Netanyahu vise un consensus « large » tout en respectant le principe de majorité
Dans son premier discours à la Knesset, le chef du Likud rejette les "prêches moralisateurs" de l'administration sortante, s'engage à "préserver la démocratie israélienne"
Pour son premier discours à la 25e Knesset lundi, le futur Premier ministre présumé Benjamin Netanyahu a souligné l’importance du principe de majorité, alors que les négociations pour former le prochain gouvernement se poursuivent.
« La démocratie se construit sur l’élucidation des positions, sur l’étincelle des arguments », a déclaré Netanyahu. « Si nous le pouvons, nous parviendrons à des accords – cela arrive fréquemment. Si nous ne parvenons pas à un accord, la décision reviendra à la volonté de la majorité – et c’est précisément ça, la différence entre la démocratie et les autres [formes de gouvernement]. »
Dans d’autres parties du monde, a ajouté l’ancien Premier ministre, les décisions sont prises par la force, « mais ici, la démocratie reste l’infrastructure de base. »
Dans son discours, le leader du Likud a déclaré qu’il tenterait de parvenir à « des accords aussi nombreux que possible, et lorsqu’il le faudra, nous prendrons des décisions responsables et prudentes ». Son futur gouvernement, a-t-il ajouté, « sera l’expression du mandat que nous avons reçu du peuple. Nous protégerons la démocratie israélienne et Israël ».
Le président Isaac Herzog a remis à Netanyahu le mandat pour former le prochain gouvernement la semaine dernière. Le leader du Likud devrait former une coalition de 64 sièges réunissant son parti, les factions ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah, ainsi que le parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit.
Bien que les pourparlers aient été retardés ces derniers jours en raison de querelles sur les postes ministériels, les partis devraient finalement tous parvenir à un accord dans les semaines à venir et former une coalition dont l’idéologie est relativement cohérente, et qui vise à apporter des changements majeurs au système judiciaire et aux questions de religion et d’État.
Une question clé, sur laquelle les quatre partis semblent s’accorder, concerne l’adoption d’une « loi dérogatoire« , qui permettrait à la Knesset d’annuler les décisions de la Haute Cour. Cette proposition a suscité de vives critiques de la part des députés de l’opposition ainsi que des experts juridiques.
Dans son discours, Netanyahu a rejeté les critiques du gouvernement sortant concernant la montée de l’extrême-droite et les menaces qui pèsent sur la société civile israélienne.
Plus tôt dans la journée de lundi, le Premier ministre Yair Lapid a mis en garde contre la possibilité qu’Israël devienne « un État halakhique », c’est-à-dire un État régi par la stricte loi juive, alors que le ministre de la Défense Benny Gantz affirmait que l’adoption d’une loi permettant à une mince majorité de 61 députés d’annuler des décisions de la Haute Cour serait « un acte de corruption » et entraverait « l’égalité sociale et politique totale de tous les citoyens ».
Netanyahu a déclaré qu’il « n’accepte pas les prêches moraux » du gouvernement sortant, l’accusant d’avoir violé « toutes les normes de bonne gouvernance » pendant ses 18 mois au pouvoir.
Il a critiqué le travail législatif du gouvernement ainsi que son « accord bizarre et étrange avec le Liban, qui n’a pas été soumis à la Knesset ».
Le gouvernement a approuvé et signé le mois dernier un accord sur la frontière maritime avec le Liban mettant fin à un différend de longue date sur quelque 860 kilomètres carrés de la mer Méditerranée, couvrant les champs gaziers israéliens de Karish et libanais de Qana.
Pendant sa campagne électorale, Netanyahu a juré de « neutraliser » l’accord, mais les responsables américains et libanais ont indiqué que, selon eux, ces propos n’étaient que des fanfaronnades politiques. L’actuel envoyé américain, Tom Nides, a déclaré que Netanyahu avait « également soutenu un accord très similaire il y a quelques années ».
Les députés de l’opposition de l’époque ont fortement critiqué le gouvernement, non seulement pour les termes de l’accord, mais aussi pour l’avoir approuvé sans qu’il soit soumis à un vote complet de la Knesset, pour finalement le signer quelques jours seulement avant les élections nationales du 1er novembre.