Plainte pour antisémitisme au sein d’une coopérative alimentaire de Brooklyn
Juifs et Israéliens, membres de la Park Slope Food Coop, disent que les actes antisémites et anti-Israël sont fréquents et qu'aucune mesure n'a été prise après un salut nazi
JTA – Des Juifs membres de la Park Slope Food Coop de Brooklyn ont porté plainte pour violation des droits de l’homme doublée d’actes antisémites et anti-Israël afin que le gouvernement américain intervienne dans le conflit qui ronge cette coopérative autour de la question de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.
Cette plainte est l’œuvre de la coalition anti-BDS Coop4Unity, qui évoque l’existence d’un grand nombre d’actes antisémites et de harcèlement au sein d’une coopérative spécialisée dans la vente d’aliments bio qui est à la fois détenue et exploitée par ses membres.
Des membres de cette coopérative ont porté plainte le 7 octobre dernier, date du premier anniversaire de l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas dans le sud d’Israël, au cours de laquelle plus de 1 200 Israéliens ont été tués et 251 pris en otage, ce qui a ouvert les hostilités qui se poursuivent dans la bande de Gaza. Ces membres affirment qu’à cette date, rien n’a bougé.
« La plainte porte sur un certain nombre d’incidents qui, suivant notre analyse, ont eu pour effet d’instaurer un climat de travail toxique », explique à la Jewish Telegraphic Agency Ramon Maislen, un des auteurs de la plainte.
« C’est décourageant de voir que, malgré de nombreux appels à l’action, la direction de la Coop n’a rien fait pour protéger ses membres juifs et israéliens d’un harcèlement permanent », poursuit Maislen dans un communiqué. « Personne ne devrait se sentir en danger ou marginalisé dans un endroit qui se targue de servir tout le monde de la même manière. »
Cette plainte est l’ultime retombée du conflit autour de la question de la guerre entre Israël et le Hamas qui divise cette coopérative, que nombre de ses membres considèrent comme une communauté, et qui est un symbole du progressisme du Brownstone Brooklyn. Une proposition de boycott des produits israéliens au sein de cette coopérative a occupé une grande partie de ses dernières réunions tout autant que les pages de son bulletin d’information, et a donné lieu à de récentes élections au sein du conseil d’administration.
Les membres juifs qui se sont opposés au boycott s’estiment désormais mal accueillis et en danger au sein de la coopérative, en raison d’un climat hostile que la plainte entend décrire.
Selon un communiqué de Coop4Unity reprenant certains termes de la plainte, le 16 mai dernier, une femme juive originaire du Moyen-Orient dont le nom n’est pas révélé distribuait des tracts devant la coopérative lorsqu’un « membre de la Coop, un homme blanc, l’a agressée verbalement et traitée de ‘nazie’ ». Le communiqué indique qu’il a ensuite prononcé les mots « Sieg heil » – le salut nazi – « tout en se tenant derrière elle, menaçant ».
Selon cette même source, « aucune mesure disciplinaire n’a été prise à l’encontre de ce membre fautif, si ce n’est de vagues excuses oublieuses de la gravité des faits ».
Toujours selon ce communiqué, des membres juifs de la coopérative se seraient entendu dire à plusieurs reprises qu’ils n’avaient « aucune empathie », qu’ils avaient sur eux « l’odeur du sang palestinien », qu’ils soutenaient « le génocide » et qu’ils étaient responsables des actions militaires d’Israël.
Le communiqué ajoute que les membres de la Park Slope Food Coop Members for Palestine, favorable au boycott des produits israéliens, sont grandement responsables de ces actes de harcèlement.
Un représentant du ministère américain des Droits de l’homme a déclaré que ses services « ne pouvaient ni confirmer, ni infirmer ni même commenter » les plaintes actuelles ou à venir. Ni la Park Slope Food Coop ni la Park Slope Food Coop Members for Palestine n’ont souhaité commenter l’affaire pour la Jewish Telegraphic Agency.
Le dispositif légal de l’État de New York en matière de droits de l’homme interdit les discriminations dans plusieurs domaines, à commencer par l’emploi et les lieux publics, et prévoit des enquêtes, en cas de plaintes, dans un délai de 180 jours. Si une plainte est jugée fondée, l’affaire est alors portée devant un juge administratif.
La déclaration de Coop4Unity n’évoque pas dans le détails les mesures souhaitées, suite à sa plainte, disant espérer qu’elle « sera suivie de mesures significatives pour lutter contre le harcèlement et garantir à tous les membres de la Coop un environnement sûr et inclusif ».
Maislen explique que la motivation première de cette plainte est l’absence de « toute conséquence » pour les membres de la faction pro-BDS de la coopérative qui ont harcelé des membres juifs. Il ajoute que la question est passée inaperçue pour la plupart des membres de la coopérative.
« La plupart des gens ne savent même pas ce qui se passe », conclut Maislen. « [Pour] la plupart d’entre eux, c’est juste une putain d’épicerie et ils ne veulent pas faire de politique. »
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.