante.
« Je m’attends à ce que les forces qui se réclament de la morale au sein du gouvernement israélien, qui croient en l’unité du peuple juif et dans un dialogue honnête et respectueux entre Juifs, trouveront un moyen de trouver des compromis, de travailler ensemble pour le bien du peuple juif et, avant tout le reste, pour garantir la sécurité de tous les Juifs qui viennent prier à Jérusalem et au Kotel », a noté Ben-Shimon.
« C’est la plus haute priorité, absolument. Cela doit être non-négociable et cela doit être ce qui distinguera avant toute autre chose tout dialogue qui sera entrepris entre le gouvernement d’Israël et les Juifs. Je suis convaincu que le gouvernement israélien actuel, comme cela a été le cas de tous les gouvernements israéliens, comprend combien il est déterminant de faire en sorte que les familles juives de la Diaspora se sentent en sécurité face aux attaques quand elles viennent à l’occasion d’une cérémonie de bar ou de bat mitzvah dans notre lieu le plus saint », a-t-il ajouté.