Nouveau plan visant à remplacer les ouvriers palestiniens par 80 000 étrangers
La proposition prévoit de recruter des dizaines de milliers de travailleurs d'Asie et de Moldavie, alors que le bâtiment et l'agriculture font face à une pénurie de main-d'œuvre
Le gouvernement serait sur le point d’examiner un plan visant à remplacer des milliers d’ouvriers palestiniens par des travailleurs venus de l’étranger, alors que le pays tente de se remettre des attaques sans précédent du 7 octobre.
Cette proposition ambitieuse se veut une réponse à une menace perçue pour la sécurité en maintenant l’exclusion de la plupart des Palestiniens, mais elle risque d’attiser la colère et la désillusion en Cisjordanie en supprimant ce que de nombreux responsables politiques considèrent comme une soupape économique essentielle pour contenir les motivations du terrorisme.
Israël ferait venir plus de 80 000 travailleurs, principalement d’Asie, pour occuper des emplois dans la construction et l’agriculture normalement confiés à des Palestiniens.
Israël a fortement restreint l’entrée des ouvriers palestiniens en Israël après l’assaut du groupe terroriste palestinien du Hamas du 7 octobre, au cours desquelles des milliers de terroristes gazaouis se sont déchaînés dans le sud d’Israël, massacrant 1 200 personnes et en prenant plus de 240 en otage.
Avant la guerre, un peu moins de 30 000 ouvriers agricoles étrangers – pour la plupart originaires de Thaïlande – travaillaient en Israël, dont quelque 5 000 dans des fermes proches de la bande de Gaza, où sont produits 75 % des légumes israéliens.
La grande majorité des ouvriers agricoles étrangers du sud d’Israël ont quitté le pays à la suite des attaques. Des dizaines ont été tués ou enlevés au cours de l’assaut, et plus d’une centaine sont toujours en otage à Gaza.
La pénurie de main-d’œuvre a également été aggravée par le fait que des centaines de milliers d’Israéliens ont été mobilisés par l’armée israélienne.
Selon la chaîne publique israélienne Kan, la proposition, issue d’un organisme créé pour assurer la coordination entre les ministères, prévoit qu’Israël organise l’entrée de 25 500 travailleurs du Sri Lanka, 20 000 de Chine, 17 000 d’Inde, 13 000 de Thaïlande et 6 000 de Moldavie.
Il n’est toutefois pas certain qu’Israël soit en mesure de recruter suffisamment d’ouvriers pour combler le manque pendant la guerre en cours, même si les salaires versés pour ce type de main-d’œuvre sont plus élevés que dans leur pays d’origine.
Avant l’attaque du groupe terroriste palestinien du Hamas et la guerre qui a suivi à Gaza, quelque 150 000 Palestiniens de Cisjordanie et 18 500 autres de la bande de Gaza disposaient d’un permis d’entrée en Israël pour y travailler, selon le Coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires palestiniens (COGAT).
Des milliers d’autres Palestiniens seraient également entrés illégalement en Israël pour y travailler, un phénomène sur lequel Israël avait largement fermé les yeux avant de sévir ces dernières années pour des raisons de sécurité.
Le nouveau plan aurait été approuvé par le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et le cabinet du ministre de l’Économie, Nir Barkat, devrait en discuter dans deux semaines, avant un vote du gouvernement.
Selon la proposition, le gouvernement a également l’intention d’inciter les Israéliens à travailler dans les secteurs du bâtiment et de l’agriculture, et souhaite promouvoir les technologies qui pourraient réduire le nombre d’employés nécessaires dans ces domaines.
Des représentants des secteurs de l’agriculture et de la construction ont fait pression sur le gouvernement pour qu’il commence à autoriser l’entrée de Palestiniens ou qu’il recrute davantage de travailleurs étrangers, alors que l’industrie de la construction est pratiquement à l’arrêt et que les agriculteurs se plaignent de pénuries massives.
« Nous sommes dans une situation totalement désespérée », a déclaré Raul Sargo, président de l’Association des constructeurs israéliens, devant la commission des Travailleurs étrangers de la Knesset le 25 décembre.
« L’industrie est à l’arrêt, elle ne fonctionne qu’à 30 % de sa capacité. Près de 50 % des chantiers sont fermés, ce qui a un impact sur l’économie israélienne et le marché du logement. »
Dans une présentation au groupe d’experts, le ministère de l’Agriculture a indiqué que 10 000 des 29 900 ouvriers agricoles thaïlandais avaient quitté Israël depuis la guerre, bien que plus de 3 000 soient revenus. De plus, 10 000 à 20 000 travailleurs saisonniers palestiniens n’ont pas été autorisés à entrer en Israël.
Le ministère a déclaré qu’il cherchait à obtenir des permis pour 15 000 ouvriers agricoles étrangers supplémentaires, ce qui porterait leur nombre à 70 000.
Le ministère du Logement et de la Construction avait indiqué fin octobre qu’il demandait 20 000 permis supplémentaires pour les travailleurs étrangers, soit un total de 50 000 permis.
À la mi-décembre, l’armée israélienne a déclaré qu’entre 8 000 et 10 000 ouvriers palestiniens de Cisjordanie pourraient bientôt reprendre leur travail dans les implantations et les entreprises israéliennes de Cisjordanie.
Néanmoins, le cabinet de sécurité de haut niveau a repoussé le vote d’une proposition visant à autoriser les Palestiniens à entrer en Israël depuis la Cisjordanie pour y travailler. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, apparemment favorable à cette mesure, n’a pas soumis la question au vote en raison de désaccords signalés entre les ministres du cabinet de sécurité, notamment des partisans de la ligne radicale pro-implantations qui estiment qu’une telle mesure constituerait une menace majeure.
Depuis des années, les responsables politiques israéliens cherchent à maintenir les permis de travail pour les Palestiniens, qui peuvent gagner des salaires nettement plus élevés en Israël. Les partisans de cette mesure soulignent que les travailleurs autorisés font l’objet d’un contrôle approfondi de la part de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet et que les attentats terroristes commis par ces Palestiniens sont extrêmement rares. En outre, les salaires plus élevés contribuent à soutenir l’économie palestinienne en perte de vitesse et à réduire la motivation des attaques, selon eux.
Lors de la réunion de la commission du 25 décembre, les législateurs ont été informés que le coût du maintien de l’interdiction des travailleurs palestiniens pourrait atteindre 3 milliards de shekels par mois.
« L’État d’Israël doit décider de se faire aider par des mains palestiniennes ou pas », a déclaré le député Eliyahu Revivo (Likud), président de la commission des Travailleurs étrangers.
« Tant qu’aucune solution n’est apportée, l’État reste dépendant des ouvriers palestiniens. Le gouvernement traîne les pieds sur cette question. »
Sam Sokol a contribué à cet article.
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