Netanyahu : Les prochains jours seront un test pour la pandémie
Déplorant un "relâchement" face aux règles, le Premier ministre rappelle que les directives sont claires et la discipline indispensable

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a mis en garde, samedi, contre une « augmentation prononcée » du nombre de nouvelles infections au coronavirus dans le pays ces derniers jours, indiquant qu’il était prématuré de dire s’il s’agissait véritablement d’une tendance qui nécessiterait la remise en place de fermetures diverses.
L’Etat juif a remporté des succès importants dans sa lutte contre la pandémie, a expliqué Netanyahu pendant une déclaration télévisée. Il a néanmoins rappelé que la crise « n’est pas derrière nous ».
« Nous avons éteint les flammes du coronavirus mais il y a encore des braises, et n’importe quel vent, le plus léger soit-il, est susceptible d’attiser à nouveau les flammes », a averti le Premier ministre.
Le ministère de la Santé a expliqué, samedi soir, que le nombre de personnes dépistées positives au coronavirus avait baissé au cours des dernières vingt-quatre heures avec seulement 25 nouveaux cas confirmés. Cette annonce a eu lieu alors que les autorités s’inquiètent actuellement d’une nouvelle vague possible de COVID-19 après une hausse des infections au cours des derniers jours – 121 nouveaux cas ont ainsi été enregistrés entre vendredi et samedi matin.

Dans le pays, ce sont 284 personnes qui ont succombé à la maladie depuis que l’épidémie est apparue en Israël, au début de l’année.
Auparavant, l’Etat juif a connu des semaines où les nouveaux diagnostics positifs enregistrés s’élevaient à une vingtaine ou moins chaque jour. L’annonce faite vendredi marque la première fois que le seuil des cent nouveaux cas quotidiens est dépassé depuis le 2 mai.
Cette baisse avait permis à Israël d’alléger la majorité des restrictions mises en place dans le pays pour limiter la propagation du virus.
Dénonçant ce qu’il a qualifié de « relâchement » de l’adhésion des Israéliens aux mesures de distanciation sociale, Netanyahu a clamé que les prochains jours seraient un « test » qui déterminerait de la nécessité – ou non – de remettre en place des restrictions.
« Tant qu’aucun vaccin ne sera trouvé pour le virus, ce dernier reviendra et il se propagera à nouveau si nous ne prenons pas le soin d’adhérer aux règles », a continué Netanyahu. « Si nous ne le faisons pas, il n’y aura pas d’autre choix que de replacer les limitations sur les sphères économique et publique ».

Les trois règles déterminantes, a-t-il répété à un certain nombre d’occasions, sont le port du masque dans les endroits publics, le maintien d’une distanciation physique d’au moins deux mètres et l’adoption de mesures d’hygiène, comme le lavage régulier des mains.
Netanyahu a expliqué que les ministres s’étaient prononcés en défaveur de la fermeture du système d’enseignement dans ce contexte de hausse nette des cas. Il a toutefois appelé les Israéliens – y compris lui-même et les membres du gouvernement – à montrer plus de discipline.
Il a averti que le gouvernement s’intéressera à renforcer l’application des règles en prenant des mesures contre les commerces et autres entreprises contrevenant aux directives du « badge pourpre » – sous les dispositions duquel les magasins, les centres commerciaux, les restaurants, les bars et autres établissements ont été autorisés à rouvrir leurs portes cette semaine après près de deux mois d’interruption de leurs activités.
Netanyahu a aussi dit que les Israéliens seraient encouragés plus largement à se faire tester.

Au cours du discours, le ministre des Finances, Israel Katz, a présenté un nouveau plan émis par son ministère dont l’objectif est d’encourager les employeurs à réembaucher leurs salariés qui avaient été placés en congé sans solde au pic de l’épidémie, au mois de mars. Pour chaque travailleur réembauché, les entreprises recevront ainsi une subvention de 7 500 shekels dès le 1er juin. Une somme supplémentaire de 3 500 shekels sera versée aux employeurs ayant fait appel à leurs anciens salariés au mois de mai.
Katz a expliqué que 500 millions de shekels ont été alloués aux entreprises qui remettraient leurs salariés au travail.
Le ministre de l’Education Yoav Gallant, pour sa part, a déclaré que des « superviseurs du coronavirus » seraient nommés dans les écoles afin de permettre aux autorités d’agir plus rapidement en cas d’épidémie du virus au sein des établissements.
La recrudescence de nouveaux cas de coronavirus s’est largement concentrée dans une école de Jérusalem, la Gymnasia Rehavia, où un élève « super propagateur » a infecté environ 80 personnes, selon la Douzième chaîne. Tous les jeunes scolarisés dans l’établissement et tous les enseignants se font actuellement dépister.
Les ministres, qui se sont réunis samedi pour évoquer la possibilité de fermer des établissements pour entraver la propagation de la maladie, ont décidé que cette école et au moins 16 autres pourraient fermer temporairement leurs portes. Ils se sont dits défavorables à une suspension du système tout entier, préférant faire cesser les activités exclusivement là où des infections ont été enregistrées.

