Israël en guerre - Jour 645

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Opinion

Quand Trump a aidé à sauver Israël, puis s’en est pris violemment à ses responsables

Avec trois frappes contre les installations nucléaires de la République islamique, le président américain pourrait bien avoir contribué à sauver l'humanité. Mais lui seul décidera s'il doit recommencer - et quand

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le président américain Donald Trump s'adresse aux journalistes avant de monter à bord de Marine One sur la pelouse sud de la Maison Blanche, mardi 24 juin 2025, à Washington. (Crédit : AP Photo/Evan Vucci)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux journalistes avant de monter à bord de Marine One sur la pelouse sud de la Maison Blanche, mardi 24 juin 2025, à Washington. (Crédit : AP Photo/Evan Vucci)

S’adressant aux journalistes sur la pelouse de la Maison Blanche mardi dans la matinée, Donald Trump a prononcé ce qui pourrait bien avoir été la dénonciation publique la plus virulente d’Israël de la part d’un président américain de toute l’Histoire.

À de multiples reprises, il a fustigé les responsables israéliens qui, a-t-il dit, avaient ostensiblement violé le cessez-le-feu qu’il avait négocié avec l’Iran (ce qu’Israël n’avait pas encore fait, mais ce qui était sur le point de se produire). Il a accusé l’État juif d’avoir « largué une quantité de bombes comme je n’en avais jamais vu auparavant » sur l’Iran avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu et il a critiqué plus généralement le pays en notant son « ingratitude » , faisant remarquer que lui-même avait pris la peine d’envoyer des bombardiers B-2 pour « détruire » trois installations nucléaires déterminantes de Téhéran – notamment celle de Fordo, une structure réputée quasi-imprenable et construite dans les profondeurs de la terre.

Trump s’en est aussi pris à l’Iran – un peu – et il a placé les deux nations ennemies au cœur de sa dernière diatribe : « Vous savez quoi ? Nous avons deux pays qui se battent depuis si longtemps et si durement qu’ils ne savent plus ce qu’ils font. Vous comprenez ça ? », a-t-il interrogé.

Mais ses propos se sont, en grande majorité, concentrés sur Israël, habituellement considéré comme l’allié le plus proche des États-Unis dans la région. L’État juif venait de perdre quatre civils, quelques heures auparavant, lors d’une frappe au missile, avant le cessez-le-feu — une attaque menée par le régime islamiste extrémiste de Téhéran, qui hait les États-Unis, qui n’a pas dissimulé sa volonté farouche de détruire Israël, et qui avait continué à lancer des missiles immédiatement après le début de la trêve (elle était prévue à 7 heures du matin) puis à nouveau plus de trois heures plus tard. C’était à cette dernière salve iranienne qu’Israël s’apprêtait alors à répondre, poussant à son comble l’exaspération du président américain.

« Je ne suis pas content d’Israël », a-t-il martelé, répétant ce sentiment de mécontentement à plus de cinq reprises avec des variations mineures, alors qu’il se devait se rendre à un sommet de l’OTAN, aux Pays-Bas, et qu’il devait téléphoner au Premier ministre Benjamin Netanyahu en cours de route, pour le sommer de rappeler les bombardiers israéliens qui avaient déjà décollé pour procéder aux représailles. « Ne larguez pas ces bombes « , a ordonné Trump, et Netanyahu, humilié, a demandé aux appareils affrétés par l’armée de l’air de faire demi-tour, abandonnant son projet d’attaquer quinze cibles de premier plan du régime, et se contentant d’une frappe mineure sur une installation radar – une attaque qui n’a fait aucune victime.

Si son ancien stratège en chef, Steve Bannon, a estimé qu’il n’avait « jamais vu un président des États-Unis aussi fou » – il a attribué cet état de fait à la colère accumulée face aux « nombreux mensonges que nous avons reçus du gouvernement Netanyahu » – Trump a semblé apaisé quelques heures plus tard, déclarant aux journalistes qu’il n’y aurait aucune conséquence désagréable pour Israël car, en fin de compte, le pays « n’a rien fait » de susceptible de contrevenir au cessez-le-feu. Mercredi, il a rendu hommage aux Israéliens qui ont minimisé leur riposte – « je suis très fier d’eux », a-t-il dit – et il a ajouté qu’ils « ont eu techniquement raison » d’affirmer que l’Iran avait violé la trêve en lançant ses missiles, dans la matinée. « Cela a été une petite violation », a-t-il estimé.

Mais cette réprimande lancée par le président des États-Unis qui se tenait, aux yeux du monde, sur la pelouse de la Maison Blanche, a souligné le risque élevé qu’il pourrait y avoir se mettre à dos le président Donald J. Trump – même si on se considère comme l’un de ses plus proches alliés, même si le président américain vous a remercié et félicité peu de temps auparavant, et même quand on n’est pas tout à fait sûr de ce que l’on est censé avoir fait, ou de ce que l’on a pu faire de mal.

