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Robert Badinter se souvient de sa première visite du camp d’Auschwitz

"Il ne faut pas oublier les morts et ne pas vivre leurs morts dont vous devenez captif", a philosophé l'ancien garde des Sceaux, expliquant que "la vie est plus forte que la mort"

Robert Badinter, à Paris, le 25 novembre 2013. (Crédit : Eric Feferberg/AFP)
Robert Badinter, à Paris, le 25 novembre 2013. (Crédit : Eric Feferberg/AFP)

À l’occasion des 75 ans de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, l’ancien garde des Sceaux Robert Badinter s’est exprimé au micro de la radio France info ce jeudi.

L’ancien responsable politique et avocat, qui a perdu son père, sa grand-mère paternelle et un oncle maternel dans la Shoah, est revenu sur sa première visite du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, en 1956, alors qu’il était âgé de 28 ans.

« Personne n’y allait, c’était désert », s’est-il rappelé. Accueilli un jour de printemps par un professeur d’histoire polonaise, il se souvient : « Curieusement, il y avait entre les marches qui descendaient vers la chambre à gaz, trois petites fleurs. J’ai regardé ça, j’ai cueilli une des fleurs et je l’ai envoyé à ma mère et j’y ai ajouté : ‘Pour moi, c’est le symbole que la vie l’emporte toujours sur la mort.' »

« Il ne faut pas oublier les morts et ne pas vivre leurs morts dont vous devenez captif, ajoute-t-il. La vie est plus forte que la mort. »

Il reconnait néanmoins que « le processus de cicatrisation » met « très, très longtemps ». « Il y a toujours des moments où ça revient, comme certains membres dont on est amputés. Bizarrement, certains jours, vous avez mal là où il n’y a plus rien. C’est exactement ça : la disparition, vous la refusez. »

Le juriste poursuit : « Souvent, cette époque revient avec la folle espérance qu’ils sont revenus. Vous vous réveillez à ce moment-là, mais ils ne sont pas revenus. C’est pour ça que la douleur spécifique de l’absent est enracinée, elle fait partie de votre être. »

De là est née sa volonté de combattre « le fanatisme, les préjugés et l’ignorance crasseuse ».

« Le mépris de la vie humaine, ça c’est un combat que chacun doit mener constamment et fermement. Il faut combattre et affronter, ne pas fuir. Chacun de nous doit tirer la leçon d’Auschwitz », conclut-il.

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