Obama et Netanyahu se sont présentés prudemment comme des alliés
Les deux hommes politiques se sont rendus la vie plus facile en conférence de presse conjointe à la Maison Blanche
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Washington – Après des années d’âpres différends publics, le président américain Obama et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ont fait un effort concret pour se présenter comme des alliés liés par des intérêts partagés à la Maison Blanche lundi.
Netanyahu s’est évertué à convaincre le Congrès de s’opposer au président sur l’accord avec l’Iran en mars. Obama a attaqué à de nombreuses reprises les politiques d’implantation du Premier ministre israélien. Chacun des deux hommes pense qu’ils savent mieux que l’autre comment diriger les deux pays.
Mais Obama ne veut pas se diriger vers la fin de son mandat avec un conflit ouvert avec Israël et ses partisans aux États-Unis.
Il va bientôt entrer dans la dernière année de sa présidence et veut s’assurer que c’est un démocrate qui lui succède, et éviter ainsi que les électeurs aliènent les Démocrates à cause d’Israël qui est une préoccupation majeure.
Et Netanyahu, accusé par de nombreux critiques de vouloir transformer Israël en une question partisane aux États-Unis en raison de la férocité avec laquelle il a fait campagne contre l’accord avec l’Iran d’Obama, voudrait manifestement commencer à travailler à renforcer le soutien bipartisan de longue date pour Israël du corps politique américain dans son ensemble.
Ainsi, dans leurs remarques à la presse au début de leur première rencontre depuis le mois d’octobre dernier, les deux dirigeants étaient manifestement respectueux l’un envers l’autre et étaient même utiles à l’autre, démentant toutes les frictions qui existent en coulisses.
Obama a parlé de l’impératif de travailler ensemble pour lutter contre les menaces communes de la sécurité. Il a parlé de la nécessité d’obtenir « une longueur d’avance » dans un nouveau cadre de l’aide américaine à la défense sur le long terme. Il a reconnu la détérioration de la sécurité dans la région. Il a précisé qu’il demanderait « les idées » du Premier ministre sur la façon de revenir sur le chemin de la paix avec les Palestiniens.
Ce sont tous des sujets qu’il allait soulever pour sûr mais son choix des mots était engagé et non pas exigeant ou sermonnant.
Et même sur le sujet le plus âprement contesté de toutes les questions, l’accord avec l’Iran – l’ « erreur historique » comme Netanyahu l’a appelé – le président était magnanime.
Leur désaccord, a-t-il affirmé, était limité à la question « étroite » de l’accord spécifique – mais n’allait pas jusqu’à la conscience partagée de la nécessité de veiller à ce que l’Iran n’obtienne pas la bombe et pour freiner les activités de déstabilisation de l’Iran.
Aussi furieux qu’il aurait pu l’être par son différend avec Netanyahu contre l’accord de ces derniers mois, Obama a montré une volonté d’aller de l’avant maintenant. Lui et Netanyahu, a-t-il avec douceur, « [nous] cherchons à nous assurer de trouver un terrain d’entente » sur la question.
Pour sa part, Netanyahu a également souligné la volonté de travailler ensemble – et les valeurs, les intérêts et le destin partagés qui sous-tendent à cette alliance des plus vitales d’Israël.
Il a cherché à rassurer le président que, même si la Maison Blanche a conclu qu’il n’avait pas le temps de négocier un accord israélo-palestinien dans le temps qui reste à Obama, Israël « n’abandonnera jamais notre espoir pour la paix » et plus particulièrement la solution à deux Etats – comme Netanyahu l’a décrit, « un Etat palestinien démilitarisé qui reconnaît l’Etat juif ».
Il a pris quelques instants pour remercier le président personnellement qui garantit l’ « aide généreuse » pour renforcer la sécurité israélienne au cours des années et a souligné sa propre et personnelle « appréciation » et celle de l’opinion publique israélienne pour ces efforts.
Et il a géré que l’accord avec l’Iran peut-être de la façon la plus efficace possible : Il ne l’a pas du tout mentionné.
Inutile de dire que personne n’a parlé de l’affaire relative au nouveau responsable de la communication de Netanyahu qui, en mars, avait traité Obama d’antisémite.
A la fin de leurs déclarations à la presse, cette démonstration public d’engagement mutuel négociée avec succès, Obama a, de manière révélatrice, écarté l’idée de répondre des questions et s’est laissé aller à un petit « bon » pour résumer.
Le travail est fait publiquement. Et en route pour le travail en privé.