Israël en guerre - Jour 364

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Analyse

Que signifie le départ de John Bolton pour Israël ?

Bien que la politique de Washington semble inchangée, Israël surveillera le dossier iranien avec inquiétude après le départ soudain du conseiller américain à la sécurité nationale

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) s'entretient avec le conseiller américain pour la sécurité nationale John Bolton, lors d'une déclaration aux médias à la suite de leur réunion à Jérusalem le 6 janvier 2019. (Matty Stern/ambassade des États-Unis à Jérusalem)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) s'entretient avec le conseiller américain pour la sécurité nationale John Bolton, lors d'une déclaration aux médias à la suite de leur réunion à Jérusalem le 6 janvier 2019. (Matty Stern/ambassade des États-Unis à Jérusalem)

WASHINGTON (JTA) – Benjamin Netanyahu a eu un sacré mardi.

Une semaine avant que les Israéliens ne se rendent aux urnes lors de la deuxième élection du pays cette année, le Premier ministre est passé à la télévision en direct pour annoncer qu’en cas de réélection, il annexera les zones sensibles de Cisjordanie en « coordination maximale » avec le président Donald Trump. Netanyahu a cité la « grande foi du dirigeant américain en notre amitié ».

Quelques minutes plus tard, Trump a lâché une bombe sur Twitter en annonçant qu’il avait demandé la démission de l’un des plus proches alliés d’Israël à la Maison Blanche et d’un des principaux partisans de l’administration d’une ligne dure contre l’Iran : John Bolton, conseiller à la sécurité nationale.

Pire, M. Trump a fait savoir qu’il se débarrassait de Bolton parce qu’il y avait de « forts désaccords » entre eux.

Pire encore, le secrétaire d’État de Trump a confirmé que le président était prêt à rencontrer son homologue iranien sans conditions préalables. Ce que l’Iran a exclu tant que les sanctions ne seraient pas levées.

La source la plus immédiate de désaccord entre Bolton et Trump semble être l’Afghanistan. Bolton aurait tenté d’empêcher Trump de conclure un accord de paix avec les talibans, et ses pressions auraient été à l’origine de l’annulation d’une réunion cette semaine à Camp David pour annoncer l’accord.

Mais il y avait d’autres tensions plus proches des intérêts d’Israël. Bolton a été le fer de lance des efforts américains pour isoler l’Iran et a fait pression pour une réponse militaire à l’abattage par Téhéran d’un drone américain au cours de l’été – une frappe que Trump a approuvée puis brusquement interrompue.

Puis, le mois dernier, Netanyahu se serait précipité pour intervenir après que des informations ont fait état d’une possible rencontre entre Trump et Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères, qui a fait une apparition surprise lors du sommet du G7 en France.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif avec le président français Emmanuel Macron et le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, à Biarritz, le 25 août 2019. (Crédit : Handout photo via AFP)

Le secrétaire d’État Mike Pompeo, s’exprimant mardi après-midi lors d’une conférence de presse convoquée à la hâte pour étouffer les spéculations sur le départ de Bolton, a déclaré que M. Trump était prêt à rencontrer le président iranien Hassan Rouhani en marge de la prochaine Assemblée générale des Nations unies.

« Bien sûr, le président a été très clair, il est prêt à le rencontrer sans conditions préalables », a déclaré Pompeo.

Les Iraniens, quant à eux, applaudissaient le départ de Bolton, Hesameddin Ashena, conseiller de Rouhani, tweetant que c’était un « signe décisif de l’échec de la stratégie de pression maximale américaine » envers son pays.

Les Israéliens craignent qu’une réunion Trump-Rouhani ne se déroule comme les sommets entre Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, au cours desquels le président clame sa proximité avec le dirigeant autocratique alors même que les essais d’armes de la Corée du Nord continuent.

