Syrie : réchauffement Obama/Poutine lors d’une rencontre au G20
Obama a relevé "l'importance des efforts militaires russes en Syrie centrés sur ce groupe"
Barack Obama et Vladimir Poutine ont eu dimanche une discussion sur la Syrie jugée « constructive » par Washington, s’accordant en marge du sommet du G20 en Turquie sur l’urgence d’agir contre le groupe Etat islamique (EI) après les attentats de Paris, même si des divergences subsistent.
Lors d’un aparté surprise d’environ 35 minutes, les présidents américain et russe, qui entretiennent des relations difficiles, ont salué les progrès diplomatiques accomplis à Vienne samedi pour trouver une issue au conflit en Syrie, selon un responsable de la Maison Blanche.
Preuve d’un changement de ton notable, Obama, saluant les efforts de tous les pays engagés dans la lutte contre le groupe extrémiste qui occupe une partie des territoires syrien et irakien, a en particulier relevé « l’importance des efforts militaires russes en Syrie centrés sur ce groupe ».
Les Etats-Unis pilotent depuis plus d’un an une coalition internationale contre l’EI en Syrie et en Irak voisin tandis que Moscou mène aussi depuis le 30 septembre des frappes en Syrie, accusées de soutenir le régime du président Bachar al-Assad.
Si Moscou et Washington ont « des objectifs stratégiques » dans la lutte contre l’EI qui sont très proches l’un de l’autre, des « divergences sur la tactique » demeurent, a cependant souligné un conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov.
Selon le responsable américain, Obama et Poutine sont en particulier tombés d’accord sur la nécessité de négociations menées sous l’égide de l’ONU entre le régime et l’opposition ainsi que d’un cessez-le-feu pour favoriser une transition « menée par les Syriens ».
Les deux hommes ont également estimé que les « terrifiantes attaques terroristes de Paris », qui ont fait 129 morts et ont été revendiquées par l’EI, rendaient « encore plus urgente » la nécessité de trouver une solution à ce conflit. Depuis 2011, la guerre en Syrie a fait au moins 250 000 morts et des millions de réfugiés.
Le responsable américain n’a en revanche fait aucun commentaire sur la place qui pourrait être réservée au président Assad lors de la transition politique, source de profond désaccord entre Washington et Moscou.
La Russie et l’Iran, qui soutiennent le régime, affirment que son sort doit être scellé par le peuple syrien alors que les Etats-Unis, les Européens et les pays arabes réclament son départ.
Les grandes puissances se sont entendues samedi lors d’une réunion à Vienne sur un calendrier qui prévoit une rencontre d’ici au 1er janvier entre représentants de l’opposition syrienne et du régime sous l’égide de l’ONU, la formation d’un gouvernement de transition dans les six mois et l’organisation d’élections d’ici 18 mois.
Penchés l’un vers l’autre, entourés de deux collaborateurs, les deux chefs d’Etat ont mené cette conversation face à face assis dans des fauteuils de cuir, isolés dans un coin d’une grande salle où circulaient les autres dirigeants et de nombreux officiels.
La dernière rencontre entre les deux hommes a eu lieu fin septembre à New York, en marge de l’assemblée générale de l’ONU, juste avant le début de l’intervention militaire russe en Syrie. Entamée par une poignée de main glaciale, elle avait surtout mis en avant les divergences qui séparent les deux pays sur les moyens de mettre un terme au conflit syrien.