Smotrich aurait voulu affamer Gaza : condamnations internationales
Le ministre des Finances avait affirmé que "personne ne nous laissera faire mourir de faim 2 millions de civils, même si cela pourrait être justifié et moral"
L’administration Biden s’est déclarée mercredi « consternée » par les derniers propos du ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui avait laissé entendre en début de semaine qu’il serait justifié d’affamer toute la population de Gaza tant que les otages israéliens ne seraient pas libérés.
« Nous sommes consternés par ces déclarations et nous réitérons que cette rhétorique est nuisible et inquiétante », a déclaré un porte-parole du Département d’État dans un communiqué transmis au Times of Israel.
Le président américain Joe Biden et le secrétaire d’État américain Antony Blinken ont souligné à maintes reprises « la nécessité de mettre fin à la crise humanitaire à Gaza, de lever tous les obstacles à l’acheminement de l’aide et de rétablir les services de base pour ceux qui en ont besoin », ajoutait le communiqué.
S’exprimant lors d’une conférence lundi, Smotrich avait déclaré : « On fait entrer de l’aide humanitaire car on n’a pas le choix, nous sommes dans un espace qui exige d’avoir de la légitimité internationale pour mener cette guerre ».
« Nous ne pouvons pas, dans la réalité mondiale actuelle, gérer une guerre. Personne ne nous laissera faire mourir de faim deux millions de civils, même si cela pourrait être justifié et moral, jusqu’à ce que nos otages nous soient rendus. De l’humanitaire contre de l’humanitaire est moralement justifié, mais que pouvons-nous faire ? Nous vivons aujourd’hui dans une certaine réalité, nous avons besoin d’une légitimité internationale pour cette guerre. »
L’Union européenne, la France et le Royaume-Uni avaient aussi condamné mercredi les propos du ministre israélien.
« L’Union européenne (UE) condamne fermement » ces propos, a-t-elle indiqué dans un communiqué. « La déclaration du ministre Smotrich selon laquelle ‘il pourrait être justifié et moral’ de laisser Israël « faire mourir de faim deux millions de civils » jusqu’à ce que les « otages soient rendus » est plus qu’ignominieuse », ajoute l’UE.
« Nous attendons du gouvernement israélien qu’il prenne sans équivoque ses distances avec les propos du ministre Smotrich », a-t-elle poursuivi.
De son côté, la France a exprimé « sa profonde consternation face aux propos scandaleux » tenus par Smotrich, a indiqué un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, lors d’un point presse.
« La France appelle le gouvernement israélien à condamner fermement ces propos inacceptables », a-t-il ajouté selon un communiqué.
Pour le Royaume-Uni « il ne peut y avoir aucune justification pour les propos du ministre (Bezalel) Smotrich », a affirmé le chef de la diplomatie britannique David Lammy sur X.
Il a appelé le gouvernement israélien « à retirer et condamner » ses propos, ajoutant que laisser mourir de faim des civils de manière délibérée « est un crime de guerre ».
Vendredi, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk, « est choqué et consterné par les propos du ministre, a déclaré son porte-parole, Jeremy Laurence, interrogé par un journaliste lors d’un point de presse régulier.
« Il condamne avec la plus grande fermeté ces propos, qui incitent également à la haine contre des civils innocents », a-t-il dit, soulignant que « le fait d’affamer des civils comme méthode de guerre est un crime de guerre ».
« Cette déclaration publique risque d’inciter à commettre d’autres crimes atroces », a-t-il insisté.
Le porte-parole a souligné que « de telles déclarations, en particulier de représentants publics, doivent cesser immédiatement » et « doivent faire l’objet d’enquête », en premier lieu par l’Etat concerné.
« C’est donc un appel immédiat aux autorités israéliennes pour qu’elles surveillent ce type de comportement. (…) C’est la première étape. C’est la responsabilité des Israéliens », a affirmé M. Laurence.
« Nous répétons ce que nous avons dit à maintes reprises, à savoir qu’il doit y avoir un cessez-le-feu immédiat, tous les otages doivent être libérés et l’aide humanitaire doit pouvoir entrer à Gaza », a ajouté M. Laurence.