Netanyahu : le gouvernement ira au bout de la réforme judiciaire
"Les millions de citoyens qui ont voté pour la droite connaissaient notre projet de réforme du système judiciaire. Plus que ça : ils nous l’ont demandé," a estimé le Premier ministre
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (Likud) s’est exprimé dimanche lors de la réunion hebdomadaire du cabinet pour réagir aux rassemblements et aux protestations à l’encontre de ses réformes judiciaires radicales annoncées alors qu’il est jugé pour corruption dans une série d’affaires.
Netanyahu a assuré qu’il ne se laisserait pas convaincre par des « slogans », promettant de faire adopter les changements judiciaires radicaux, annoncés par son ministre de la Justice, Yariv Levin, le 4 janvier dernier.
La réforme, portée par Levin, comprend entre autres l’introduction d’une clause « dérogatoire » permettant au Parlement de surseoir aux décisions de la Cour suprême avec un vote à la majorité simple, et la modification du processus de nomination des juges, qui devront entre autres être désignés par des responsables politiques.
En l’absence de Constitution, la Cour suprême, plus haute juridiction israélienne, fait office de garde-fou du pouvoir politique et se pose en garant des libertés individuelles. Son rôle est d’autant plus important lorsqu’un bloc politique détient une majorité nette à la Knesset, comme c’est le cas à la suite des dernières élections.
Netanyahu a estimé que sa victoire aux élections législatives du 1er novembre était une réponse à ceux qui prétendent que l’actuel gouvernement n’agit pas au nom du peuple israélien.
Netanyahu a exhorté l’opposition à « ne pas se laisser emporter par des slogans incendiaires de destruction de l’État et de guerre civile », et a assuré que lorsqu’il dirigeait l’opposition, aucune remarque de ce genre n’avait été faite contre le gouvernement…
« Nous attendons des leaders de l’opposition qu’ils se comportent dans un esprit similaire », a-t-il déclaré.
« Nous irons au bout du processus législatif, de manière à corriger ce qui doit l’être, protéger les droits individuels et rétablir la confiance de la population dans le système judiciaire, qui a tellement besoin de cette réforme », a déclaré Netanyahu au début du Conseil des ministres.
Netanyahu a assuré qu’il y a deux mois, « des millions de personnes avaient voté », et que leur voix devait également être entendue.
Le Premier ministre conteste l’idée selon laquelle les électeurs qui ont soutenu son gouvernement ne sont pas favorables au projet de réforme judiciaire. « Les millions de citoyens qui ont voté pour la droite connaissaient notre projet de réforme du système judiciaire. Plus que ça : ils nous l’ont demandé. »
Netanyahu assure être favorable à un « dialogue approfondi et sérieux » sur les projets de réforme, au lieu « des slogans provocateurs sur la guerre civile ou la destruction de l’État ».
« Quand ils disent que la moindre modification (du système judiciaire) est la destruction de la démocratie, ce n’est pas seulement un argument erroné, c’est aussi un argument qui ne permet pas de parvenir aux accords auxquels nous devrions parvenir par le dialogue » au Parlement, s’était déjà défendu Netanyahu, dans une vidéo diffusée vendredi sur ses réseaux sociaux.
Jeudi, la présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, a fustigé le projet, le qualifiant d' »attaque débridée » contre la justice, et plusieurs centaines d’avocats ont manifesté contre la réforme à Tel-Aviv.
« Le nouveau projet du ministre de la Justice ne vise pas à améliorer le système judiciaire mais à l’écraser », a déclaré jeudi Mme Hayut, sortant de la réserve à laquelle elle est tenue dans un pays où les juges n’ont pas le droit de s’exprimer publiquement sur des sujets politiques.
Dans une lettre ouverte inédite et publiée jeudi, onze anciens procureurs affirment être « choqués » par le projet, qui menace selon eux de « détruire » la justice israélienne.