Syrie: les Européens à l’ONU demandent l’arrêt de l’offensive turque
La France, l'Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni et la Pologne n'ont pas réussi à entraîner l'adhésion de l'ensemble de leurs partenaires du Conseil à leur déclaration
Les cinq membres européens du Conseil de sécurité de l’ONU ont réclamé jeudi à « la Turquie d’arrêter (son) action militaire unilatérale » en Syrie, dans une déclaration à l’issue d’une réunion en urgence à huis clos tenue par cette instance.
A ce stade, les cinq pays européens – France, Allemagne, Belgique, Royaume-Uni, Pologne – n’ont pas réussi à entraîner l’adhésion de l’ensemble de leurs partenaires du Conseil à leur déclaration, selon des diplomates.
Selon l’un d’entre eux, les Etats-Unis envisageraient de faire adopter une position commune au Conseil ultérieurement, mais elle pourrait se heurter à une opposition de la Russie, sauf à avoir un texte très faible.
La demande d’arrêt de l’opération turque s’explique par le fait « que nous ne croyons pas qu’elle résoudra les préoccupations de sécurité de la Turquie », précise la déclaration européenne. Le texte souligne que les Européens « sont profondément préoccupés » par l’offensive turque sans toutefois la condamner.
Dans une déclaration séparée, l’ambassadrice américaine à l’ONU Kelly Craft a affirmé que si la Turquie, dans ses opérations, ne protégeait pas « les personnes vulnérables » ou « ne garantissait pas que le groupe Etat islamique n’exploitera pas la situation pour se reconstituer », il y « aura(it) des conséquences ». Elle n’a pas précisé lesquelles.
La diplomate américaine a répété la position de Washington, à savoir que le président Donald Trump, en retirant des militaires du nord de la Syrie, n’avait « en aucune manière endossé » l’offensive turque dans ce pays.
« La Turquie a maintenant la responsabilité de s’assurer que tous les combattants de l’Etat islamique arrêtés restent en prison », a aussi dit Kelly Craft.
Dans leur déclaration, les Européens estiment que l’action militaire turque risque « de favoriser une résurgence de Daech (acronyme pour le groupe Etat islamique) qui reste une menace significative pour la sécurité régionale, internationale et européenne ».
« Il est improbable que la soi-disant ‘zone de sécurité’ que la Turquie envisage de créer dans le nord-est de la Syrie correspondra aux critères internationaux pour un retour de réfugiés », de manière volontaire et en sécurité, ont-ils aussi estimé. « Toute tentative pour un changement démographique serait inacceptable », assène leur déclaration.
Dans une lettre mercredi au Conseil de sécurité, la Turquie a souligné que ses opérations étaient menées dans le cadre « du droit à l’auto-défense prévu à l’article 51 de la Charte des Nations unies », pour « contrer une menace terroriste imminente, assurer la sécurité des frontières turques et neutraliser des terroristes ».
« Comme lors de précédentes opérations antiterroristes, la réponse de la Turquie sera proportionnée, mesurée et responsable », précisait cette lettre, qui indiquait que l’offensive visait aussi à « faciliter un retour en sécurité et volontaire de Syriens déplacés ».