Standard & Poor’s prévoit une contraction de l’économie israélienne de 5 %
L'agence de notation s'attend à un déficit budgétaire de plus de 5 % du PIB en 2023 et 2024, au lieu des 2,3 % initialement prévus. L'agence de notation anticipe une reprise pour fin 2024
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Selon une information publiée lundi, l’agence de notation Standard & Poor’s s’attend à une contraction de l’économie israélienne de l’ordre de 5% au quatrième trimestre de cette année, en raison de la flambée des risques géopolitiques et sécuritaires depuis le début de la guerre contre le groupe terroriste du Hamas.
S&P, qui a reconduit la note d’Israël – AA- -, soit le quatrième score le plus élevé, ne s’attend pas pour l’instant à ce que les combats contre le groupe terroriste soutenu par l’Iran débordent la bande de Gaza, ce qui ne l’empêche pas de mettre en garde contre le fort ralentissement de l’économie dans les mois à venir.
L’agence de notation évoque comme raisons du ralentissement « la baisse de l’activité commerciale, la faible demande des consommateurs et un environnement d’investissement pour le moins incertain », sans oublier le rappel massif des réservistes.
« Il y a déjà eu plusieurs conflits entre Israël et le Hamas à Gaza, mais cette guerre est d’une tout autre ampleur », ont écrit les analystes de S&P Maxim Rybnikov et Karen Vartapetov dans le rapport. « Nous partons pour l’instant du principe que le conflit restera circonscrit à Gaza et ne durera pas plus de trois à six mois. »
Le 7 octobre, des terroristes du Hamas venus de Gaza se sont introduits en territoire israélien par la terre, la mer et les airs, lors d’un assaut sur plusieurs fronts qui a coûté la vie à pas moins de 1 200 personnes – pour la plupart des civils -, sans oublier les 240 otages enlevés sous un feu nourri de roquettes.
En plus des combats qui s’en sont suivis à Gaza, d’où Israël entend éliminer le groupe terroriste au pouvoir, le Hezbollah soutenu par l’Iran mène ou supervise des assauts quotidiens sur la frontière nord d’Israël depuis le Liban, sans toutefois ouvrir de front à grande échelle.
Rybnikov et Vartapetov ont par ailleurs déclaré que le déficit budgétaire moyen d’Israël devrait représenter 5,3 % du PIB en 2023 et 2024, du fait de l’augmentation des dépenses budgétaires liées à la guerre – de l’ordre de plusieurs milliards de shekels – afin de soutenir les ménages et les entreprises, sans parler des dépenses de défense. C’est plus du double des précédentes prévisions de l’agence de notation, avec 2,3 % du PIB.
Le déficit budgétaire d’Israël s’est déjà creusé à 2,6 % du PIB en octobre, contre 1,5 % le mois précédent. En 2022, Israël avait enregistré son tout premier excédent budgétaire depuis 35 ans, à 0,6 % du PIB.
« Bien que les dépenses directement liées à cette guerre et aux aides finissent par diminuer, nous pensons que les dépenses de défense resteront élevées à moyen terme », ont écrit les analystes dans leur rapport.
A l’avenir, Rybnikov et Vartapetov voient l’économie israélienne rebondir au premier trimestre 2024 et revenir progressivement au niveau d’avant-guerre d’ici la fin de l’année prochaine.
S&P estime que l’économie progressera de 1,5 % en 2023 et 0,5 % en 2024, pour laisser la place à une croissance plus rapide de 5 % en 2025, à mesure que la confiance des consommateurs reviendra et que la reconstruction et que les cycles d’investissement auront pleinement repris. Ces prévisions marquent toujours un ralentissement par rapport au taux de croissance de 6,5 % enregistré en 2022.
Le Département des études de la Banque centrale d’Israël estimait fin octobre que les coûts de la guerre entraîneraient une augmentation du déficit public pour le porter à 2,3 % du PIB en 2023, contre 1 % prévu précédemment, et environ 3,5 % en 2024.
Le 23 octobre, la Banque centrale a revu à la baisse ses prévisions économiques pour cette année et la suivante. Elle s’attend désormais à ce que l’économie progresse de 2,3 % en 2023 et 2,8 % en 2024, en raison de la baisse de la consommation privée et des obstacles à l’exercice d’une activité professionnelle.
Le mois dernier, S&P avait dégradé les perspectives de crédit d’Israël, passées de stables à négatives, évoquant des risques d’aggravation du conflit entre Israël et le Hamas, qui auraient un impact plus prononcé sur l’économie.
S&P a redit que les perspectives négatives reflétaient le risque que « la guerre entre Israël et le Hamas s’aggrave ou affecte les paramètres de crédit d’Israël d’une manière plus négative que prévu ».
« Nous pourrions abaisser la note d’Israël si le conflit s’aggravait significativement, avec un impact sur les risques sécuritaires et géopolitiques auxquels fait face le pays », ont écrit les analystes. « Nous pourrions également abaisser la note sur les 12 à 24 prochains mois si l’impact du conflit sur la croissance économique, la situation budgétaire et la balance des paiements d’Israël s’avérait plus important que ce que nous prévoyons actuellement. »
Un retour à une perspective stable pour la note d’Israël supposerait la fin des combats et une « réduction des risques en matière de sécurité intérieure et régionale, sans impact significatif à long terme sur l’économie et les finances publiques d’Israël », a souligné S&P.
Rybnikov et Vartapetov ont noté que le soutien de la population au Premier ministre Benjamin Netanyahu s’était effondré au cours du dernier mois, évoquant des sondages d’opinion publiés suite à l’assaut du Hamas qui n’a pas été « empêché par l’armée israélienne ou les services de renseignement ».
Par ailleurs, l’agence de notation a noté que le projet de refonte judiciaire – pour le moins contesté – du début d’année, qui avait donné lieu à des manifestations publiques chaque semaine ainsi qu’à des troubles politiques, avait disparu de l’ordre du jour.
« Nous pensons que le projet de refonte judiciaire d’avant-guerre, préconisé par la coalition début 2023, sera suspendu sine die », ont conclu Rybnikov et Vartapetov.
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