Quatre rues d’une ville tunisienne baptisées du nom de Juifs éminents
Sousse avait été le théâtre d'un attentat meurtrier de l'EI qui avait fait 38 morts en 2015. La municipalité est depuis saluée pour "encourager le multiculturalisme"
Une ville tunisienne frappée par des terroristes islamistes en 2015 va baptiser quatre de ces rues du nom de Juifs locaux éminents.
La municipalité de Sousse, une destination touristique prisée des Occidentaux, a fait cette annonce, disant qu’elle donnerait à quatre de ses rues les noms de Claude Sitbon, avocat; de Daniel Uzan, médecin; d’Yvonne Bessis, sage-femme, et des familles Ghouila-Houri et Ichoua, qui ont développé la ville, a fait savoir le site d’information Kapitalis la semaine dernière.
Ces rues sont situées dans un nouveau quartier de villas, dans le nord de la municipalité.
Il y a trois ans, l’Etat islamique avait revendiqué la responsabilité d’un attentat à Sousse qui avait fait 38 morts.
La Tunisie, qui avait une population juive de 140 000 personnes avant la création d’Israël en 1948, compte dorénavant une population de 1 700 Juifs. C’est la deuxième communauté juive la plus importante dans un pays arabe, après le Maroc, où les Juifs seraient 3 000.
L’Association tunisienne de soutien des minorités, l’ATSM, qui signale souvent des expressions d’antisémitisme, a salué l’initiative prise par Sousse et l’a qualifié « d’importante pour l’encouragement du multiculturalisme ».
L’année dernière, la Tunisie a rejoint plusieurs autres pays arabes en interdisant le film « Wonder Woman », apparemment en raison de la présence de la star israélienne Gal Gadot, qui y interprète la super-héroïne.
Le philosophe juif français Bernard-Henri Levy, qui n’est pas israélien, avait été accueilli durant une visite en Tunisie en 2014 par des douzaines d’Islamistes transportant des bannières invitant « Levy le sioniste » à partir.
L’invitation lancée par un festival tunisien au mois de juillet 2017 à l’acteur juif Michel Boujenah avait entraîné des manifestations dans le pays qui, selon l’ATSM, étaient antisémites.
La Tunisie a plusieurs projets de loi en suspens, présentés par les nationalistes islamistes et laïcs, proposant un boycott général d’Israël et l’interdiction d’entrée sur le territoire tunisien des Israéliens.
Néanmoins, le gouvernement de Tunisie montre ses sites du patrimoine juif, et notamment Djerba, dont la synagogue ancienne se trouvait sur la liste proposée l’année dernière par Tunis pour être reconnue en tant que patrimoine mondial historique des Nations unies.