Pour Lapid, l’avant-poste d’Evyatar en Cisjordanie sera bien détruit
Le ministre des Affaires étrangères affirme que la gauche et la droite s'accordent sur son illégalité ; l'avant-poste a entraîné des heurts meurtriers entre soldats et Palestiniens
Shalom Yerushalmi est analyste politique pour Zman Israël, le site en hébreu du Times of Israël sur l'actualité israélienne.
Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid a déclaré qu’un avant-poste illégal de Cisjordanie sera bien détruit, conformément aux ordres donnés par l’armée. Il a ajouté que le sujet ne serait pas une source de division au sein du gouvernement fragile de coalition.
Dans son premier discours public au sujet de l’avant-poste d’Evyatar depuis qu’il a pris ses fonctions, Lapid, qui est aussi Premier ministre d’alternance, a déclaré à Zman Israel, le site en hébreu du Times of Israël, que le sort réservé à cette petite communauté ne faisait aucun doute.
« L’avant-poste sera évacué », a-t-il dit lundi. « Il est illégal. Ce n’est pas une question de droite ou de gauche. Il y a une ordonnance émise par l’armée et par l’administration civile. »
Les propos de Lapid ont été tenus au lendemain du rejet par l’armée d’un appel émanant de membres du mouvement pro-implantation contre la démolition de l’avant-poste.
Ce dossier a été utilisé par les députés de l’opposition pour attaquer le Premier ministre de droite et lui-même pro-implantation Naftali Bennett, qui a été accusé d’être sous la coupe de ses partenaires de coalition centristes et de gauche.
« Bennett expliquera qu’il n’y a pas d’autre choix et qu’il y a des ordonnances émises par l’armée et par l’administration civile », a dit à Zman un député du Parti sioniste religieux d’extrême-droite qui a néanmoins noté que l’ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu, lui aussi, avait fait évacuer des avant-postes.
« Il [Bennett] va choisir d’évacuer Evyatar rapidement et d’en finir vite », a poursuivi le député. « Il sait que l’armée est déjà largement prête à procéder à l’évacuation. »
Les habitants de l’avant-poste d’Evyatar avaient espéré stopper l’évacuation prévue, mais leur appel a été rejeté dimanche par les militaires.
« L’avant-poste d’Evyatar a été illégalement créé. Tout a été fait en violation absolue de la loi et sans aucun accord de propriété ou de planification », a écrit le Commandement central.
Les résidents peuvent dorénavant se tourner vers la plus haute instance judiciaire israélienne, la Haute cour de Justice – mais il est improbable que ses magistrats acceptent la plainte.
Evyatar a été réétabli au mois d’avril sur des parcelles qui appartenaient, par le passé, aux villages adjacents de Beita, Kablan et Yitma – même si leur accès a été interdit depuis des décennies aux résidents pour des raisons qui, selon l’armée, sont d’ordre sécuritaire.
L’avant-poste s’est développé rapidement au cours des deux derniers mois, consistant finalement en une cinquantaine d’habitations occupées par des dizaines de familles. La page Facebook de l’avant-poste se vante du fait qu’Evyatar empêche dorénavant toute contiguïté entre les villages palestiniens environnants tout en permettant de relier l’implantation israélienne de Tapuah au carrefour de Zaatara et à l’implantation de Migdalim.
Suite au rétablissement de l’avant-poste, les environs d’Evyatar ont été le théâtre d’affrontements répétés entre les soldats israéliens et les Palestiniens, ces dernières semaines. Evyatar a déjà été démoli à plusieurs occasions depuis son tout premier établissement en 2013, qui avait suivi le meurtre d’un résident de Yitzhar, lors d’une attaque au couteau au carrefour de Tapuah.
Les Palestiniens originaires de Beita, un village adjacent, ont jeté des pierres sur les soldats et ont incendié des parcelles de terre et les militaires ont riposté en utilisant des moyens de dispersion d’émeutes et, dans certains cas, des balles réelles. Quatre Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens lors de ces affrontements.
Le coût estimé de la démolition de 50 habitations dans cet avant-poste illégal est d’approximativement dix millions de shekels, ont déclaré la semaine dernière des responsables sécuritaires à la Douzième chaîne.
Bennett et Lapid se succèderont au poste de Premier ministre – chacun y restera deux ans – dans le cadre d’un accord de rotation qui a permis l’établissement de l’alliance hétéroclite aujourd’hui au pouvoir, qui est formée de huit partis du centre, de la droite et de la gauche, ainsi qu’une formation islamiste, Raam.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.