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Parents endeuillés et l’opposition saluent les enquêtes de Tsahal, réclament une enquête d’Etat

Netanyahu accuse l’armée de ne pas lui avoir transmis les rapports du 7 octobre, mais un reportage dément ; Halevi reconnaît sa pleine responsabilité

Illustration : Des soldats israéliens marchant à côté des destructions causées par les terroristes du Hamas dans le kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023, près de la frontière entre Israël et la bande de Gaza, dans le sud d'Israël, le 21 novembre 2023. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)
Illustration : Des soldats israéliens marchant à côté des destructions causées par les terroristes du Hamas dans le kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023, près de la frontière entre Israël et la bande de Gaza, dans le sud d'Israël, le 21 novembre 2023. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Les parents endeuillés et les législateurs de l’opposition ont salué jeudi la présentation de la série de rapports de l’armée israélienne sur ses échecs lors du pogrom du 7 octobre 2023, tout en soulignant que les enquêtes de Tsahal, bien que nécessaires, ne sauraient remplacer une commission d’enquête de l’État pour examiner également les décisions prises par l’échelon politique.

La publication de ces enquêtes a également suscité une plainte de la part d’un haut conseiller de Benjamin Netanyahu, qui a affirmé que le Premier ministre n’avait pas été informé des conclusions avant leur communication aux journalistes et à d’autres responsables.

Les parents des deux tatzpitaniot (soldates d’observation) tuées le 7 octobre, qui ont par le passé critiqué l’armée pour son manque de transparence concernant la mort de leurs filles, ont salué l’armée pour ce qu’ils ont qualifié de « conclusions exhaustives » sur les manquements militaires.

« Nous avons reçu un tableau très, très complet », a dit Yigal Cohen, dont la fille, la caporale Hadar Cohen, âgée de 18 ans, a été tuée sur la base militaire de Nahal Oz le 7 octobre.

« L’enquête est satisfaisante de notre point de vue, mais elle ne remplace pas une commission d’enquête d’État, qui examinera en profondeur ce qui s’est passé, et nous nous battrons pour cela », a-t-il déclaré à la presse après avoir assisté à une présentation des conclusions de l’armée.

Dror Ashram, le père de la sergente Shay Ashram, 19 ans, tatzpitanit, qui a elle aussi été tuée par des terroristes sur la base de Nahal Oz, a estimé que « l’enquête menée par l’armée est excellente. Cependant, ils ont omis certaines choses, notamment de tirer des conclusions. Je ne vois pas un seul des officiers ayant failli à son devoir le 7 octobre assumer la moindre responsabilité ».

Les rapports publiés jeudi révèlent qu’environ 5 000 terroristes venus de la bande de Gaza, dirigés par le groupe terroriste palestinien du Hamas, ont déferlé sur le sud d’Israël le 7 octobre 2023, menant en trois vagues successives un carnage d’une ampleur et d’une intensité sans précédent. Les enquêtes de Tsahal décrivent la difficulté de Tsahal  à organiser une riposte, les bases les plus proches de la frontière ayant été prises d’assaut et la chaîne de commandement ayant été rompue dans le chaos.

Tsahal a présenté en détail une série de documents de renseignement qui avaient été mal interprétés au fil des ans. L’armée a également reconnu sa dépendance excessive à l’égard d’une alerte anticipée pour préparer ses défenses, l’ampleur de l’infériorité numérique de ses troupes face aux terroristes, ainsi que son incapacité à comprendre les véritables intentions du Hamas pendant l’attaque.

Des palestiniens du côté israélien de la barrière frontalière de Gaza lors de l’invasion et du pogrom menés par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. (Crédit : Mohammed Fayq Abu Mostafa/REUTERS)

Halevi assume l’entière responsabilité

Le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi – qui doit démissionner le 5 mars en raison des manquements de l’armée lors du pogrom – a assumé l’entière responsabilité des échecs exposés dans les rapports.

« J’étais le commandant militaire le 7 octobre. Cette responsabilité est la mienne, et j’assume également la responsabilité collective de toute la hiérarchie », a-t-il affirmé lundi, lors d’une réunion avec des officiers supérieurs consacrée à la présentation des conclusions, publiées jeudi.

« Une organisation, ou un individu, qui n’a pas la force de se tenir droit et de reconnaître ses erreurs, aura beaucoup de mal à se redresser », a ajouté Halevi.

Il a poursuivi en affirmant qu’il faisait face à cet échec chaque jour et a dit aux officiers : « N’essayez pas d’oublier. Ne détournez pas le regard : ce n’est pas en étant faibles, mais en faisant preuve de courage que nous deviendrons plus forts ».

Le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, s’exprime lors d’une conférence militaire, le 6 février 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Si les enquêtes internes de Tsahal ont été saluées par les législateurs de l’opposition, ces derniers continuent néanmoins d’exiger la création d’une commission d’enquête d’État — l’instance d’investigation la plus puissante du pays — pour faire toute la lumière sur les défaillances qui ont permis l’invasion du Hamas, ainsi que sur la gestion de la crise dans les heures et les jours qui ont suivi.

