Polémique autour du musée de l’Histoire des Juifs polonais
Le mandat du directeur du musée n'a pas été reconduit pour divergence idéologique, bien que la communauté juive soutienne sa nomination
Le gouvernement conservateur polonais refuse de reconduire à la tête du musée de l’Histoire des Juifs polonais, à Varsovie – aussi nommé le musée Polin – son directeur, Dariusz Stola. Ses opinions politiques seraient en cause – bien qu’il nie prendre position à ce niveau-là.
A la fin de son contrat en février 2019, l’homme n’a pas été reconduit : le parti Droit et Justice, qui a depuis remporté les élections législatives en octobre dernier, s’est depuis 2015 donné pour tâche de reprendre en main les institutions mémorielles du pays.
Malgré sa non-reconduction, le professeur Dariusz Stola avait remporté deux mois plus tard le processus de sélection d’un nouvel administrateur, qui devait le titulariser pour cinq ans.
La raison pour laquelle il n’a pas été reconduit : l’homme a été accusé d’avoir organisé des évènements contre le parti Droit et Justice – ce qu’il nie.
« Je le mets au défi de présenter un fait véritable. Nous n’avons organisé aucun événement politique », a-t-il expliqué au journal Haaretz. « Bien sûr, il y a eu à des occasions des personnes dans le public qui ont fait des déclarations critiquant le gouvernement, comme chaque citoyen – y compris moi-même – a le droit de le faire. »
Une pétition en ligne a été lancée afin d’appeler le gouvernement polonais à nommer l’homme.
« Bloquer cette nomination menace sérieusement l’existence du Musée Polin sur l’histoire des Juifs polonais à Varsovie et l’indépendance de la plus importante institution culturelle dans le domaine de l’histoire juive polonaise, peut-on lire. Le professeur Dariusz Stola est également fortement soutenu par la communauté juive de Pologne, qui dans la pétition séparée a déjà exprimé son indignation à l’idée de le remplacer. »
En 2018, la Pologne a adopté une loi qui rend illégal le fait de tenir le pays pour responsable des crimes nazis.
Les critiques de la loi, y compris des politiciens israéliens et des historiens éminents de la Shoah, ont averti qu’elle limiterait le débat sur la Shoah et servirait à occulter les actions des Polonais qui ont dénoncé les Juifs aux Allemands ou les ont tués.
Ouvert en 2014, le Musée de l’Histoire des Juifs polonais accueille chaque année 450 000 visiteurs.