Opération Arnon : Comment les forces spéciales sont parvenues à approcher les otages
Des locaux disent avoir vu des soldats déguisés entrer dans le camp de Nuseirat, certains se faisant passer pour les occupants d'un appartement dans l'immeuble où était détenue Noa Argamani
Certains membres des forces spéciales israéliennes qui sont entrés dans le camp de Nuseirat à Gaza samedi pour mener une opération de sauvetage de grande envergure visant à libérer quatre otages se sont fait passer pour des habitants déplacés de Gaza ou des terroristes du Hamas, selon des témoins oculaires cités par des médias arabes.
La chaîne d’information saoudienne Asharq a cité des habitants qui ont déclaré qu’une unité des forces spéciales, comprenant des femmes, était entrée dans le camp sous couvert d’un déguisement, à bord d’une voiture blanche chargée de matelas, vêtues de vêtements « que les femmes portent ici pendant la guerre ».
Elles se sont présentées aux résidents locaux comme des Palestiniens fuyant l’opération de l’armée israélienne à Rafah, et ont déclaré qu’elles avaient loué un logement dans la zone entourant le marché de Nuseirat, tout en montrant du doigt le bâtiment où l’otage Noa Argamani était détenu. Les trois otages masculins qui ont également été sauvés lors de l’opération – Andrey Kozlov, Shlomi Ziv et Almog Meïr Jan – étaient détenus dans un autre bâtiment situé à 200 mètres de là.
Le site d’information israélien Ynet a déclaré que l’unité était composée de mistaaravim, des agents infiltrés des forces spéciales qui opèrent dans les zones palestiniennes en se fondant dans la population arabe locale, notamment en parlant couramment la langue. Le terme se traduit par « ceux qui deviennent comme des Arabes ».
L’unité serait entrée dans le camp de Nuseirat par une zone proche de l’embarcadère maritime américain récemment construit et du corridor de Netzarim, un passage est-ouest traversant Gaza au nord du camp, tenu par Tsahal et utilisé comme point de départ pour les raids dans le nord et le centre de la bande de Gaza.
Les femmes de l’unité des mistaaravim déguisées seraient sorties de leur voiture et se seraient séparées en deux groupes, chacun se dirigeant vers l’un des deux bâtiments, en préparation de l’opération.
Des témoins oculaires ont déclaré à Asharq que d’autres forces spéciales s’étaient également introduites dans le camp de Nuseirat à l’intérieur d’un camion d’aide. L’armée a démenti avoir utilisé des transports humanitaires pour l’Opération « Arnon ».
Dans un autre article, un résident du camp de Nuseirat a déclaré à la chaîne d’information saoudienne Al-Arabiya qu’il avait vu des hommes entrer en trombe dans l’appartement de son voisin, portant des uniformes, des casques et des insignes « militaires » du Hamas, et qu’il avait d’abord pensé qu’il s’agissait d’éléments du groupe terroriste palestinien, avant de se rendre compte qu’il s’agissait de membres d’une unité spéciale de Tsahal.
L’homme a raconté qu’il y avait eu un « échange de tirs insensé » et que des avions avaient tiré sur le bâtiment de son voisin, Ahmed Aljamal, « de toutes les directions ».
Un message écrit sur X sur le même incident de Rami Abdu, directeur de l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’Homme (Euro-Med Human Rights Monitor), affilié au Hamas, affirme que l’armée israélienne a utilisé une échelle pour pénétrer dans le domicile d’Aljamal.
In an initial testimony documenting the killings committed by the Israeli army in the Nuseirat camp today, the @EuroMedHR reported that the Israeli army used a ladder to enter the home of Dr. Ahmed Al-Jamal. The army immediately executed 36-year-old Fatima Al-Jamal upon… pic.twitter.com/DjfjerIZTf
— Ramy Abdu| رامي عبده (@RamAbdu) June 8, 2024
Le même tweet décrivait le fils d’Ahmed, Abdallah Aljamal, comme un journaliste et un porte-parole du ministère du Travail dirigé par le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza.
Tsahal a confirmé dimanche qu’Abdallah Aljamal détenait les otages Meïr Jan, Kozlov et Ziv dans son domicile avec l’aide de sa famille.
Abdallah Aljamal a écrit une chronique pour Al Jazeera en 2019, ce qui a donné lieu à des rumeurs selon lesquelles il s’agissait d’un correspondant gazaoui du média qatari qui détenait un otage à son domicile – une affirmation non fondée que la chaîne a catégoriquement démentie dimanche.
Aftermath of the location in Nuseirat where hostages were kept.
~ @Saher95755738 pic.twitter.com/5LKMksIE3n— Imtiaz Mahmood (@ImtiazMadmood) June 9, 2024
Les quatre otages israéliens ont été sauvés vivants de la captivité aux mains du Hamas samedi dans deux bâtiments distincts au cœur du camp de réfugiés de Nuseirat, situé au centre de la bande de Gaza.
Noa, 26 ans, Almog, 21 ans, Andrey, 27 ans, et Shlomi, 40 ans, avaient été enlevés au Festival Supernova, à proximité du kibboutz Reïm, le matin du 7 octobre, lorsque quelque 3 000 terroristes du Hamas ont tué près de 1 200 personnes et pris 251 otages lors d’un massacre dans le sud d’Israël.
Des agents de l’unité antiterroriste de la police de Yamam, ainsi que des membres de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, ont simultanément effectué une descente dans deux immeubles de plusieurs étages contrôlés par le Hamas au cœur de Nuseirat, selon le communiqué conjoint.
Des centaines de soldats de Tsahal ont participé à l’opération, a précisé l’armée.
Le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré que les otages avaient été secourus par les forces spéciales alors qu’ils étaient « sous le feu ».
L’inspecteur en chef du Yamam, Arnon Zmora, qui commandait l’équipe de sauvetage dans le bâtiment où trois otages étaient détenus, a été grièvement blessé par les tirs du groupe terroriste. Il a été évacué vers un hôpital israélien, mais est décédé peu après. Les éléments du Hamas ont été tués au cours de l’échange.
Intitulée dans un premier temps « Graines d’été », l’opération de sauvetage a été rebaptisée « Opération Arnon » en sa mémoire.
Au cours de l’opération, d’importantes frappes aériennes ont été menées dans la région contre des sites du Hamas et en soutien aux troupes au sol, a indiqué l’armée.
Les autorités sanitaires du Hamas ont d’abord indiqué qu’au moins 50 Palestiniens auraient été tués. Le ministère de la Santé du groupe terroriste a actualisé le bilan à 274 dimanche. Ce chiffre ne peut être vérifié de manière indépendante et ne fait pas la distinction entre les civils et les terroristes du Hamas.
Nuseirat est l’un des quelques secteurs de la bande où les troupes au sol n’ont pas mené d’incursion depuis le début de l’offensive terrestre de Tsahal contre le groupe terroriste du Hamas.
Hagari a déclaré que le sauvetage avait été préparé depuis « de nombreuses semaines », sur la base de « renseignements de qualité et d’une planification opérationnelle complexe ».
« Les renseignements nécessaires à cette opération ont été très complexes à obtenir », a-t-il souligné.
Il a ajouté que les otages étaient détenus dans les foyers de familles affiliées au Hamas, qui étaient payées par ce dernier.