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Russie : Prolongation de la détention du journaliste juif américain Gerskovich

Les parents du journaliste du Wall Street Journal sont restés aux abords de la salle d'audience, à Moscou, pour apercevoir leur fils, emprisonné jusqu'au 30 août au moins

Le journaliste du Wall Street Journal Evan Gershkovich dans une salle d'audience du tribunal de Moscou, en Russie, le 18 avril 2023. (Crédit : AP Photo/Alexander Zemlianichenko)
Le journaliste du Wall Street Journal Evan Gershkovich dans une salle d'audience du tribunal de Moscou, en Russie, le 18 avril 2023. (Crédit : AP Photo/Alexander Zemlianichenko)

(JTA) — Un tribunal russe a prolongé au moins jusqu’au 30 août la détention d’Evan Gershkovich, journaliste pour le Wall Street Journal et ce, dans l’attente de son procès.

Gershkovich, 31 ans, fils de réfugiés juifs originaires d’Union soviétique né aux États-Unis, a été arrêté après avoir été accusé d’espionnage, le 29 mars, pendant un voyage dans la ville de Iekaterinburg où il devait faire un reportage – des accusations qu’il récuse, ainsi que le gouvernement américain et le Wall Street Journal. Il devait initialement retrouver sa liberté le 29 mai – un espoir qui s’est évanoui avec la prolongation qui a été décidée mardi.

Des experts et des diplomates américains s’attendent à ce que l’incarcération de Gershkovich puisse durer des mois, selon le Wall Street Journal.

L’audience de mardi n’avait pas été annoncée au préalable et elle s’est déroulée à huis-clos. Les autorités russes n’ont fourni aucun élément de preuve venant soutenir leurs accusations – selon eux, Gershkovich aurait obtenu des informations classifiées sur « les activités de l’une des entreprises du complexe militaro-industriel russe ».

Le gouvernement américain a déclaré que Gershkovich était détenu à tort, réclamant sa libération immédiate de la prison de Lefortovo où il se trouve depuis son arrestation, au mois de mars.

« Aujourd’hui, notre collègue, le respectable journaliste Evan Gershkovich est apparu devant une Cour de Moscou pour une audience préalable à son procès », a indiqué le Wall Street Journal dans un communiqué. « Alors que nous nous attendions à ce qu’il n’y ait aucun changement dans la détention abusive d’Evan, nous sommes malgré tout profondément déçus. Ces accusations sont incontestablement mensongères et nous continuons à réclamer sa remise en liberté immédiate. »

L’ambassadrice américaine en Russie, Lynne Tracy, avait pu rendre visite à Gershkovich au mois d’avril mais l’accès au détenu lui a été depuis refusé à deux reprises, selon des officiels américains.

De gauche à droite, les avocates Maria Korchagina et Tatiana Nozhkina s’expriment devant les médias devant le tribunal de Moscou à l’issue d’une audience consacrée à un appel lancé contre l’arrestation du journaliste Evan Gershkovich, accusé d’espionnage, à Moscou, le 18 avril 2023. (Crédit : NATALIA KOLESNIKOVA / AFP)

Ses parents, Ella Milman et Mikhail Gershkovich, qui vivent dans le New Jersey, ont attendu pendant plus d’une heure devant la salle d’audience avant d’être autorisés à voir leur fils pour la toute première fois depuis son arrestation, il y a plus de 50 jours, a noté le New York Times.

« Nous espérons qu’il va bien et qu’il pourra être aussi fort que sa mère », a commenté Mikhail Gershkovich.

Gershkovich est le premier journaliste américain depuis la fin de la guerre froide à faire face à des accusations d’espionnage en Russie. Son cas a attiré l’attention des Juifs américains, mais aussi du monde entier. Certains ont demandé sa liberté en réutilisant des pratiques qui étaient mises en œuvre par le mouvement appelant à libérer les Juifs d’Union soviétique. S’il est reconnu coupable d’espionnage, il risque une peine de 20 ans de prison dans un centre de détention de Russie.

Gershkovich est l’un des Juifs actuellement incarcérés en Russie pour des charges relatives à la sécurité.

Vladimir Kara-Murza, un dissident juif russe, avait été condamné à 25 ans de prison pour trahison au mois d’avril et au début du mois, Evgenia Berkovich, directrice juive d’un théâtre russe, a été incarcérée parce que l’une de ses pièces aurait fait l’apologie du terrorisme. Elle est la petite fille de Nina Katerly, une écrivaine et activiste dans la défense des droits de l’Homme russe.

« Zhenya n’est manifestement pas une prisonnière de Sion », a commenté Alexander Smukler, ancien refusenik et célèbre activiste juif américain d’origine russe, auprès du Jewish Standard, un journal du New Jersey, en référence à Berkovich. « Elle n’a pas été arrêtée pour ses idées sionistes. Mais elle est juive ».

« J’appelle les responsables juifs du monde entier à défendre Zhenya Berkovich, » a-t-il ajouté.

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