Quelques heures avant son départ, Bolton a fait savoir sur Twitter : « Maintenant que nous sommes à deux semaines de l’Assemblée générale de l’ONU, vous pouvez être sûr que l’Iran fait des heures supplémentaires pour duper. »

Danielle Pletka, vice-présidente de l’American Enterprise Institute, où Bolton a également travaillé pendant les années où il n’était pas à la Maison Blanche, a mis en garde contre le fait de percevoir ce départ comme le signe d’un changement radical de la politique israélienne de Washington. D’autres membres de l’administration, dont Pompeo et Jared Kushner, conseiller principal du président et gendre de Trump, sont aussi pro-Israël que Bolton, indique-t-elle.

« Je ne pense pas que John Bolton soit l’auteur de la politique israélienne », ajoute Danielle Pletka.

Pompeo a fait une remarque similaire lors de sa conférence de presse, en disant que le départ de Bolton ne devrait pas être interprété de façon exagérée.

« Ce n’est pas parce que l’un d’entre nous part que la politique étrangère de [Trump] est supposée avoir changé », a-t-il ainsi précisé.

Mais une préoccupation plus large pour Israël pourrait être le renforcement des tendances isolationnistes de Trump. Bolton a souvent été perçu comme un instigateur d’une posture militaire américaine plus musclée, une tendance à laquelle Trump a résisté.

Pendant des décennies, les dirigeants israéliens ont vu la politique américaine à travers deux filtres : les spécificités de l’alliance bilatérale, y compris l’aide financière et autre à Israël, et la projection mondiale de la puissance américaine, qui fait d’Israël l’un de ses plus proches alliés.

Dans le premier cas, Trump est considéré comme une amélioration générale par rapport à ses prédécesseurs, avec des mesures telles que le déménagement de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, la reconnaissance des droits d’Israël sur le plateau du Golan et l’encouragement des États arabes sunnites à s’associer à Israël, même sans progrès vers un accord de paix avec les Palestiniens.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le conseiller américain pour la sécurité nationale John Bolton visitent la vallée du Jourdain, en Cisjordanie, le 23 juin 2019. (Kobi Gideon/GPO)

Pour ce qui est de la deuxième, le limogeage de Bolton soulève des inquiétudes.

« Il y a des gens dans le cercle restreint du président qui ne sont pas d’accord avec le leadership mondial américain », d’après Danielle Pletka. « Il y a des gens à la Maison Blanche qui pensent que les dépenses de défense et l’aide étrangère sont de l’argent gaspillé et que nous devrions nous occuper de nos affaires intérieures. »

Le goût amer du départ de Bolton a aggravé les inquiétudes.

Sur Twitter, Bolton a contredit Trump et insisté sur le fait qu’il avait démissionné. Pompeo et Steve Mnuchin, le secrétaire au Trésor, ont tous deux critiqué l’ancien conseiller, Mnuchin citant le soutien de ce dernier à la guerre en Irak en 2003 comme l’une des raisons de son renvoi – comme si cela n’était pas patent quand il a été nommé à son poste en 2018.

Les hommes de Bolton ont riposté. CNBC a cité une « source proche de Bolton » : « Depuis que l’ambassadeur Bolton a été conseiller en matière de sécurité nationale au cours des 17 derniers mois, il n’y a eu aucune erreur ».

De façon notable, Bolton a reçu un adieu affectueux de la Coalition juive républicaine, un groupe qui a par ailleurs accueilli avec enthousiasme la présidence de Trump l’an dernier.

« Merci pour votre amitié de longue date, votre clarté morale et votre défense passionnée de l’Amérique et de nos alliés, en particulier Israël », a ainsi déclaré sur Twitter, Matt Brooks, directeur exécutif de la Coalition.

Les démocrates étaient prêts à bondir sur une administration ayant connu un important turn-over dans ses hautes sphères. Bolton est le troisième conseiller de Trump pour la sécurité nationale en moins de trois ans.

« Ce turn-over au niveau de la sécurité nationale – et du cabinet – est sans précédent et constitue un signe clair de l’échec du leadership de Trump, tant au niveau national que mondial », a déclaré sur Twitter Mme Halie Soifer, directrice exécutive du Jewish Democratic Council of America. « Cela indique aussi l’incohérence et le danger de sa politique étrangère erratique. »

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