Des Iraniens brandissent des drapeaux nationaux et scandent des slogans pour célébrer le cessez-le-feu entre l’Iran et Israël sur la place Enghlab, dans la capitale Téhéran, le 24 juin 2025. (Crédit : ATTA KENARE / AFP)

Ce risque est désormais ouvertement omniprésent pour Israël, un pays qui a toujours été fier de se défendre seul contre tous ceux qui cherchent à le détruire mais qui, dans ce cas précis, a activement exercé des pressions sur l’administration Trump, la sollicitant pour qu’elle lui vienne en aide. Seuls les États-Unis disposaient des bombes à charge pénétrante (Massive Ordnance Penetrator), ces armements capables de pénétrer dans les profondeurs de Fordo, et des B-2 pour les transporter. Et pour éviter la menace croissante des armes nucléaires iraniennes, l’installation de Fordo, où des centrifugeuses avancées pouvaient rapidement convertir de l’uranium hautement enrichi en uranium de qualité militaire, devait impérativement être détruite.

Quelques jours après ces trois frappes américaines, il n’est pas encore certain que le programme nucléaire iranien ait été définitivement abandonné. Trump affirme avec force que les principales structures nucléaires du régime ont été complètement détruites et il a mis en garde : d’autres attaques suivront si « le tyran du Moyen-Orient » devait ne pas comprendre le message et qu’il devait se refuser « à faire la paix maintenant ». D’autres évaluations sont plus prudentes. Tsahal déclare que les Iraniens ont pris plusieurs années de retard. Un rapport préliminaire qui a été établi par les services de renseignement américains estimerait, de son côté, que le programme iranien de fabrication de bombes n’a été retardé que de quelques mois. Personne ne sait avec certitude ce qu’il est advenu des 400 kilogrammes d’uranium enrichi stockés par l’Iran.

Cette image compare l’installation nucléaire iranienne de Fordo avant et après le bombardement du site par les États-Unis le 20 juin 2025. (Crédit : AP Graphic)

L’envoyé spécial du président, Steve Witkoff, affirme que les États-Unis ont d’ores et déjà entamé des discussions préliminaires avec le régime avec pour objectif de reprendre les négociations sur un nouvel accord nucléaire qui, selon lui, ne devra en aucun cas permettre à l’Iran de reprendre ses activités d’enrichissement d’uranium. Une exigence que les ayatollahs avaient rejetée avec mépris tout au long des 60 jours de pourparlers que Trump avait précédemment accordés – une échéance qui aura finalement ouvert la porte au recours à la force de la part d’Israël, en date du 13 juin et aux bombardements américains qui sont survenus le 22 juin.

Tout en déclarant qu’Israël (et les États-Unis) avaient « réduit à néant le programme nucléaire iranien », Netanyahu a de même averti avec gravité, mardi dans la soirée, que « si qui que ce soit, en Iran, tente de relancer ce programme, nous agirons avec la même détermination, avec la même puissance, avec pour finalité mettre un terme à toute tentative de ce genre ».

Mais tout retour à la guerre nécessitera désormais l’approbation de Trump, comme l’a clairement indiqué la réprimande de la Maison Blanche, sous peine d’exposer Israël non seulement à une condamnation publique, mais aussi à l’absence de soutien concret.

Trump ne voulait pas que cette opération dégénère et que le conflit en vienne à se prolonger. Il est arrivé au pouvoir en promettant de mettre un terme aux guerres, certainement pas en promettant d’en déclencher. Il a choisi d’utiliser la puissance militaire américaine de manière dévastatrice, mais très ciblée. Il a dit à l’Iran qu’il n’hésiterait pas à frapper à nouveau si la république islamique tentait de reprendre ses activités d’enrichissement, mais il a également déclaré qu’il ne pensait pas que cela serait nécessaire. Pour l’instant, il en a terminé.

Graphique du Pentagone détaillant l’itinéraire et le calendrier des frappes américaines du 20 juin 2025 contre les sites nucléaires iraniens de Fordo, Natanz et Ispahan. (Crédit : Pentagone)

Mais il s’agit bien sûr de Trump – un président qui, le dimanche, peut envisager un changement de régime « si le régime iranien actuel est incapable de RENDRE À L’IRAN SA GRANDEUR », puis rejeter le mardi cette même idée, estimant qu’elle équivaut à une garantie de chaos.

Et avec Witkoff, le président des États-Unis dispose d’un négociateur hors pair qui a néanmoins du mal à accepter que des extrémistes de l’islam puissent s’avérer être idéologiquement intraitables.

Exhortant Trump à faire peser la puissance militaire américaine sur l’Iran, Netanyahu a affirmé que déjouer le programme nucléaire d’un régime à la rapacité idéologique et territoriale extrême, d’un régime qui voue un culte à la mort n’était pas seulement une question existentielle pour Israël, mais aussi pour les États-Unis et pour le monde entier. Trump s’est laissé convaincre.

En donnant son feu vert à l’attaque américaine dimanche matin, le président américain a aidé Israël à réduire considérablement une menace imminente de destruction, et il pourrait bien avoir aidé Israël à sauver l’Humanité.

Mais lui seul décidera s’il doit recommencer – et quand.

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