Sur son lit d’hôpital, Abbas lit un journal avec des caricatures anti-Israël
Le président de l'Autorité palestinienne est toujours hospitalisé depuis trois jours, aucune date n'a été fixée pour sa sortie

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est toujours hospitalisé pour la troisième journée, mardi, pour une pneumonie, et une porte-parole de l’hôpital a déclaré qu’il n’y avait pas encore de date fixée pour sa sortie de l’hôpital.
Des photos et une vidéo d’Abbas, 83 ans, marchant autour de l’hôpital et lisant un journal ont été publiées lundi soir, dans une tentative apparente de calmer les rumeurs selon lesquelles son état était plus grave que ce qui avait été rapporté. Les médias indépendants ont été interdits d’accès à l’hôpital.
Hadashot a fait observer que le journal lu par Abbas présentait une grande caricature au dos de la page, face à la caméra, montrant un soldat israélien en train de retirer le lait d’un bébé et de lui enfoncer du poison dans la gorge à la place. « On ne sait pas avec certitude » si le choix de la page du journal était délibéré, a indiqué le reportage télévisé.
La caricature faisait référence à des informations – depuis lors remises en question – selon lesquelles Layla Ghandour, 8 mois, est morte en inhalant du gaz lacrymogène tiré par les soldats israéliens lors de violentes manifestations à la frontière de Gaza avec Israël la semaine dernière.
כולם פרסמו את התמונות של אבו מאזן מתאושש בבית החולים עם בניו טארק ויאסר. התמקדו בחלוק היפה ובחיוכים שפיזר לכל עבר במטרה להרגיע את השטח. המנהיג המתון עדיין כאן. עכשיו תעשו זום על הקריקטורה בעיתון שהוא מחזיק. חייל ישראלי מחליף את בקבוק החלב ברעל לתינוקת הפלסטינית שמתה בעזה. pic.twitter.com/IQF1qM6DFK
— assaf gibor (@assafgibor) May 22, 2018
Lundi dernier, Ashraf Al-Qidra, porte-parole du ministère de la Santé dirigé par le Hamas à Gaza, a publié une photo de Layla sur Facebook et a attribué sa mort au gaz lacrymogène. Cette histoire a été reprise par les médias du monde entier.
Le lendemain, cependant, un médecin de Gaza avait indiqué que Ghandour avait des antécédents médicaux et qu’il ne croyait pas que sa mort avait été causée par le gaz. Il a parlé sous couvert de l’anonymat parce qu’il n’était pas autorisé à divulguer des informations médicales aux médias.

Al-Qidra s’est rétracté mercredi dernier et a déclaré au Times of Israel que la cause de la mort du bébé n’était pas connue et faisait l’objet d’une enquête. Il a dit qu’il attendait les résultats d’une autopsie. (Mardi, il a dit au Times of Israel qu’il attendait toujours les résultats).
Puis, jeudi dernier, un article du New York Times déclarait que la famille reconnaissait que le bébé n’était pas en bonne santé. « La famille Ghandour a reconnu que Layla souffrait d’un canal artériel persistant, une maladie cardiaque congénitale communément décrite comme un trou dans le cœur.
Un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré mardi que « contrairement à l’annonce palestinienne catégorique, nous avons des preuves qui remettent en cause la crédibilité de l’annonce du ministère palestinien de la Santé concernant la mort du bébé ».
Les dirigeants palestiniens appellent au calme au sujet de la santé d’Abbas
« Il va bien mais doit encore prendre soin de lui », a déclaré à l’AFP la porte-parole de l’hôpital arabe Istishari près de Ramallah, en Cisjordanie, au sujet de l’état de santé d’Abbas. « A ce jour, aucune date de sortie n’a été annoncée. »
Ahmad Tibi, un membre arabe de la Knesset, a déclaré sur Twitter qu’il avait rendu visite à Abbas lundi soir.
« Il souffre de pneumonie et est traité avec des antibiotiques », a déclaré Tibi, qui est également médecin, ajoutant qu’il était censé passer « plusieurs jours de plus » à l’hôpital.
Abbas a été admis à l’hôpital dimanche avec une forte fièvre. La semaine dernière, il a subi ce qu’on a qualifié de chirurgie bénigne de l’oreille.
Le grand conseiller Saeb Erekat a déclaré qu’Abbas était en « très bonne santé » après avoir passé plusieurs heures à rendre visite au dirigeant palestinien et a dit qu’il devrait pouvoir sortir d’ici quelques jours. Erekat a dit qu’Abbas prenait des antibiotiques et réagissait bien à son traitement.
S’adressant mardi aux journalistes de la Cour pénale internationale à La Haye, aux Pays-Bas, le ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, Riyad al-Maliki, a mis en garde contre le fait de dramatiser la maladie d’Abbas.
« Il est évident qu’en tant qu’êtres humains, nous pourrions tous avoir certains problèmes de santé… Le président Abbas n’est pas vraiment à l’abri de cela », a-t-il dit. « Bien sûr, nous étions préoccupés par sa santé comme n’importe qui devrait l’être, mais vous savez, nous ne devrions pas exagérer les choses sur son état de santé. »

Il s’agit de la dernière alerte en date sur le plan de la santé pour cet homme de 83 ans, qui a eu des problèmes de santé dans le passé, mais qui n’a jamais désigné de suppléant ou de successeur.
Son hospitalisation soudaine a ravivé les inquiétudes au sujet d’une bataille de succession potentiellement chaotique, voire sanglante, qui pourrait affaiblir davantage la cause palestinienne.