Depuis le début, Benjamin Netanyahu refuse catégoriquement de mettre en place une telle commission, qui risquerait de lui être particulièrement défavorable. Il martèle qu’une enquête de cette ampleur ne pourra être menée qu’une fois la guerre terminée, arguant que la population rejetterait ses conclusions comme étant politisées. Les sondages disent autre chose et montrent qu’une majorité d’Israéliens soutient la création d’une commission d’État.

La question a contribué à accentuer les tensions entre l’armée et le gouvernement.

Le Premier ministre dit que le rapport a été dissimulé 

Peu avant la levée de l’embargo sur les enquêtes, jeudi soir, le chef de cabinet de Netanyahu, Tzachi Braverman, a adressé une lettre au ministère de la Défense, demandant que les conclusions des enquêtes sur le pogrom du 7 octobre soient transmises au Premier ministre.

« Les enquêtes ont été partagées avec le ministre de la Défense, le haut commandement de Tsahal et les journalistes qui ont été informés », a écrit Tzachi Braverman. « Étonnamment, un responsable n’a toujours pas reçu ces rapports : le Premier ministre.

« La procédure appropriée exige que ces enquêtes soient également communiquées au premier ministre sans qu’il ait à en faire la demande », a-t-il écrit.

Peu après, le bureau du ministre de la Défense Israel Katz a publié un communiqué indiquant qu’il avait « donné l’ordre à Tsahal de transférer immédiatement au Premier ministre tous les rapports relatifs au 7 octobre, et de se tenir prêt à lui présenter, en détail, tout ce qu’il jugera nécessaire de l’enquête. »

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’une séance plénière de la Knesset, le 19 février 2024. (Crédit :Yonatan Sindel/Flash90)

La chaîne publique Kan a néanmoins révélé qu’un haut responsable avait en réalité participé à des réunions sur les enquêtes au nom du Premier ministre.

Toujours selon Kan, à aucun moment le bureau de Netanyahu n’a demandé d’informations supplémentaires ni sollicité une présentation spécifique des enquêtes pour le Premier ministre.

En réponse, le cabinet du Premier ministre a publié un communiqué précisant que « même si un officier a assisté à une séance d’information générale avec l’ensemble du commandement de Tsahal, cela ne change rien au fait que les enquêtes n’ont pas été officiellement transmises au Premier ministre pour examen ».

« Les journalistes militaires ont reçu les rapports de Tsahal avant que quiconque n’ait pris la peine de les présenter, en détail, au Premier ministre », poursuit le communiqué.

L’opposition réclame une commission d’enquête d’État

Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a réagi jeudi soir sur X, écrivant que « l’armée a fait preuve de courage et a respecté ses valeurs en menant une enquête approfondie sur elle-même, sans chercher à blanchir ou dissimuler sa responsabilité. Il est grand temps que cette bande de lâches et d’incompétents qui se fait appeler ‘le gouvernement d’Israël’ en fasse de même. »

« Au lieu de fuir leurs responsabilités jour après jour, ils devraient s’inspirer de l’armée et créer immédiatement une commission d’enquête d’État. »

Le chef de l’opposition Yair Lapid présente un projet pour la bande de Gaza dans l’après-guerre, à Washington DC, le 25 février 2025. (Capture d’écran/FDD)

Le président du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a publié un message demandant « une commission d’enquête d’État, maintenant ! »

De son côté, Yair Golan, leader du parti Les Démocrates — une alliance regroupant des membres du Parti travailliste et de Meretz — a lui aussi réagi, établissant une comparaison entre Tsahal, qui « affronte ses échecs, enquête sur elle-même et tire les leçons nécessaires », et le gouvernement qui, selon lui, « continue de se dérober et de chercher à se blanchir ».

« Le 7 octobre a été, avant tout, un échec politique retentissant », a-t-il déclaré.

« Nous devons mettre en place une commission d’enquête d’État. Nous devons faire éclater la vérité au grand jour. Celui qui a abandonné [le pays] doit en assumer la responsabilité et en payer le prix. Nous veillerons à ce que cela se produise. Nous ne ferons pas de compromis pour moins que la vérité et la responsabilité », a déclaré Golan.

Avigdor Liberman, chef du parti Yisrael Beytenu, a également réagi en déclarant que « les enquêtes menées par Tsahal ne suffisent pas ».

« Il est évident que les services de sécurité ont échoué, et tous les responsables doivent démissionner. Mais tant que le gouvernement du 7 octobre refusera de mettre en place une commission d’enquête d’État pour examiner la responsabilité de l’échelon politique, il empêchera délibérément les otages et les familles des victimes d’accéder à la vérité », a-t-il ajouté.

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