L’école élémentaire Paula Ben Gurion, à Jérusalem, a annoncé samedi qu’elle ne rouvrirait pas avant mardi au plus tôt en raison d’inquiétudes portant sur le fait qu’un grand nombre de ses élèves compte des frères et sœurs inscrits au lycée Gymnasia Rehavia.
La chaîne publique Kan a fait savoir que la Commission des enseignants et des parents avait indiqué qu’une décision de réouverture ne serait pas prise avant la fin des procédures de dépistage entreprises au lycée Gymnasia Rehavia.
Israël a rouvert, samedi, quatre centres de dépistage de type drive-in dans tout le pays pour renforcer les recherches d’éventuels malades. Le premier à rouvrir s’est installé sur le parking du Teddy Stadium de Jérusalem, qui a accordé la priorité aux élèves et aux personnels du lycée Gymnasia Rehavia.
Les centres de dépistage mobile du Yarkon Park de Tel Aviv, de Beer Sheva et de Haïfa ont repris leurs activités plus tard.
Les responsables de la santé sont préoccupés par le nombre moindre de tests qui est réalisé actuellement. Alors qu’au pic de l’épidémie, environ 13 000 à 14 000 personnes se faisaient dépister chaque jour, ce chiffre s’est abaissé considérablement ces dernières semaines, les Israéliens présentant moins de symptômes.
S’exprimant dans la journée de vendredi, le directeur-général sortant du ministère de la Santé, Moshe Bar Siman-Tov, a attribué le nombre croissant de cas de coronavirus à « une atmosphère d’euphorie et de complaisance » parmi les Israéliens qui « ne respectent pas les règles ».

« Malheureusement, la maladie est encore ici. Ni la chaleur, ni l’humidité ne l’ont faite disparaître et les mesures sont, en conséquence, encore en vigueur aujourd’hui », a-t-il commenté. « L’atmosphère de relâchement, parmi les Israéliens, est déplacée ».
Bar Siman-Tov a averti que le jour où le pays compterait à nouveau des centaines de cas de contamination n’était « pas loin », entraînant une spirale qui pourrait monter à des milliers de nouvelles infections, rappelant toutefois qu’une potentielle seconde vague « ne dépend que de notre comportement ».
Il a appelé les Israéliens à s’abstenir de rendre visite à leurs grands-parents, disant qu’il était préférable d’organiser des visioconférences avec eux via des applications telles que Zoom.
Ces nouveaux avertissements ont eu lieu alors que des milliers de personnes ont pris d’assaut, vendredi, les campagnes et les plages dans un contexte de météo clémente – et alors que les Israéliens souhaitent tourner la page de plusieurs mois de confinement. Les responsables des parcs, au lac de Tibériade, ont noté que les plages avaient été bondées.
Des reportages diffusés à la télévision ont montré des foules profitant de la fête de Shavouot lors de soirées dans des boîtes de nuit, dans la nuit de jeudi.
Sigal Sadetsky, cheffe des services de la santé publique au sein du ministère de la Santé, a expliqué que 31 écoles de tout le pays avaient été identifiées comme des « clusters » de nouveaux cas.
« Il nous apparaît clairement, malheureusement, que les conditions mises en place dans les écoles… ne permettent pas la non-infection face au coronavirus », a-t-elle affirmé.
Au cours de la conférence de presse, il a aussi été demandé à Bar Siman-Tov si le ministère était favorable à une réimposition du confinement pendant deux semaines. Le haut-responsable a alors répondu par la négative.
« C’est possible mais pour le moment, on n’en est pas là », a-t-il déclaré, soulignant que cette conférence de presse servait « une fois encore de rappel au public de l’importance de respecter les règles ».
Il a ajouté que la réimposition des restrictions sur les transports publics n’était pas envisagée pour le moment.
Malgré la hausse des cas, le gouvernement a établi jeudi que des institutions d’enseignement supérieur et des mouvements de jeunes pourraient reprendre leurs activités dimanche en respectant les restrictions imposées par le ministère de la Santé.
Avec une baisse très nette du nombre de nouveaux cas de coronavirus au cours de ces dernières semaines, le pays a levé les restrictions sur les déplacements, les entreprises et les institutions d’éducation.
Les restaurants, les pubs, les hôtels, les piscines et autres établissements ont recommencé à accueillir des clients mercredi dernier après le feu vert donné par les autorités à un allègement supplémentaire des restrictions dues à la pandémie.
Il a également été annoncé dans la journée de vendredi qu’une trentaine d’enfants d’une crèche pour les enfants de migrants, un établissement situé dans le sud de Tel Aviv, et trois membres du personnel avaient été placés en quatorzaine, jeudi, après qu’un enfant a été testé positif à la COVID-19.
Ces derniers jours, les élèves de plusieurs écoles et jardins d’enfants du centre d’Israël ont été placés à l’isolement après la découverte de cas dans les classes.
Par ailleurs, au centre médical Hille Yaffe de Hadera, ce sont 41 personnels soignants qui sont entrés en quarantaine après la révélation de l’infection de deux infirmières.